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LA DESTRUCTION CRÉATIVE DE LISE BERNARD

Cocktail explosif et défis planétaires.

Par: Joffre Grondin

Lise Bernard, artiste peintre multidisciplinaire qui a osé... et réussi

Lise Bernard, artiste peintre multidisciplinaire qui a osé… et réussi

On dit que Léonard de Vinci a peint la Joconde à partir de 1503 et l’aurait terminée en 4 ans selon certains et en 16 ans selon d’autres. Sans vouloir imiter Léonard, l’artiste-peintre Lise Bernard a réalisé en 2013, une expérience fascinante, créative et très constructive sur une de ses toiles réalisée en 2011, qu’elle trouvait inachevée.  

Avec la participation de 25 personnes, l’expérience s’est déroulée du 7 septembre au 24 octobre 2013. Nous allons présenter des photos des différentes étapes. Le résultat est étonnant, pour dire le moins. Notons que les photos qui suivent sont de Lise Bernard, que nous remercions. Pour mieux apprécier l’évolution, nous avons d’ailleurs pris soin de placer les photos en plus grand format ici :  https://beaucemagazine.com/?page_id=12695

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Mentionnons tout de suite que l’oeuvre Cocktail explosif, finalement rebaptisée Défis planétaires sera en exposition les 22, 23 et 24 novembre au Salon des Artistes et Artisans de Beauce.

L’oeuvre originale nommée Cocktail explosif, était inspirée par le printemps arabe de 2011. Les cercles au centre et à gauche sont des musulmans à turbans vus du dessus. Ceux au centre et à droite sont des femmes musulmanes portants burkas, vues de face.

L’oeuvre originale nommée Cocktail explosif, était inspirée par le printemps arabe de 2011. Les cercles au centre et à gauche sont des musulmans à turbans vus du dessus. Ceux au centre et à droite sont des femmes musulmanes portants burkas, vues de face.

Est-ce une première ? On ne sait pas. Cela importe peu, et il y a eu 25 heureux, qui ont ajouté leur petit coup de couteau. L’expérience demandait en effet que les participants « attaquent » la toile avec un Exacto et provoque ainsi un bouleversement, une perturbation de l’ordre établi de l’original. C’est ce qu’ils ont fait, et bien fait.

L’artiste avait comme projet de faire quelque chose de différent avec la partielle destruction, donner un nouveau souffle à l’oeuvre. Tout un défi. Accepter de perdre ce qui est déjà là, pour créer du neuf, est loin d’être banal.

Une participante enthousiaste manie le coutelas. Ce qu’elle ignore est que son intervention sera à l’origine de la création de la planète dans le futur tableau.

Une participante enthousiaste manie le coutelas. Ce qu’elle ignore est que son intervention sera à l’origine de la création de la planète dans le futur tableau.

Plus songé que ça en a l’air

L’idée fait penser au concept de destruction créative, mais appliqué aux arts. Le concept de destruction créative vient tout droit d’un livre incontournable sur l’économie, la science politique, l’histoire et le développement des nations, Why Nations Fail. En version simplifiée, il s’agit d’abandonner ce qui est, donc de détruire une façon de faire, pour quelque chose de nouveau, qui est mieux. Destruction… créative.

Il faut savoir que le principe de la destruction créative est une des forces importantes qui ont fait avancer les civilisations. Ce qui est étonnant est que le principe semble fonctionner sur plusieurs niveaux, du petit au grand, et semble s’appliquer à la nature humaine en général, que ce soit pour détruire presque tout un corps de métier, ou de risquer de perdre presque toute une toile.

Voyons donc !

On rapporte beaucoup d’exemples d’inventions qui ont été refusées, non pas parce qu’elles n’étaient pas plus efficaces, mais parce qu’il fallait abandonner l’ancien procédé, donc déstabiliser le système en place. Résistance au changement.

Voici de quoi la toile avait l’air en fin de journée du 8 septembre, après le passage des saccageurs avec de bonnes intentions. 

Voici de quoi la toile avait l’air en fin de journée du 8 septembre, après le passage des saccageurs avec de bonnes intentions.

En 1589, l’inventeur d’une machine à tricoter des bas, un dénommé William Lee, demanda un brevet à la reine d’Angleterre, Élizabeth 1re. Le brevet fut refusé, de peur de mettre les tricoteuses en chômage, et de créer de l’instabilité politique. À travers l’histoire, on a souvent vu une opposition à toute innovation, invoquée pour préserver le calme, la stabilité et l’ordre établi. L’inventeur d’un verre incassable fut noyé dans la Tamise, avec les plans de son invention, pour ne pas nuire aux verriers.

Revenons à la vie en rose

Heureusement, dans le domaine des arts, il y a plus d’ouverture, et les expériences osées ne mettent pas la vie de l’artiste en danger. Dans le cas qui nous occupe, c’est l’intuition de l’artiste qui a mené le bal. Agir d’abord, analyser plus tard. Il faut quand même du cran pour se lancer dans une telle expérience.

 Le 11 septembre l’élagage est commencé, « tout en sauvegardant des traces », dixit l’auteur.

Le 11 septembre l’élagage est commencé, « tout en sauvegardant des traces », dixit l’auteur.

Pourquoi ?

Parlons de l’oeuvre du départ. Il faut savoir qu’elle avait été réalisée en plein printemps arabe, alors que le Moyen-Orient prenait feu. « J’ai dit vouloir donner un second souffle à celle-ci [Cocktail explosif] en demandant à chacun d’y amener une parcelle de son énergie », avait déclaré Lise Bernard au début de l’expérience.

