SAINT-GÉDÉON : UN PIED DANS L’AVENIR — 2
Une façon de voir et de faire
Par: Joffre Grondin

L’hôtel de ville de Saint-Gédéon. On déménagera bientôt dans de nouveaux locaux dans l’ancien couvent. Comme partout au Québec, la route est en réparation.
Alors que certaines municipalités en sont encore aux premiers balbutiements environnementaux, valables, mais souvent cosmétiques comme planter un arbre par naissance ou aménager un parc, les enjeux sérieux… et rentables sont ailleurs. Ils passent par l’élimination du chauffage à combustion, des murs thermiques permettant de préchauffer l’air, la géothermie, une isolation supérieure, la récupération d’eau de pluie, des systèmes d’éclairage efficace et bien d’autres.
Comme résultat, le fin du fin, vendre ses crédits de carbone à l’international. C’est là où en est Saint-Gédéon.
Comme on l’a constaté dans un article précédent, la construction du garage municipal et la rénovation et le réaménagement de l’Aréna ont été des étapes importantes pour Saint-Gédéon. Tous les systèmes de chauffage à combustion de la municipalité ont aussi été éliminés, et remplacés par les systèmes électriques. Ça ne s’est pas arrêté là.
Vers la bourse du carbone
La municipalité, par la voix de son maire toujours à l’affut, Éric Lachance, a contacté la compagnie Les solutions Will inc. Cette compagnie a déterminé d’une façon exacte l’empreinte environnementale de la municipalité. Elle a établi que l’objectif de 20 % de diminution de moins que les émissions de 1995 que la province veut atteindre pour 2020 est déjà atteint à Saint-Gédéon.
En 2010 et 2011, la municipalité a réduit ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 110 tonnes. Que faire de ce résultat ?
Écoutons Martin Clermont, PDG des Solutions Will. « Chez Will, nous rassemblons tous les efforts des petits émetteurs dans un bloc de carbone régional qui est enregistré et vendu sur les marchés volontaires de carbone à l’international ».
Saint-Gédéon a donc pu vendre les crédits de carbone à la bourse du carbone en Europe, fournissant ainsi entre 1 200 et 2 000 $ par année à la municipalité. Et c’est appelé à monter.
« C’est une première Québécoise et c’est une première mondiale », s’était enthousiasmé Éric Lachance en novembre 2012. Voir les détails ici : http://bit.ly/RhzsFP
Projet pilote d’éclairage urbain
Un projet pilote pour l’éclairage urbain a été mis sur pied, sur lampadaires plutôt, en collaboration avec Ressources Naturelles Canada et Hydro Québec. Présentement, 70 lampadaires équipés de LED(LED, Light-Emitting Diode ou DEL, diode électroluminescente) sont en fonction, subventionnés à 90 %. « L’installation a été faite en régie interne, donc ne revient à presque rien », note le maire en souriant. « On a 50 % d’économie d’énergie actuellement, de 134 watts à 60 watts ».

Cette structure d’acier unique, surmontait le podium sur lequel le Pape Jean-Paul II a célébré sa première messe en terre canadienne lors de sa visite en septembre 1984. Ce monument historique, don de Les Aciers Canam, se trouve près de l’église.
Une autre demande est faite pour rendre l’éclairage « intelligent », donc sans oeil magique (qui brise souvent). Les lumières seront reliées entre elles, et grâce à une sonde de luminosité à l’Hôtel de Ville, toutes s’allumeront et s’éteindront graduellement, selon la luminosité du moment.
Économies
À ce moment, la consommation exacte de chaque lampadaire sera connue, ce qui permettra de demander la facturation précise consommée à Hydro Québec, et non au tarif fixe par jour comme actuellement. Autres économies.
Le projet de 101 000 $ a été subventionné à la hauteur de 95 000 $. Le 6 000 $ représente un an d’économie, donc se paye dans un an. Autre sourire du maire : « on va passer de 15 000 $ d’électricité à 2 ou 3 000 $ ». Les nouvelles générations de LED prennent de moins en moins de wattage pour le même nombre de lumens. « Dans tout éclairage, la LED est l’avenir », constate le maire Lachance.
Un village qui fréquente les villes
Le maire Éric Lachance fait partie de l’AQME(Association québécoise pour la maitrise de l’énergie), une table d’étude où plusieurs villes font des études et se communiquent les résultats pour se monter un devis commun qui convient à chaque type de rue. On pourrait appeler ça se tenir à la fine pointe. Et c’est exactement comme ça que les résultats concrets arrivent ; il faut commencer par savoir ce qui se passe. Ce sont ceux qui sont en avant de la parade qui savent les premiers où on va.
AUTRES ASPECTS DE LA COMMUNAUTÉ
Les citoyens récupérateurs
« Au début, les bacs bleus étaient presque vides et maintenant ils sont pleins, les citoyens sont maintenant très sensibilisés à l’environnement », soutient le maire Lachance.
Compostage domestique et récupération d’eau de pluie ont déjà été proposés aux citoyens de la municipalité. Le compostage est une voie qui sera de nouveau examinée bientôt. En plus d’avoir le plaisir de créer de la terre de première qualité pour les plantes, « ce qu’on n’envoie pas au site d’enfouissement, on n’a pas à le traiter, et la municipalité n’a pas à le payer », relève le pratico-pratique Éric Lachance. Les coûts de traitement sont actuellement de 121 $ la tonne (oct. 2013).

