PAS IS MÊÉL QUE AÇ EN A RIA’L
La photo m’a mis l’oreille à la puce.
Par: Joffre Grondin

Ce n’est pas cette photo qui a été le déclencheur. Celle-là, c’est le succès de l’investissement. C’est le beau côté.
Ça fait que la prise d’eau de Saint-Georges n’est pas encore certifiée potable. Le dernier communiqué de presse de Ville de Saint-Georges nous le confirme, nous l’apprend, nous le révèle, nous le dit très simplement. Les renifleurs en provenance du ministère de l’Environnement sont en place pour refaire les tests, remplir les petits pots d’urine de la rivière et décider si la prostate de la Chaudière est opérationnelle.
Si vous pensez que l’image est dégoûtante, c’est encore pire. Une compagnie de broche à foin, à force de ne pas faire attention, a fini par envoyer du gaz dans le lac Mégantic, tout en détruisant un centre-ville et en tuant 50 personnes. Le débile profond, qui se pense ben fin parce qu’il est président de la compagnie, a déclaré quelque chose comme, « c’est ben triste, mais on est pas responsable, it’s well sad, but we’re not responsab ». Admettons que c’est une « citation créative », comme disent les comptables créatifs.
On peut dire quand même que l’essence de la citation y était. Mettons. Ne fumez surtout pas en lisant ceci.
Au Moyen-âge, on l’aurait attaché sur un bûcher pour moins que ça, mais il faut croire qu’on s’est laissé aller, on est peut-être devenu trop mous. Les bûchers sont passés de mode. Il faut suivre la loi et il a affirmé qu’il suivait la loi. Mr. Burns des Simpsons, ça vous rappelle quelque chose ?
Le ministère y travaille
Donc, il va falloir attendre les résultats. Personne ne se plaint, la Ville avait une solution de rechange. Des rumeurs entendues laissaient entendre que ce serait un homme seul et contre tous qui aurait fini par convaincre la Ville de conserver opérationnel le tuyau avec le lac Poulin.
« Ville de Saint-Georges »
Quand on dit la « Ville », c’est comme désincarné. C’est pas du monde assis autour d’une table, souvent avec leurs petits intérêts personnels qui n’ont rien à voir avec le bien commun. Non. C’est la « Ville ». Comme une image d’ordinateur qui analyse tous les paramètres et arrive à une conclusion objective comme c’est pas possible.
La « Ville » en fait, c’est loin d’être objectif. C’est pratiquement un miracle, c’est à dire grâce à la détermination d’un seul homme qu’on a encore cette connexion avec le lac Poulin qui nous sauve énormément de problèmes. Imaginez-vous pas d’eau pour un mois. Pas besoin de beaucoup d’imagination.
Faudrait penser à dire un grand merci à cet homme. Genre officiel, ça ne serait pas de trop.
Une photo de la « Ville ».
C’est justement le communiqué de presse qui annonçait que le ministère faisait des tests pour déterminer la qualité de l’eau qui a été un déclencheur. En fait, c’est la photo accompagnant l’envoi qui m’a mis le pouce à l’oreille. Il s’agissait d’une photo prise du côté ouest.
Sur la photo prise du côté Ouest qui montrait le côté Est, un gros détail a attiré mon attention. N’écoutant que mon intuition, j’ai sellé mon cheval et suis parti au grand galop — en respectant les limites de vitesse — avec mon attirail pour que mon oeil et celui de ma caméra vérifizent mes doutes.

Oups! Il y a un petit quelque chose à gauche qui ne semble pas être normal pour un 22 millions de travail sur 3 ans ! maintenant… après…
Hé oui! Il y a un petit quelque chose à gauche qui semble ne pas être normal pour un 22 millions de travail sur 3 ans !
Drame. L’interrogation trouvait justification. Qu’est-ce qui peut justifier l’état de ce pilier, alors que 22 millions viennent d’être investis pour rénover le barrage finalement ? N’ayez crainte, nul doute que c’est tout à fait légal.
On revient à la photo
Après cette longue promenade dans la forêt de la politique, de la société et de la mémoire orale, constatons que les rénovations du barrage ont débuté en 2009. tout était supposé être fait pour mai 2012, mais ce n’est qu’en juillet 2013 que la livraison a eu lieu. Sans vraiment d’explications claires.

Après 22 millions de $, on se ramasse avec ça. Il doit y avoir une explication. C’est drôle, même s’ils me la donnent, je n’aurais pas tendance à la croire… maintenant… après… c’était pas dans le contrat…vous n’avez qu’à aller voir finalement.
La tradition orale
La tradition orale est ce qu’on se rappelle… sans déposer de documents prouvant que… Elle a toujours fourni une mine d’or pour les historiens, soit dit en passant.
Donc, avant la construction du barrage en 1967, beaucoup de citoyens avaient demandé de pouvoir faire un barrage et en même temps, un pont à deux voies. Refusé. Refusé par des gens qui n’y voyaient pas leurs intérêts. Après la construction, et subséquemment l’ouverture du-dit barrage, une bataille presque rangée eu lieu pour ouvrir le passage aux autos. Bataille épique qui fut gagnée, de justesse.
On aurait pensé que le nouveau pont à Saint-Georges, construit en 1970, rejoindrait la deuxième Avenue. Pour beaucoup, il était évident que le trafic serait décongestionné. Les visionnaires de l’évidence furent étouffés.
Lors des rénovations en 2009, il y avait beaucoup de gens qui espéraient qu’on en profiterait pour mettre deux voies. Déçus. C’était non. Pourquoi ? « Vous ne pourriez pas comprendre, c’est trop technique », autre citation créative de la tradition orale.
Ce n’est pas l’histoire qui se répète, ce sont les insignifiants qui détiennent le pouvoir, qui reproduisent leur manque de vision et leur petitesse, parce que les citoyens qui ont une certaine vision, et ce qu’on appelle le gros bon sens, les laissent agir, pour ne pas avoir la pénible expérience de côtoyer des personnes qui ne veulent que le pouvoir et leur intérêt à court terme.
En règle générale, les plus compétents s’éloignent de la chose publique. Ceux qui s’y frottent ont une configuration très particulière, pour parler ordinateur, à moins que ce ne soit un « karma ». C’est pourquoi il y a peu de Périclès. L’Âge d’or ! En fait, c’est son talent de négociateur qui a tout fait.
C’est qu’il vivait dans un temps où les gens négociaient. Maintenant, ce n’est que de la simulation, car tous restent sur leurs positions, en clamant haut et fort qu’ils sont ouverts à… bullshit !