Second souffle pour la Société lyrique

Par : Joffre Grondin
C’est sous le thème «Heure exquise» que la Société lyrique de la Beauce donnait son concert annuel ce samedi 13 mai. Le concert de Noël dernier avait indiqué que l’organisme était sorti de l’engourdissement pandémique qui a durement affecté, entre autres, les mouvements sociaux. Avec ce concert on ne peut pas dire que le phénix renaissait de ses cendres, car il ne faisait que somnoler, mais soyons romantiques, et proposons que la Belle au bois dormant a ouvert les yeux et recommencé à chanter.C’est devant un parterre bien rempli que la Société lyrique de la Beauce a donné son concert annuel à l’église de Saint-Georges ce samedi 13 mai 2023.
Pour les plus de quatre cents personnes présentes, ce fut une heure exquise! Rien de moins.

Plongeant hardiment dans des opéras et opérettes bouffes et comiques, la première partie carrait les spectateurs en plein fauteuil XIXe siècle. Pièces quelquefois assez courtes, les morceaux sont assez légers, que ce soit le Quintette de l’échelle des mousquetaires au couvent, le Choeur du rire de Lavallée – ben oui, c’est le même Calixa d’O Canada terre de nos etcétéras…- jusqu’à Ô…ffenbacchus, Pot-pourri-Vin et Ivresse- ça dit tout.
Et, coincé entre le Choeur du rire et Vin et Ivresse, un Ave Maria de Poulenc, tiré du dialogue des Carmélites, s’est subrepticement glissé. Un informateur très fiable de la chorale nous a confié que cet Ave Maria n’était pas facile à rendre. Mais cette fois, il s’est passé quelque chose. Et la personne parlait de syntonie, de sympathie vibratoire, de vibrer à l’unisson au journaliste qui était un peu beaucoup dans le noir. Et soudain, une image sonore s’impose. Expérience personnelle. Quand on accorde une guitare près d’un piano, on entend soudain les harmoniques du piano vibrer avec celles de la guitare. Surprenant la première fois. Agréable les autres fois. Et la lumière fut! Comme a dit quelqu’un.

C’est un peu ce qui se passe. Chaque membre, chaque voix, vibre aux mêmes harmoniques et chaque voix devient partie du plus grand tout. Et ça se transmet à la salle. Chaque auditeur le perçoit différemment, plus ou moins consciemment, selon les individus, mais cela est définitivement senti.


Ce sont ces petits moments qui assurent la fidélité de l’assistance. La foule assiste, les individus apprécient et reviennent.
C’est peut-être un début d’explication au fait que même si les œuvres ne sont pas nécessairement connues, elles sont quand même appréciées.

Évidemment, quand arrive La Barcarolle, personne ne va penser que «située à Venise, en gondole sur le Grand Canal, les personnages de cette barcarolle évoquant le balancement des flots est devenue un des morceaux les plus célèbres d’Offenbach, voire de la musique classique». On se laisse simplement balancer par la mélodie.

Il en va de même pour l’ « Heure exquise » de Lehár (Louise-Rachel Dion et Frédéric Cliche étaient les solistes) et aussi avec «C’est l’amour» (Lucie Toulouse et Jean Poulin à la barre). Certaines mélodies semblent éternelles.

La deuxième partie débutait avec une pièce instrumentale où le violon s’agitait vigoureusement, il faut le dire. D’ailleurs, il vaut la peine de le souligner, Philippe Amyot s’est démené tout au long de ce concert. À se demander comment il a réussi à jouer tant de notes.
L’accompagnement de Josée Tardif au piano était remarquable comme toujours. Quelle est la différence que l’on remarque tout de suite entre un piano droit et un piano à queue? Au-delà de l’apparence, bien sûr. Selon la pianiste, ce sont dans les notes basses qu’on sent immédiatement la différence. Et si vous avez la chance d’être près du piano, la richesse du son est très évidente.
Instantanément reconnaissable dès les deux premières notes, la fameuse Marche des fiançailles, de Wagner, a été livré sans faille, suivie d’un extrait de Don Pasquale, le plus populaire des 66 opéras de Donizetti.

Le coup d’envoi fut «Va pensiero», tiré de Nabucco. Cette pièce de Verdi qui fut un succès immédiat pour lui en 1842 a été reprise dans le film L’impératrice Sissy et également par Nana Mouskouri avec son adaptation «Je chante avec toi Liberté».
À la barre de ce navire musical, Hélène Ouellet possède le doigté — elle dirige sans baguette — l’énergie, voire même les expressions faciales utilisées pour la direction efficace que l’on peut constater durant le concert.

Un nouveau chapitre de la Société lyrique a été commencé avec ce nouveau récital.
Recrutement
Cette édition de la Société lyrique de la Beauce comprenait une quarantaine de personnes. Dans le but de gonfler un peu les rangs, la Société est en recrutement. Visitez leur site web pour les détails : https://www.societelyrique.com/