Mais pourquoi avoir voulu lancer ce projet interactif avec les visiteurs ? Pourquoi cette œuvre plutôt qu’une autre ? »

Écoutons l’auteur « À la réflexion, cette œuvre réalisée en 2011, en plein printemps arabe, me semblait maintenant inachevée, pas suffisamment “signifiante et porteuse de sens”. Et, comme il est difficile de se détacher, de renoncer à certaines parties de l’œuvre pour la transformer, je me suis dit que je pourrais solliciter l’aide des visiteurs pour y arriver. J’étais certaine qu’ils pourraient m’amener ailleurs, plus loin dans ma recherche. Et c’est ce qui est arrivé, non sans quelques serrements de cœur éprouvés lors de l’opération cependant, je l’avoue ».

On voit un début de couleurs, et ce qu’on pourrait identifier comme une tête de boeuf vient d’apparaitre.

On voit un début de couleurs, et ce qu’on pourrait identifier comme une tête de boeuf vient d’apparaitre.

Très difficile de se séparer ne serait-ce que d’une partie de l’oeuvre. Mais le résultat est lumineux pour celle qui a osé s’avancer sur le sentier dont on ne connait pas la destination. « Je suis aujourd’hui particulièrement fière de l’œuvre Défis planétaires et je remercie tous les gens qui y ont contribué ».

Les 25

Début septembre, vingt-cinq personnes sont donc passées en petits groupes pour « amener une parcelle de leur énergie » comme l’exprime si délicatement Lise Bernard. Certains n’ont pas pu, et ont remis le couteau, en s’excusant, d’autres y sont allés avec une sorte de frénésie tranquille, pour y aller d’un oxymoron, mais efficace en considérant le résultat ultérieur.

Du cocktail au défi

Il fallait maintenant travailler avec ce qui restait, appelons ça l’oeuvre scalpée, ou modifiée. Et une fois de plus dans l’histoire de l’humanité, cette sorte de mystère qu’est l’inspiration créatrice, qui produit peintures, musiques et inventions, s’est mis à l’oeuvre. Près d’un mois plus tard, la mutation de l’oeuvre s’achève. Le 10 octobre la muse finalise. «… Je me suis levée avec le besoin d’intervenir sur le personnage féminin de “Défis planétaires” ».

On en est au 23 septembre. Plus de couleur. Il ne reste qu’une femme à burka à droite. Y-aurait-il une tête de singe en haut à droite ? Qui sait !

On en est au 23 septembre. Plus de couleur. Il ne reste qu’une femme à burka à droite. Y-aurait-il une tête de singe en haut à droite ? Qui sait !

Ils sont revenus

Ceux qui avaient collaboré se sont fait un plaisir de revenir voir l’œuvre terminée pour chercher ce qu’il était advenu de ce qu’ils y avaient laissé, voir des photos de l’évolution de l’œuvre, et en apprendre davantage sur le processus de création, de leur participation jusqu’au dévoilement.

Le 25 septembre, une planète vient d’apparaitre et un visage de femme. Selon Lise Bernard, le visage serait apparu tel quel, d’un seul coup de spatule. Il semble y avoir une sorte de courant (bleu) de la planète qui passe à travers la tête de taureau et d’où surgit le visage.

Le 25 septembre, une planète vient d’apparaitre et un visage de femme. Selon Lise Bernard, le visage serait apparu tel quel, d’un seul coup de spatule. Il semble y avoir une sorte de courant (bleu) de la planète qui passe à travers la tête de taureau et d’où surgit le visage.

Il était aussi agréable de pouvoir interpréter le tableau, entendre l’interprétation des autres de même que celle de l’auteur.

Madame Bernard confie que « toutes se sont dites fort heureuses d’y avoir assisté. Elles ont particulièrement apprécié l’opportunité qui leur était donnée d’entendre une artiste leur parler de son processus de création avec un exemple concret, y compris avec les photos de l’évolution de l’oeuvre ».

Au 30 septembre, la partie gauche du tableau, où il y avait des turbans, a perdu de la couleur, et une nette division est apparue, sous forme d’une ligne qui fait une partition claire de la partie à gauche.

Au 30 septembre, la partie gauche du tableau, où il y avait des turbans, a perdu de la couleur, et une nette division est apparue, sous forme d’une ligne qui fait une partition claire de la partie à gauche.

La blonde artiste concluait que : « personnellement, je suis très, très satisfaite. Une très belle rencontre stimulante. Les gens se sont impliqués, ont discuté, posé des questions, donné leur interprétation ».

Nous en sommes au 4 octobre. Qu’est-ce qui a changé ?

Nous en sommes au 4 octobre. Qu’est-ce qui a changé ?

C’est aujourd’hui 24 octobre que se termine l’aventure du projet interactif autour de l’œuvre « Cocktail explosif » dont le titre est maintenant « Défis planétaires ». Quitte à nous répéter, Défis planétaires sera en exposition les 22, 23 et 24 novembre au Salon des Artistes et Artisans de Beauce.

L’oeuvre finale que vous pourrez voir aux Artistes et Artisans de Beauce

L’oeuvre finale que vous pourrez voir aux Artistes et Artisans de Beauce

Vous pouvez également en faire l’acquisition.

Pour ne voir que les photos en plus grand format, allez ici :  https://beaucemagazine.com/?page_id=12695

Raymond Vachon
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