La Chapelle Sainte-Anne et les chaloupes allégoriques.
Par: Rolland Bouffard, collaboration spéciale

Le clocher de la chapelle Sainte-Anne. Reflet sur la rivière Chaudière à Sainte-Marie. Exception faite des « chaloupes », les photos sont de Rolland Bouffard.
Le 26 juillet est consacré à la fête de la Bonne Sainte-Anne. À Sainte-Marie, cette fête est célébrée depuis des centaines d’années. Dans les années 1700, les gens de la Beauce sont pour la plupart originaires de la côte de Beaupré et de l’île d’Orléans, et maintiennent bien fervent dans leur cœur le culte traditionnel à la Bonne Sainte-Anne. Quand vient le temps de faire le long pèlerinage à Sainte-Anne-de-Beaupré, un bon nombre de gens ne s’en trouvent pas capable et ne peuvent respecter leur vœu. Pour annuler un vœu, une dispense doit être obtenue de l’évêque, qui lui seul, pouvait accorder une telle exemption en ce temps-là. Que faire pour régler ce problème?
L’établissement de la chapelle Sainte-Anne en Nouvelle-Beauce avait donc pour but principal de satisfaire la piété des habitants en supprimant une distance presque infranchissable, soit le trajet de Sainte-Marie à Sainte-Anne-de-Beaupré. Un autre motif, plus particulier, spécifié par les fondateurs de la chapelle était d’être préservé des ravages des inondations.
En 1778, on construit la première chapelle en bois pour répondre aux besoins des trois paroisses naissantes de la Beauce. Bâtie par la famille Taschereau, elle devient un lieu de pèlerinage pour toute la Beauce.

La chapelle Sainte-Anne en 2013. Prise vers 21 h, c’est la lumière de rue de couleur ambre qui donne une couleur rougeâtre particulière à l’asphalte.
La chapelle actuelle.
La seconde chapelle Sainte-Anne datait de 1832. Elle n’a pas encore soixante ans d’existence, qu’on se met en frais de reconstruire la chapelle actuelle, mais cette fois en utilisant la pierre (granite des champs) de préférence au bois. Il semble qu’un édifice de pierre, bien fait, peut subsister beaucoup plus longtemps, avec un minimum de soins et de réparations. On en profite aussi pour construire une chapelle plus grande.
Comme le rapporte l’abbé Honorius Provost dans son livre intitulé : SAINTE-MARIE de la NOUVELLE- BEAUCE, l’idée de la reconstruction de la chapelle actuelle semble avoir germé dans l’esprit de M. le curé Chaperon. Il s’en ouvrit pour la première fois au Cardinal Taschereau dans une lettre du 21 octobre 1890. Il lui exposait son plan. C’était aborder le Cardinal par son côté faible.
Le Cardinal répond le jour même. Il approuve chaleureusement le projet de reconstruction et souscrit aussitôt 100.00 $, « pour commencer ». Puis il ajoute une remarque, peut-être par précaution : « Les prie-Dieu et deux bancs ont été accordés à la famille Taschereau… et ce droit subsiste encore… Il y a une prescription de plus de cent ans en faveur des prie-Dieu et des bancs de famille qui ont été transportés dans la chapelle actuelle. Il faut la respecter ».
La procession en chaloupe.
Comme c’est la coutume depuis des siècles, à Sainte-Marie le soir du 26 juillet, on fait une procession au flambeau, partant à pied de l’église et suivant la rue Notre-Dame jusqu’à la chapelle Sainte-Anne.

De 1928 à 1936, les chaloupes allégoriques, il y en eu jusqu’à 63, attirèrent jusqu’à 20 000 personnes. Ce fut repris en 1947, mais… (Photos tirées du livre de l’abbé Honorius Provost, Sainte-Marie de la Nouvelle-Beauce, page 274)
En 1947, à la demande générale, la procession en chaloupe sur la rivière est de nouveau organisée. L’envergure des barques et leur aménagement dépassent tout leur éclat passé. Le niveau de l’eau extraordinairement élevé de la rivière fait augurer un spectacle des mieux réussis.
Mais il y a un contretemps. Une brise tempétueuse du sud-ouest désorganise le cortège en poussant les barques vers les broussailles de la rive. Les plates-formes, à cause de leur superstructure, deviennent presque incontrôlables. La plus imposante chaloupe, qui porte Son Excellence Monseigneur Georges-Léon Pelletier, évêque de Trois-Rivières et probablement un trop grand nombre de dignitaires, perd quelques-uns de ses flotteurs et s’enfonce à mi-chemin de son parcours, sous les yeux des spectateurs angoissés. Il n’y a pas de panique et on évite une tragédie possible en rescapant les passagers, qui en sont quittes pour un bain forcé. Même un des marguilliers qui étrenne un habit neuf ne peut échapper à la baignade… ! La cérémonie, quoiqu’un peu retardée, peut se clôturer normalement au reposoir de la chapelle.
Statue réputée miraculeuse.
On ne peut parler de la chapelle Sainte-Anne sans souligner la présence de cette statue. Selon les citations de l’abbé Provost : Dans une niche illuminée et garnie de fleurs, à l’avant-chœur de la chapelle, est exposée une antique statue de bois peint, dont la forme et les traits sont empreints d’une gaucherie naïve. Elle est l’œuvre du sculpteur François-Noël Levasseur et fut donnée à la chapelle, dès 1778, par M. Magnan, député de Québec. Suivant la tradition, plusieurs miracles ont été opérés au pied de cette statue, devenue le centre d’attraction de ce lieu de pèlerinage.
Des cannes et des béquilles laissées accrochées à un mur à l’entrée de la chapelle témoignent des guérisons miraculeuses de la Bonne Sainte-Anne.
On peut consulter le site Internet de la chapelle : http://www.vuglobal.com/patrimoine/chapelles/sainteanne/index.htm