IL ÉTAIT UNE FOIS DES GENS HEUREUX
Roger Quirion, animateur gentleman

Le directeur général de COOL-FM, monsieur Roger Quirion, en compagnie de son épouse Maryse St-Gelais, en vacances quelque part dans le Sud. Une histoire de gens heureux.
C’est le premier mai, fête des Travailleurs, mais c’est également l’anniversaire d’un travailleur en particulier, monsieur Roger Quirion, animateur de radio connu en Beauce, et à l’extérieur, qui est depuis quelque temps directeur général de COOL-FM. On entend dire que les gens heureux n’ont pas d’histoire, ce n’est pas vrai, ils sont plutôt comme un lac aux eaux calmes avec plein d’histoires de poissons heureux en dessous. Pour continuer dans la pêche, on pourrait dire qu’un entretien avec Roger Quirion, c’est une belle prise.
On ne peut arriver à décrire complètement une vie bien remplie en une heure d’interview plus qu’on ne pourrait vider la mer avec un dé à coudre, mais on peut y voir des lignes de force, cerner une façon de fonctionner et découvrir pourquoi la personne est appréciée par son milieu, et ce tout en douceur, en l’absence d’explosions et de flammèches qui marquent souvent les gens dont la vie se passe dans l’oeil public.
Originaire de Saint-Gédéon, Roger Quirion, après son cours primaire, fera son secondaire à la seule polyvalente de la commission scolaire, la polyvalente Bélanger, récemment ouverte. Quand on lui demande quel genre d’élève il était, il avoue sans hésiter avoir été « très timide, je ne levais même pas la main pour poser une question », ce qui ne l’empêchait pas d’absorber.
Quelqu’un qui sait ce qu’il veut
Pour la majorité, se trouver une occupation, un métier qu’ils aiment, pour une vie, n’est pas vraiment facile. Certains ne trouvent jamais. Tel n’était pas le cas pour l’adolescent qu’était Roger Quirion. « À partir de 13,14 ans, je savais que je voulais faire de la radio, c’était clair et sans équivoque, je voulais faire de la radio… et c’est André Mathieu qui a développé ce goût », de même qu’une autre personne importante, Raymonde Bélanger, « Ces profs-là, je les admirais beaucoup ».
Il confie que lors d’une interview, plusieurs années plus tard, il a adressé ses plus sincères remerciements, à l’écrivain André Mathieu, celui qui, avant de produire des douzaines de romans, était cet enseignant à la polyvalente. Ayant probablement remarqué la voix déjà radiophonique du jeune Roger, il lui lance un jour, « Roger ! t’aurais pas le goût de faire de la radio ? » et il l’invite, à venir à son émission de fin d’après-midi à la radio locale de l’époque, le poste CKRB 1460, qui présentait le hit-parade. C’était parti !
La deuxième personne importante a été Raymonde Bélanger, qui enseignait le français. C’était la période des exposés oraux. Il fallait toujours un brave pour commencer et elle demandait à Roger. « Dans ma grande timidité, j’aimais mieux juger les autres, qu’être jugé à la fin par tout le monde ». Si je passe le premier, se disait-il, c’est fini pour le stress. « Raymonde me poussait constamment et me disait “Roger, je te verrais faire de la radio” ». « Les deux ensembles ont donné un gars qui ne doute pas de lui ».
Entrée au Cégep
Une entrée hors-norme il faut le dire. N’essayez pas ça à la maison les enfants ! Nous voici fin secondaire 5. Le temps est venu de s’inscrire au Cégep. Excellentes notes en français, anglais, histoire, géographie, mais « pourries en chimie et en mathématiques ». Que faire pour être accepté en au Cégep de Jonquière, mais que faire? Pourquoi Jonquière? Le cours était renommé, même à l’époque. Laurent Paquin, Dany Turcotte, France Beaudoin, et Bryan Audet sont passés au Cégep de Jonquière. Comment donc y entrer ?

Roger Quirion en compagnie de Michelle Bolduc, la réceptionniste du poste, elle-même fidèle au poste depuis plusieurs années.
