Un 3e laboratoire plein air à la Cumberland

Par : Joffre Grondin
C’est par une belle journée d’automne; rectifions tout de suite, par une superbe journée d’automne, qu’une centaine d’étudiants du Cégep Beauce-Appalaches prenait part à un laboratoire plein air sur la Réserve naturelle de la Cumberland. C’est pour une troisième année que l’activité a lieu. « Pourquoi ici? » a-t-on demandé à l’enseignant Bruno Gilbert qui encadre le laboratoire avec ses collègues. Réponse immédiate. Le site est vaste, accessible, et offre une grande diversité, bref, « c’est le plus complet en région, une opportunité en or comme milieu d’étude », déclare le spécialiste.
Rappelons que le début de ce qui allait devenir la Réserve date de l’automne 2006, même si l’organisme n’a été officialisé qu’en 2010. Qu’en est-il en 2021? « Ça va de mieux en mieux », nous assure le président Jean Poulin, référant aux activités ornithologiques, aux groupes scolaires et autres en augmentation constante.
Science de la nature
Précisons que ce laboratoire plein air est à l’intérieur d’un cours qui est principalement centré sur « c’est quoi le vivant ? C’est quoi la diversité, et comment ça évolue » ?
« Il faut initier les étudiants à toutes sortes d’éléments pendant la session, pour les préparer à l’université. On a l’ambition de les initier à différentes sphères dans la biologie durant tout le cours. Ce laboratoire est une des portions, en continuité avec l’autre laboratoire qu’ils ont fait avant », explique Bruno Gilbert.
« Dans le travail qu’il a à produire aujourd’hui [l’étudiant.e] a d’abord à comprendre ce qu’est un milieu humide, ensuite il s’intéresse à chacun des êtres vivants. On lui demande de répertorier 3 êtres vivants dans quatre groupes différents. Il doit l’identifier, dans le sens de le placer dans l’immensité du monde vivant et aussi de dire son rôle. »
Le but est de se rendre compte de l’utilité des milieux humides qui agissent comme filtre de l’eau, et offrent une diversité incomparable.
L’encadrement était assuré par les enseignants Frédéric Fortier, Vincent Guillemette, Bruno Gilbert et la technicienne en laboratoire Nathalie Brochu.
Mais revenons à notre centaine de scientifiques en herbe.

En après-midi, toute cette belle jeunesse s’est égaillée dans le pourtour du Marais Poulin comme une volée de moineaux, pour recueillir leurs échantillons, dans un pot ou en photo, de trois êtres dans quatre catégories. Animal, végétal, minéral.
Les étudiants partent avec des notes, bien sûr, et notamment, un petit pot, ou ils recueilleront de l’eau. « Ils vont constater qu’il y a une jungle juste dans ça », lance l’enseignant Frédéric Fortier. « On filtre l’eau, on concentre ces organismes, on va les regarder au microscope, on les ramène au laboratoire pour faire d’autres études. Ils vont constater qu’une goutte d’eau, c’est un monde en soi. »
Avec les outils d’études disponibles maintenant, ce qui est vu au microscope peut être projeté sur écran pour ainsi être plus facilement observable. Louis Pasteur serait jaloux.
Est-ce que les étudiants aiment leur expérience?
Bruno Gilbert nous raconte cette anecdote. « Aujourd’hui il fait beau, mais la première fois qu’on est venu, il pleuvait à boire debout; tout le monde était détrempé; j’ai demandé aux étudiants dans l’autobus comment ils avaient trouvé l’expérience ». Réaction type : « C’était vraiment le fun, capoté ». Pas de mention de la pluie.

Aujourd’hui, la situation est très différente. Le soleil brille. Tout ce beau monde remonte le sentier par petits groupes. Bientôt, une centaine de personnes se regroupe, la majorité est assise en quelques cercles. Ce qui frappe est le calme des conversations. Aucun cri, aucun éclat de voix. Comme s’ils avaient absorbé un peu de la sérénité de la nature.
Faut croire que Mère Nature était de leur côté.
Est-ce utile un laboratoire plein air? Une parole de sage pour répondre. « C’est à le vivre qu’on apprend des choses. » Socrate? Lao Tseu? Friedrich Nietzsche? Non, c’est de Frédéric Fortier.

Pour pousser un peu plus loin
Selon l’organisme Canards illimités Canada, jusqu’à 70 % des milieux humides ont été détruits dans les zones habitées au pays. Ils sont pourtant essentiels pour lutter contre le réchauffement climatique. « Au Québec, les tourbières sont les écosystèmes terrestres où sont stockées les plus grandes quantités de carbone, environ neuf fois plus que dans les forêts », estime le consortium Ouranos.
« Les milieux humides sont essentiels pour lutter contre les changements climatiques », rappelle Rafael Ziegler, professeur invité à HEC Montréal, où il donne un cours sur le développement durable.
Article récent de la Presse qui informe sur les derniers développements de la loi sur les milieux humides.