La Baie Georgienne & Penetanguishene
Par : Rolland Bouffard, collaboration spéciale
À l’été 2015, Penetanguishene fêtait le 400e anniversaire de la visite de Champlain, celui-là même qui fondait Québec quelques années plus tôt en 1608. Samuel de Champlain avait fait alliance avec les Hurons contre les Iroquois. Il est aussi à l’origine de la francophonie dans cette région de l’Ontario où plusieurs personnes parlent français et les enseignes des commerces portent des noms francophones.
Cette ville située à la pointe sud de la Baie Georgienne, une Baie souvent appelée le sixième Grand Lac, à 90 minutes de route au nord de Toronto, est le pays des Hurons. Déjà à cette époque, les deux communautés amérindiennes, soit les Hurons de la région de Québec, à Wendake et ceux de la Baie Georgienne se visitaient. Le voyage en canot, par les rivières Outaouais et Matawa, prenait entre 20 et 30 jours. De nos jours, par les autoroutes, on peut faire le voyage d’environ 900 kilomètres en une seule journée.
Samuel de Champlain voyageait accompagné de son interprète Étienne Brûlé, un Européen, coureur des bois, qui avait appris la langue huronne et montagnaise.
Les Martyrs canadiens
L’histoire du Canada, que l’on enseignait dans les écoles, consacrait quelques pages aux aventures cruelles des missionnaires évangélisateurs.
Après Champlain, les Jésuites, amis des Hurons et des Algonquins, ont voyagé dans ces régions. Ils ont vécu bien des tourments les rendant célèbres. L’histoire raconte en détail les supplices qu’ils ont subis suite à des batailles avec des bandes rivales.

Le Sanctuaire des martyrs canadiens situé sur un terrain de 75 acres, visité par quelque 100 000 personnes et pèlerins chaque année. Photo : Rolland Bouffard
C’est à Midland Ontario, sur les bords de la Baie Georgienne, près de Sainte-Marie-au-pays-des-Hurons, que l’on a érigé un sanctuaire et un parc en reconnaissance aux martyrs canadiens. Plusieurs communautés religieuses de différentes nationalités de Toronto ont aussi installé des monuments ou un autel rappelant leur religion. En faisant le tour de cet emplacement, on y rencontre les lieux du culte des Polonais, des Italiens, des Coréens, des Chinois, des Portugais, des Philippines, et plusieurs autres. De nombreuses communautés d’immigrés venant de la métropole, Toronto, y accomplissent leur pèlerinage annuel.
En 1984, après une visite à Québec et Montréal, le 15 septembre, le Pape Jean-Paul II s’est rendu sur les lieux du Sanctuaire des martyrs canadiens pour célébrer une messe en plein air devant des milliers de personnes.
C’est Jean-Paul II qui, en 1980, béatifie Kateri Tekakwitha. Un décret portant sur un nouveau miracle signé en 2011 a permis qu’elle soit déclarée sainte par l’Église catholique. Elle devient donc la première autochtone d’Amérique du Nord à être canonisée.
Les relations avec les Iroquois sont difficiles. Entre 1642 et 1649, huit missionnaires canadiens-français sont assassinés. Les huit connus comme des martyrs canadiens sont les jésuites :
Jean de Brébeuf, Noël Chabanel, Charles Garnier, Isaac Jogues, Gabriel Lalemant, René Goupil, Antoine Daniel et Jean de Lalande.
Guillaume Couture & la route 132
Guillaume Couture est l’ancêtre de tous les Couture d’Amérique du Nord.
C’est un Européen, arrivé en Amérique au début des années 1600 qui avait une facilité pour apprendre les langues, dont la langue huronne. Il sert d’interprète aux Jésuites. Il voyage vers la Baie Georgienne et la région des Grands Lacs quelques années, pour finalement s’installer sur une ferme dans la Seigneurie de Lauzon et devenir le premier cultivateur de Saint-Joseph-de-la-Pointe-Lévy, en plus d’exercer plusieurs métiers.
Depuis la fusion des villes de la Rive-Sud soit Lévis, Saint-Romuald et Charny, on a donné le nom de Guillaume Couture à la route 132, qui traverse ces villes.
Barrie

Spirit Catcher, une sculpture de 65 pieds de haut par 70 pieds de large, pesant vingt tonnes. Photo : Rolland Bouffard
En revenant sur l’autoroute 400, il faut faire une visite à Barrie, une ville touristique en banlieue de Toronto (135 000 habitants) située sur les bords du lac Simcoe. Une sculpture, le capteur d’esprit, est une création du sculpteur Ron Baird pour l’Expo 1986 de Vancouver. Elle représente le Thunderbird dans la mythologie des Premières Nations. Ramenée par camion à Barrie en 1987, elle est installée par des bénévoles à la pointe du lac Simcoe près de la marina. Elle est un don d’une fondation de la région de Toronto.
En fichier PowerPoint : Des photos des endroits et de personnages. J’ai aussi numérisé une couple de pages de l’histoire du Canada de la 6e et 7e année, où l’on décrit dans des termes assez crus, les souffrances endurées par les Martyrs canadiens. Baie Georgienne 2015 09 30 Web
NDLR : Pour en savoir plus sur le dit Étienne Brûlé, le coureur des bois interprète, le « truchement » comme on les appelait, celui qui accompagnait Champlain, consultez le premier chapitre du fascinant livre de Serge Bouchard et Marie-Christine Lévesque, Ils ont couru l’Amérique. De remarquables oubliés, tome 2. Une jouissance de lecture, si le sujet vous intéresse.