Mobilisation citoyenne pour l’eau. Sous l’eau, mais pas à l’eau
Par: Joffre Grondin
Une vingtaine de personnes de conviction ont manifesté pour l’eau ce vendredi alors que l’eau leur tombait dessus. Pour les encourager ou les décourager on ne peut que conjecturer.
Des manifestations se sont tenues simultanément, le vendredi 21 février, dans 17 villes de la province, pour dénoncer l’engagement du gouvernement du Québec dans la filière des hydrocarbures non conventionnels et s’opposer à tout projet d’État pétrolier. En Beauce-Appalaches, un groupe de personnes se tenaient sur le perron du bureau du député Robert Dutil à Saint-Georges, à l’abri relatif des intempéries.
Ces personnes faisaient majoritairement partie du Regroupement interrégional gaz de schiste de la vallée du Saint-Laurent (RIGSVSL) dans une grande mobilisation citoyenne contre l’exploitation irresponsable des hydrocarbures.
L’eau…, c’est vital
Pourquoi ces gens portant pancartes avaient-ils bravé le vent, le froid et la pluie ? Ils venaient, très poliment, faire savoir à un élu qu’ils appuyaient la ville de Gaspé dans ses démarches pour protéger son eau potable, contre la compagnie Pétrolia.
Ils étaient aussi venus remettre une pétition au député qui rappelait que l’eau est une ressource vitale et inaliénable de bien commun et que sa pérennité doit être assurée.
Ça brasse dans le monde
Il suffit de regarder un peu les nouvelles internationales pour réaliser que, depuis quelques années, des revendications citoyennes se produisent dans énormément de pays dans le monde. Pensons à l’Ukraine où après un épisode non civilisé, lire on se tire dessus, on est revenu à un épisode plus civilisé, ce qui est loin d’être le cas partout.
Québec sait faire
Au Québec aussi, ont lieu des levées de citoyens qui veulent que la voix du peuple soit entendue et que ceux qui sont élus par le peuple travaillent pour le peuple et non pour des multinationales où foisonnent les lobbyistes de tout acabit qui n’ont que le dollar et seulement le dollar en tête, et qui, sous le couvert de création temporaire d’emplois, réussissent à partir avec le cash, c’est-à-dire avec les ressources du sol, en laissant généralement un désastre derrière. Voyez Thetford. Des trous, des buttes et une route effondrée. Les emplois payants se sont envolés.
Privatiser les profits, socialiser les pertes. Avec ce système, nous en sommes rendus au point où 1 % de la population possède 50 % des richesses.
Heureusement, nous sommes, au Québec, dans un pays civilisé, où les citoyens savent garder leur calme. Tout s’est bien déroulé, le seul brassage ayant été le vent, la pluie, et même un peu de grêle.
Pas glamour du tout, mais convaincu beaucoup ; le président de la Coalition Citoyenne Beauce-Etchemin, Claude Lachapelle et le vice-président du Comité citoyen de la région du lac Mégantic, Jacques Gagnon, s’adressent à la « foule ».
N’oublions pas Mégantic
Le président de la Coalition Citoyennne Beauce-Etchemin, Claude Lachapelle, a souligné qu’il fallait « montrer au gouvernement qu’il y a lieu d’agir ». Jacques Gagnon, le vice-président du Comité citoyen de la région du lac Mégantic, qui regroupe une centaine de membres, était sur place. Monsieur Gagnon a mentionné que la ville de Mégantic ne sera jamais plus la même. Si l’eau est déclarée pure, de mentionner monsieur Gagnon, « les données sur la sédimentation de la rivière sont inconnues ».
On peut consulter le site http://www.lacmegantic.net
Pourquoi ?
Les participants, dont les membres du RIGSVSL, voulaient notamment :
1— Appuyer les citoyens du groupe Ensemble pour l’Avenir durable du Grand Gaspé suite au jugement en défaveur de la ville de Gaspé dans le litige qui l’oppose à la compagnie Pétrolia ;
2— Signifier que, comme les Gaspésiens, ils sont résolus à protéger leurs sources d’eau potable contre les dégâts causés par la fracturation utilisée dans l’exploration et l’exploitation du pétrole et du gaz de schiste ;
3— Protester contre la décision du gouvernement du Québec d’aller de l’avant dans l’exploration du pétrole de schiste à Anticosti sachant la filière dommageable pour le climat ;
4— Souligner, comme l’ont fait de nombreuses personnes en commission parlementaire sur le projet de loi 37, l’incohérence d’établir un moratoire sur le gaz de schiste dans les basses terres du Saint-Laurent tout en investissant dans des forages et des opérations de fracturation à Gaspé et sur l’île d’Anticosti.
Un peu partout les manifs
Déterminés, les manifestants ont bravé le mauvais temps à Saint-Georges-de-Beauce, mais aussi à Acton Vale, Baie-des-Chaleurs, Bonaventure, Cap-aux-Meules, Cap-Santé, Carleton-sur-Mer, Drummondville, Gaspé, Lachute, Montréal, Québec, Repentigny, Rimouski, Sainte-Anne-des-Monts,, Saint-Hubert et Sherbrooke.
Les groupes
Un nombre étonnant de groupes citoyens étaient représentés. Les voici : Ciel et Terre ; Coalition Bas-Saint-Laurent pour une prospérité sans pétrole ; Coalition Vigilance Oléoduc ; Eau secours ; Éco-Vigilance Baie-des-Chaleurs ; Ensemble pour l’avenir durable du Grand Gaspé ; Environnement Vert Plus ; Équiterre ; Idle no more ; Madelinots pour le respect du Golfe ; Non à une marée noire dans le Saint-Laurent ; RIGSVSL ; Stop Oléoduc Kamouraska ; Tache d’huile.
RIGSVSL
Le Regroupement interrégional gaz de schiste de la Vallée du Saint-Laurent compte plus de cent comités locaux citoyens s’opposant à l’extraction du pétrole et du gaz de schiste en territoire québécois. Depuis 2010, ces comités réclament un moratoire sur gaz de schiste au Québec et s’opposent à la fracturation du sous-sol dans leurs communautés.