La solution Mathieu
« Grâce à André Mathieu qui m’avait invité dans les studios de CKRB pour enregistrer une cassette. Je ne suis pas entré au Cégep avec des notes, mais avec une cassette ». Composé à l’aide d’André Mathieu, qui adorait trouver des manières de contourner les systèmes, l’enregistrement lui a ouvert les portes « pour réaliser son rêve », comme on dit maintenant.
La voix et le contenu de l’enregistrement ont convaincu les juges qu’ils écoutaient un futur animateur radio. « Aujourd’hui, cette façon de faire ne fonctionnerait pas, c’est sûr, les structures sont trop rigides ».
La formation du Cégep de Jonquière démontrera hors de tout doute lors d’un incident avec une professeure que Roger Quirion est capable de dire, ce que les autres n’osent pas dire, avec une touche quand même délicate. On pourrait le qualifier d’homme de principes. Il y a déjà une indication du style radiophonique futur : ne pas éviter de demander ou de dire les choses qui doivent l’être, mais toujours avec délicatesse. Son parcours scolaire se terminera au Cégep de Saint-Georges.
Début de carrière
Après la formation, où aller ? En 1975, le poste qui s’offrait était Sept-Îles, « presque au bout du monde, mais tellement une belle ville ! » Dans n’importe quel métier, quand on commence, il est évident qu’on prend les occasions qui se présentent. Roger y a passé 6 ans. À onze heures de route de sa patrie natale.
Après Sept-Îles, « grâce aux contacts, parce qu’à la radio tout le monde se connaît », c’est Amqui. Je pensais y être un an, j’y suis resté 17 ans. » Restaurateur pendant 10 ans, il tient le point d’arrêt des camionneurs, policiers, autobus, jusqu’au point où la compétition des grandes chaines est intolérable. Exit !
Une proximité extraordinaire avec la famille.
Après 23 ans à l’extérieur de la région, ayant pris épouse, et ayant trois enfants entre 8 et 12 ans, c’est le retour en Beauce. Une raison fondamentale : dans la famille Quirion, existe un esprit de famille très développé. On donne à chaque événement « un effet mobilisateur » pour des rencontres qui rassemblent le clan pour lui permettre d’échanger et de nourrir cet esprit de famille qui enrichit la vie et permet de passer à travers les épreuves plus facilement. Avec onze heures aller et onze heures retour, l’appel familial devient irrésistible.
Le lecteur qui comprend facilement la richesse d’une famille unie en a probablement une. Il est un peu triste de l’écrire, mais la solidité réelle qu’apporte une famille unie ne peut être vraiment comprise et pleinement saisie que par ceux qui en ont une. Certaines choses de la vie semblent ne pouvoir s’expliquer ou se transmettre, il faut les avoir vécues. On peut tout de même assurer qu’elles valent plus que 22 heures de route.
Une deuxième raison pour son retour que mentionne monsieur Quirion est « la qualité de vie à Saint-Georges, ville sécuritaire, tous les services, une belle ville pour y vivre et y élever des enfants ». On note en passant que les visiteurs provenant de l’extérieur mentionnent à tous les coups les passerelles, les différentes pistes et le Père Nature.
En interview avec…
« J’ai choisi de faire de la radio pour être plus apprécié que détesté par les gens ». Pas question d’être un style André Arthur. « Certains pourraient dire que je fais une radio complaisante, mais ça ne me fait rien ». Il s’agit simplement d’avertir à l’avance les Maxime Bernier de ce monde, et tous les autres, des questions potentiellement embarrassantes qui seront posées, et de leur permettre d’avoir une réponse. De cette façon, plus tard « je peux regarder n’importe qui dans les yeux et leur serrer la main ».
On pourrait qualifier la formule comme l’art de se faire des amis au lieu de se faire des ennemis.
Les plus meilleurs moments
Questionné pour savoir s’il y a eu de mauvais moments dans toutes ces interviews, la réponse est spontanément : « non », mais tout aussi rapidement vient la réponse à la question suivante, avant qu’elle ait été posée: les entrevues les plus plaisantes ont été Yvon Deschamps et Dominique Michel, « deux personnes agréables et très timides ». Autres bons souvenirs et surprises agréables.