Pourquoi avoir pris la photo du couvent avec une partie du cimetière? Un collaborateur de Beauce Magazine a publié dans nos pages un article sur le cimetière de Saint-Georges Ouest : statues sans tête, monuments renversés, salis, brisés. Un scandale. C’est pourquoi, il est rafraichissant de voir un cimetière si bien entretenu aux monuments souvent décorés de fleurs.
Achat du couvent : un vrai bon coup
Après avoir constaté que le couvent avait été rénové et était aux normes du code du bâtiment, la municipalité en a fait l’achat a pu y loger le CLSC, au 4e étage ; tandis que le 3e est en voie de devenir un étage communautaire, le Centre multiArts, une salle de spectacle, les Fermières, l’Âge d’or, etc. Le 2e étage logera les bureaux de la municipalité. D’ici à l’an prochain, l’occupation devrait être de 90 %, surtout qu’il y a maintenant des locaux disponibles pour une bibliothèque. La subvention est demandée.
En bonus, un bâtiment patrimonial de toute beauté a été sauvé et revitalisé.
S’entraider : l’avenir
« À l’avenir les municipalités devront modifier leurs façons de faire et s’entraider plus que maintenant » soutient Éric Lachance. L’achat d’un camion pour la collecte des ordures avec 2 autres municipalités est un exemple déjà réalisé. Grâce à cette collaboration, Saint-Gédéon paie le même prix qu’il y a 6 ans. Trouvez un produit ou un service dont le prix n’a pas varié en 6 ans. Il y a aussi eu l’achat d’un camion balai de rue sur le même principe.
Les appels d’offres pour l’asphalte pourraient suivre ce modèle pour avoir du volume et de meilleurs prix. « Il y a 10 ans, l’asphalte était 70 $ la tonne, c’est maintenant 180 à 200 $ la tonne. On a plus les moyens d’asphalter », constate tristement le maire.
L’indispensable internet
Le maire est en discussion avec Vidéotron pour un service internet rural. Il y aurait aussi une possibilité d’un partenariat avec Saint-Robert qui a une coopérative qui fournit les 3 services avec la fibre optique. « À notre époque, il n’est pas normal que l’internet haute vitesse ne soit pas rendu partout » conclut Éric Lachance.
Le maire coordonnateur
Pour que tout cela se fasse, il faut que le maire, de facto commissaire industriel, soit quasi omniprésent. Le Comité de l’aréna ; la Corporation de développement de Saint-Gédéon, qui soutient le développement résidentiel, commercial et culturel ; la Corporation de développement industriel(CORDI), qui est là pour amener des entreprises dans le parc industriel, le tiennent très occupé.
Ma description de tâche dit-il, « est de veiller à ce que la municipalité et tous les organismes parapublics se coordonnent bien ensemble ».
Les coûts du citoyen
Résultat de ces efforts, la charge fiscale moyenne de taxe à Saint-Gédéon = 1 199 $; MRC = 1 736 $ ; les municipalités de même taille au Québec = 2 481 $
L’endettement net par habitant = 1 518 $ ; MRC =1 609 $ ; Québec = 2 337 $.
Dans les six dernières années, il est entré 5,9 millions de subventions. Chiffres éloquents.

Ah ! oui, il y a des élections. Vous pouvez trouver les candidats en lice sur le site de la municipalité, qui vous mènera ici http://bit.ly/1dd8v3f ou profiter du panneau fourni. Faites votre choix !
Bref
À Saint-Gédéon on a une façon de voir et de faire les choses. Milieu de vie de 2 380 personnes, c’est une municipalité qui est bien gérée par son maire et son conseil, en collaboration avec ses associations, ses corporations, ses bénévoles. De l’usine d’épuration au système d’eau et d’égout, à la flotte de camions, comme l’assure monsieur Éric Lachance « on est aux normes » presque à 100 %.
On pourrait résumer en disant : « Ouais ! à Saint-Gédéon, y sont pas mal ben organisé, et même en avance ». Il ne faut qu’un pas, que nous allons franchir allègrement, pour dire que plusieurs municipalités québécoises pourraient s’inspirer de cette municipalité.
Le premier article se trouve ici : https://beaucemagazine.com/?p=12500
Références (en plus de monsieur le maire Éric Lachance) :
Pour Murox : http://www.canam-construction.com/fr/produits-et-solutions/systeme-murox
Pour ASHRAE (American Society of Heating, Refrigerating and Air-Conditioning Engineers) https://www.ashrae.org/about-ashrae/
Une remise de prix : http://www.efficaciteenergetique.mrnf.gouv.qc.ca/actualites/details/comm/273/2/