La 1re traductrice à la Division des débats fédéraux était Beauceronne

Par André Garant

Nous vous présentons une histoire peu commune, en fait, une première canadienne, l’histoire d’Éveline Bolduc, une Beauceronne qui fut la première femme traductrice à la Division des débats fédéraux à Ottawa. Au début du XXe siècle, cette femme a réussi à s’imposer dans un milieu totalement masculin, là où aucune femme ne l’avait fait, et de façon tellement discrète, que trouver une photo d’elle a été un tour de force. 

Une histoire incroyable.

En collaboration avec l’historien André Garant qui signe cet article, nous avons réussi à retracer l’arrière arrière-petit-fils du sénateur Joseph Bolduc, père d’Éveline, Georges Cloutier de Saint-Georges, dont la grand-mère paternelle, Marie-Louise Bolduc (1879-1955) est la soeur d’Éveline Bolduc. M. Cloutier conserve des souvenirs de famille, dont une photo d’Éveline. 

Diverses recherches auprès des organismes gouvernementaux n’avaient mené nulle part. Éveline Bolduc semblait un fantôme. La photo que nous présentons ici est la seule qui existe, à notre connaissance.  

Profitons-en pour souligner que le texte que voici réfère directement au DEVOIR DE MÉMOIRE que l’histoire nous apprend. Transmettre. « Je te défie de trouver un texte aussi consistant sur Mme Bolduc », nous a dit l’auteur ». Soyons clairs, il ne s’agit pas de vanité, mais de travail bien fait. 

Voici donc un texte qui a demandé énormément de recherche de la part de l’auteur André Garant que nous sommes fiers de vous présenter.

Éveline Bolduc (1888-1939),

1^re traductrice au fédéral

Née le 8 juillet 1888, à Saint-Victor-de-Tring, en Beauce, Éveline dite Évelyn Bolduc (1888-1939) est la fille du notaire et politicien Joseph Bolduc (1847-1924) et de Georgiana Mathieu à Jean. Comme son père a été député de Beauce à Ottawa, sénateur et président du sénat canadien, Éveline Bolduc est aussi connue sous le prénom d’Evelyn. Aux élections de 1882, son père est si populaire que son adversaire n’obtient que deux voix dans sa localité et deux autres paroisses voisines.

Résidant de Saint-Victor, la maison de Joseph Bolduc était située face à l’église, Sa maison, alors occupée par Cléophas Toulouse, fut rasée par la conflagration de 1948.

En 1939, publiant l’avis de décès d’Éveline Bolduc, le Montreal Gazette avance que son nom circulait comme une éventuelle candidate conservatrice aux élections fédérales de 1930.

Elle étudie au Couvent de la Congrégation Notre-Dame d’Ottawa, au Macdonald College de Sainte-Anne-de-Bellevue et en Sciences économiques à la célèbre Université Cornell à Ithaca, New York.

Vers 1930, Évelyn Bolduc entre au Centre communautaire d’information d’Ottawa dit Les livres bleus. On y traduit tous les travaux parlementaires, sauf les débats. Son contrat y est renouvelé annuellement. De 1935 à 1937, elle est reçue à l’examen de recrutement du Bureau, mais on ne lui offre pas de poste. À cette époque, les femmes occupent à peine 14 % des emplois fédéraux à la traduction. En 1937, elle fait son entrée aux Débats du gouvernement canadien. D’ailleurs, elle est, selon Jean Otis à Jean Delisle,MSRC/FRSC de Gatineau « la première traductrice à la Division des débats.. Cette division était jusque-là un château-fort masculin ».

En 1915-1916, elle recueille des contes et des chansons folkloriques avec l’anthropologue Marius Barbeau (1883-1969), aussi né en Beauce. De 1911 à 1948, Barbeau est attaché au Musée national du Canada, à Ottawa : BARBEAU, Marius, Evelyn BOLDUC et Malvina TREMBLAY. « Contes populaires canadiens », troisième série, The Journal of the American Folk-Lore, vol. XXXII, no. 123, (Jan.-March 1918), p. 90-167. Aussi, en 1937, elle publie Manuel de l’étiquette courante parmi la bonne société canadienne-française (Éditions de l’Action catholique, 130 pages, seize chapitres, cinq éditions).

