Patrick Doyon : centenaire, et beaucoup plus
Par: Joffre Grondin
La Première Guerre mondiale avait à peine trois mois quand, le 11 octobre 1914, naquit Patrick Doyon. En des temps troublés, un nouveau bébé est une bonne nouvelle. Le 11 octobre dernier, il était centenaire. Le 12, à 100 ans et un jour, une fête était organisée, par ses trois filles, dans une belle salle du Saint-Guillaume, à Saint-Georges, pour souligner le début de sa conquête d’un nouveau siècle.
Présence remarquée du maire Claude Morin, du ministre Maxime Bernier, et de l’ex-ministre de l’Environnement Adrien Ouellet de Beauce Nord. Un bel hommage rendu à un homme qui est actif… on pourrait penser qu’à cent ans on dirait « qui a été actif ». Mais non. Que fait le centenaire ces temps-ci ? Sa fille Chantal confie : « il monte des horloges pour passer le temps ».
Et de plus, un petit livre, à tirage limité, rassemblant plusieurs de ses écrits au cours des ans était présenté. Une centaine de pages de plaisir à lire sur des sujets forts différents allant de souvenirs d’enfance à l’économie, à la formation des chaudières dans les rochers de la rivière LeBras, avec un journal de la croisière pour son 90e anniversaire que lui ont offert ses trois filles; les années couvertes vont de 1970 à 2004.
Facile à lire, difficile de s’arrêter de lire. Tirage peut-être trop limité.
En vrac !
Sa fille Chantal révèle plusieurs épisodes de la vie de son père qui montrent la furieuse activité de cet homme, qui semblait avoir une curiosité intellectuelle insatiable.
Après la lecture de son livre, nous choisissons donc de lancer un mélange des confidences de sa fille avec les confidences et l’expérience de l’homme dans « Mémoires et réflexions de Patrick Doyon ».
Sans ordre. Un peu comme la vie vous l’impose finalement.
Fabuleux ! Il conduit son auto jusqu’à 98 ans. Si vous pensez que ce n’est pas important, attendez qu’on vous enlève votre principal moyen de mobilité.
Dans les années 80, il participe aux activités de la Société historique de Beauceville, avec l’historien André Garant.
Clin d’œil de l’histoire, André Garant, qui a maintenant environ l’âge que monsieur Doyon avait à ce moment, mais qui n’en avait à cette époque que la moitié, nous informe que c’était un informateur fiable pour l’histoire locale et régionale.
Avant d’être maître-bijoutier et horloger, il montait des tracteurs.
Il a minutieusement établi la généalogie de la famille Doyon. On y apprend la filiation des Doyon avec Abraham Martin. Les Doyon descendent des plaines d’Abraham. Rectifions. Les Doyon ont un lien de sang avec le propriétaire original des plaines d’Abraham.
Il a écrit sur les chercheurs d’or de la Beauce.
S’intéresse à l’économie, surtout à la répartition de la richesse. En 1938, à 24 ans, il suit un cours de plusieurs mois à Sainte-Anne-de-la-Pocatière sur l’économie sociale. Se tourne vers le Crédit social. Beaucoup plus tard, il se tournera vers le Parti Québécois, visant à ce que le Québec ne soit plus dépendant.
Impliqué socialement, il sera commissaire et secrétaire-trésorier de la Commission scolaire, administrateur de la Caisse populaire, et également président de l’association provinciale des bijoutiers horlogers. Son commerce, qui a pignon sur rue sur la première avenue à Beauceville, sera inondé lors de la débâcle de janvier 1957. Les boîtes de bijoux flottent…
Fondateur de la première coopérative alimentaire à Beauceville.
Inventeur d’une « eau de javel » qu’il appelle « La Meilleure ».
En 2008 il invente un calendrier de 13 mois, basé sur le calendrier maya. Chaque mois a 28 jours, excepté le mois DOYON, entre juillet et août qui en a 29. Après tout, il y a 13 lunes, une à tous les 28 jours; une grossesse n’est pas de 9 mois, mais de 40 semaines, donc 40 fois 7 jours, donc 10 mois de 28 jours.
A fait parti du Conseil de développement de la Chaudière, fondé par le père Antonio Poulin, revenu d’Haïti après un désaccord avec le dictateur Duvalier, et nommé curé de Notre-Dame-des-Pins.
A acheté des parts de la compagnie fondée par Édouard Lacroix — à qui il rend hommage — pour sauver la compagnie de téléphone rural de Beauceville.
Quelle belle vie ! Et ce n’est pas fini.