Magie de Noël 2019 de la Société lyrique

Joe Dassin aurait pu chanter un matin que « les Noëls se suivent et se ressemblent », et en ce qui concerne la Société lyrique de la Beauce, il aurait eu raison. Un peu comme le père Noël, ce chœur lyrique nous apporte, année après année, des concerts cadeaux de chansons qui offrent des classiques, des incontournables bien sûr, mais d’autres qui sortent résolument des sentiers… de neige battus.
Cette année de 2019 suivait la tradition dont le thème Magie de Noël, venait avec une petite surprise à la clef, genre petite surprise surprenante.
Le concert se tient dans l’église de Saint-Georges, dont le toit est soutenu par des poutres de 4 par 16 pouces, à peu près tous les deux pieds, comme m’a appris quelqu’un à l’intermission, ce qui n’a aucun rapport avec cet article. Le chœur lyrique est entré dans le chœur à 15 h le dimanche après-midi, en lançant Venez divin messie de tout son cœur, faisant chaud au cœur à la nombreuse assistance. Presque le chœur des anges.
On constate facilement que l’alternance entre les pièces très connues et moins connues semble être très appréciée du public qu’on peut, sans crainte de se tromper, qualifier de fidèle.
Les Jingle Bells et les Minuit, Chrétiens se mélangent agréablement avec le Happy Xmas (War is Over) de John Lennon et Yoko Ono.
L’auditoire, fort averti, l’a évidemment noté, mais soulignons quand même que certains chants étaient pour femmes seulement, tels This Little Babe, et Notre divin maître, d’autres pour hommes seuls, A la nanita nana, et la majorité pour chœur mixte.

Revenons justement sur This Little Babe, la deuxième pièce du concert. C’est une œuvre de Benjamin Britten, tirée de A Ceremony of Carols qui comporte 11 pièces.
Ce n’est pas la première fois que la Société lyrique introduit, avec succès, dans son concert de Noël une des pièces de ce corpus. Ce qui était notable cette fois était le choix d’interprétation du directeur Vincent Quirion, qui a ramené le tempo du « bébé » du grand galop à 150 à la noire de l’original, à un plus confortable 124-125. Bel effet! (Hé! oui, métronome et iPhone vont très bien ensemble.)
Bon! D’accord, c’est technique, mais que voulez-vous, la technique est un des facteurs qui entre dans la création d’ambiance, ce que la Société lyrique fait avec brio.
A la nanita nana, une chanson traditionnelle enfantine espagnole publiée en 1904 a été écrite comme berceuse et chant de Noël. Très connue, elle est souvent interprétée par des voix féminines, des chorales d’enfants et avec tout autant de succès, comme c’est le cas avec la Société, de voix d’hommes.
Et après une combinaison très improbable, mais réussie entre Bing Crosby et David Bowie, on a marché de Saint-Saëns à La marche des Rois, jusqu’au La Virgine degle Angeli avec la soliste Denise Heppell soutenue par la section mâle de la Société.

Évidemment si vous êtes dans la salle, vous restez à votre place, mais si vous êtes journaliste, vous allez prendre des photos de différents angles, donc, il faut se déplacer. S’il y a une soliste, vous allez évidemment vous rapprocher pour une photo de ladite soliste. Donc, vers l’avant. Et c’est exactement là où il fallait se trouver pour ne pas manquer…
L’homme qui dirige plus vite que son ombre
La petite surprise surprenante survient vers la fin de la première partie, justement après la prestation de Denise Heppell. Applaudissements, sourire du chef de chœur, les choristes ont tourné leurs pages, Ding, Dong, Merrily on High va commencer.
Concentration des choristes et du chef de chœur Vincent Quirion, regard intense à la pianiste, mouvements de bras, le piano résonne, tête du directeur direction chorale; intense silence d’environ deux dixièmes de seconde. Faux départ.

Sans même sauter un temps, la main gauche arrête la pianiste entre deux notes, qui continuent leur envol et sont rattrapées par la nouvelle introduction quasi psychiquement commandée et, d’un autre mouvement précis, cinquante choristes se lancent d’un même souffle dans une série presque hallucinante de ding dong super synchronisé.
L’épisode aura duré deux secondes, peut-être trois.
Il fallait être très attentif, et au bon endroit, pour avoir le plaisir de savourer ces quelques secondes qui démontrent hors de tout doute la qualité à la fois du groupe et du directeur, et de la quasi-symbiose qui se développe grâce au talent, à la persistance, au travail dans l’intensité, mais aussi dans la joie du beau résultat.
Ce sont tous ces facteurs qui ont fait qu’un petit accroc se transforme en une pirouette de virtuose.
Des bravos mérités à tous.
Faudrait pas oublier la madame…
La Société lyrique a nommé madame Charlotte Lacasse-Roy Ambassadrice de la Société, en remerciement de son support au cours des années. Madame Lacasse-Roy est une mécène de longue date, ce qui est fort apprécié.

Merci Louis Dionne
Ajoutons que le technicien à la prise de son, Louis Dionne, un vétéran de 23 années à la barre enregistrait son dernier concert. Les gens ne pensent pas à ça en général, et c’est compréhensible, mais le choix et le placement des micros pour saisir la qualité du son d’une chorale ne sont pas aisés et nécessitent une grande compétence, ce que Louis Dionne avait développé.
Terminer en beauté
Après la dernière pièce, le classique Minuit, Chrétiens, c’est le non moins classique et toujours savouré Hallelujah de Haendel qui a résonné comme rappel.
Comme certaines oreilles avaient encore faim, c’est Jingle Bells qui les a accompagnés jusqu’au souper dominical.

À l’an prochain. À moins que vous ne soyez là au concert annuel en mai. Vous devriez y être!