Évelyn Bolduc s’inspirera aussi des écrits du notaire de Beauceville Philippe Angers (1858-1935) dans son volume Souvenirs beaucerons et la famille Bolduc, 103 pages, paru en 1938, trois ans après la mort d’Angers. http://www.ourroots.ca/f/toc.aspx?id=3332

Quant à elle, Éveline Bolduc décède le 21 décembre 1939, à Saint-Georges-de-Beauce; elle est inhumée à Saint-Victor-de-Tring le 19 mai 1940. Comme elle s’était retirée depuis quelques temps cez son beau-frère, le Dr Georges Cloutier de Saint-Georges-de-Beauce, ce dernier est un des témoins lors de ses funérailles. Éveline Bolduc était célibataire.

Les carrières de Joseph Bolduc et de sa fille Éveline ont sans doute incité la MRC Robert-Cliche à baptiser leur siège social de Beauceville : Édifice du sénateur Joseph-Bolduc. Pourquoi pas, au niveau provincial, une route 108 Joseph-Bolduc ? Élu le 3 novembre 2013, serait-ce là un souhait du nouveau maire de Saint-Victor de Beauce, Jonathan V. Bolduc, fils de Jacques Bolduc et de Diane Doyon?

Bolduc : les racines

-Lambert Boulduc dit Bolduc / ?/ ?

-Symon Bolduc / Senlis, France / Jacqueline Debonnaire

-Pierre Bolduc (1575-1622) / 6 août 1595, France / Françoise Lebrun

-Pierre Bolduc, apothicaire (1607-1670) / 27 déc. 1639, Saint-Benoît,Paris, France / Gillette Pijart (1623-1701) (Adam Pijart, maître-orfèvre, et Jacqueline Charron

-Louis Boulduc dit Bolduc, soldat, procureur du roi (vers 1648-1700-1701) / 20 août 1668, Notre-Dame, Québec / Élisabeth Hubert, fille du roi (vers 1651-1701) (Claude Hubert et Isabelle Fontaine)

–René-François Bolduc (1674-1720) / 8 fév. 1700, Saint-Joachim, Montmorency / Marie-Anne Gravel (Jean Gravel et Marie Cloutier). Le 2 novembre 1728, à Saint-Joachim de Montmorency, leur fille, Françoise Bolduc (1708-1770), épouse Joseph Corriveau (1709-1763) : ils sont les parents de la légendaire Marie-Joseph Corriveau (1733-1763), épouse de Charles Bouchard (1726-1760) et de Louis Dodier.(-1763).

Zacharie Bolduc (1704-1764) / 23 août 1728, Saint-Joachim, Montmorency / Jeanne Meunier (1700-1770) (François Meunier et Angélique Jacob)

-Joseph-René Bolduc (1742-1793) / 19 août 1776, Saint-Joseph, Beauce  /  Marie-Anne Gagné (1752-1802) (Pierre Gagné et Marie-Reine Bluteau)

-Charles Bolduc (1780-1858) / 9 nov. 1802, Saint-François, Beauce / Marie-Geneviève Doyon (François Doyon et Marie-Geneviève Gagnon)

-Augustin Bolduc / 11 sept. 1838, Saint-François, Beauce / Marie-Louise Rodrigue (Jean Rodrigue et Marie-Louise Veilleux)

-Joseph Bolduc (1847-1924) / 12 oct. 1874, Saint-François, Beauce / Georgiana Mathieu (1855-1929) (Jean Mathieu et Naflette Lessard).

Un de ses fils, Louis Bolduc (1880-1960) et Odélie Morin (1880-1968) sont les parents de Jean-Louis Bolduc, qui épouse en 1940 à Saint-Viateur d’Outremont, Antoinette dite Mimi Dolbec (Hector Dolbec et Antoinette Racicot). Fille de Jean-Louis et Antoinette, l’ex-mannequin Diane Bolduc est, depuis près de 50 ans, la 2^e conjointe de Paolo Noël (1929-). Ils sont les parents de Constantino et de Vanessa Noël. D’un 1^er mariage en 1950 avec Thérèse Picard, Paolo, alias Paul-Émile, est le père de trois autres enfants : Johanne, Mario et Ginette Noël.

Éveline Bolduc (1888-1939), célibataire.

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André Garant

Sources :

Souvenirs beaucerons et la famille Bolduc, par Évelyne Bolduc, 1938.

Ancestry.ca

Archives personnelles

BMS2000

Bureau de la traduction, L’Actualité  langagière, Volume 10/1, page 13, printemps 2013

Fichier Origine

Montreal Gazette, 23 décembre 1939, page 13

http://www.ourroots.ca/e/toc.aspx?id=3332 

http://www.bt-tb.tpsgc-pwgsc.gc.ca/btb.php?lang=fra&cont=1179