Placide Poulin, de MAAX, quelqu’un de très bien, impressionnant ; Marcel Dutil, super sympathique, qui arrive pour une entrevue avec un grand calme, les manches roulées le dimanche matin. Un autre qui est venu récemment, Pierre Karl Péladeau qui a surpris par sa simplicité, et qui a fait le tour des bureaux au complet en appelant chacun par son prénom (qui était écrit sur la porte, mais la gentillesse est là).
« Quand tu parles à son attachée de presse, elle te dit, “y’é pas contrôlable”, ce qui veut dire qu’il ne suit pas nécessairement l’horaire, mais qu’il tient à échanger avec les gens qu’il rencontre, et qu’il place cet échange plus important que son horaire.
Une surprise
Jean-Michel Anctil qui peut être bête hors micro, mais qui est très gentil à micro ouvert.
Le plus décevant : Michel Louvain. Et même pas dans une interview. Roger Quirion a assisté au disgracieux, prétentieux et agressif spectacle de Michel Louvain, qui n’avait que deux ou trois cents billets de vendus, alors que l’aréna de Sept-Îles pouvait contenir 1200 personnes, et qui engueulait gérant et imprésario au téléphone, dans le studio de radio où Roger travaillait. Consternant !
Le bénévolat
On voit Roger Quirion maître de cérémonie un peu partout, la journée des aînés, le mérite de l’Ordre Georgien, chez IGA, bientôt à Saint-Éphrem, etc., « Je ne suis pas le genre de gars à l’aise avec l’argent », ce qui est important pour moi, c’est les rencontres, l’échange avec les gens ». Il y a des petits cadeaux, des remerciements et… c’est sûr que certaines fois, il y a du budget et c’est payant, mais ce n’est pas la majorité, ni le but.
Garder la forme
« Je suis un gars qui prône la forme, un mordu de la forme ». Les moyens de se garder en forme sont « discrets » comme il le formule : marche tous les jours pour aller au travail et en revenir, bicyclette, badminton et encore une fois cette année, le fameux défi des escaliers à Québec, en juin. Treize kilomètres de marche, parsemés d’escaliers à monter et descendre, totalisant 1800 marches, dont à un endroit, 400 marches, qui est gardée pour la dernière série.
Celui qui a également fait 2 marathons de Montréal se pratique dans les 110 marches à l’École Lacroix et au Parc des 7 chutes. « Je le fais pour moi. J’aime mieux être en forme que connaître tous les noms de pilules »
Lecture et émissions d’information pour se relaxer, mais qui en même temps « amène quelque chose de nouveau, un bagage de plus ».
En vrac
On apprend à bâtons rompus et du coq à l’âne que l’achat local est primordial pour lui, que son épouse Maryse et lui forment un couple d’une grande complémentarité avec une admirable division des tâches, que son père était très négatif, mais que cela l’a « fouetté » pour prouver qu’il « pouvait le faire », qu’il a été nommé directeur général de COOL-FM (« la station d’information en Beauce ») en septembre 2012, mais qu’il était le bras droit du précédent DG depuis des années… que son épouse et lui adorent les voyages.
Donc…
Une ligne directrice se dégage : Roger Quirion est un homme qui s’occupe de lui-même et se garde en forme pour garder une bonne santé, mais sans viser à la compétition ; un homme bien informé, pour mieux échanger avec son milieu et ainsi mutuellement s’enrichir ; un homme qui connait les leçons du passé et dont le présent est résolument tourné vers l’avenir.
Quelqu’un qui ne suit pas la mode, n’est pas influençable et est, selon ses mots un « contestataire sans que ça paraisse », bref, quelqu’un qui sait ce qu’il veut dans la vie.
Citation : « Tant et aussi longtemps qu’on aura la santé, il y aura des solutions aux problèmes ».
En terminant
En ces temps de commission Charbonneau où les révélations à répétitions semblent peinturer le monde entier en noir jour après jour, on en vient à se demander s’il reste encore quelques personnes « qui ont de l’allure ». Ne désespérez pas, il y en a. Je viens de vous en présenter un : Roger Quirion. Un monsieur.
Souriez ! La vie est belle.