CANARDS ILLIMITÉS IL Y A 30 ANS...
L’histoire se… renouvelle au marais Poulin
Tout le monde ou presque connait Canards Illimités. On voit même les tableaux en tirage, représentant des scènes de la nature, à la porte de certaines épiceries. Mais quelle est l’origine du mouvement ? Voilà qui est moins connu. Et quel rapport avec le marais Poulin ? On y viendra.
Le début
Ducks Unlimited a été fondé le 29 janvier1937, à Washington, DC, aux États-Unis par deux sportifs qui étaient inquiets de la disparition de milieux humides qui abritaient les oiseaux aquatiques qu’ils chassaient.
En mars de la même année, ils étaient déjà à Winnipeg, Manitoba. À ce jour, la majorité des membres et des contributeurs financiers de Ducks Unlimited sont des chasseurs d’oiseaux aquatiques.
Bien des années avant qu’un ex-premier ministre déchu payé par une pétrolière ne parle « d’environnementaleux », d’un ton méprisant, ce sont des chasseurs qui ont pris en main la conservation de l’environnement, conscients que leurs terrains de chasse devaient être préservés.
On oublie souvent que pour un chasseur, au moins 50 % du plaisir provient du fait d’être sur le terrain, de marcher dans le bois, de goûter le silence qui permet d’entendre les bruits de la forêt, de sentir qu’il fait partie de la nature. Ce n’est pas quelque chose qui s’apprend à la télévision ou sur l’asphalte. Il faut y avoir été, souvent avec un père, un oncle, un ami.
On y arrive
Ce n’est que 45 ans plus tard que le Québec recevait l’organisme, qui au début ne s’occupait que de la préservation des milieux abritant la sauvagine. En 1982.
Cette même année, il y a maintenant trente ans, un jeune médecin de Saint-Georges, Michel Poulin, un amant de la nature ‘naturel’ avait suivi l’expansion de Ducks Unlimited et contactait le tout nouvel organisme en provenance des États-Unis qui venait de s’implanter au Québec sous le nom de Canards illimités, et qui était prêt à appuyer des projets de conservation de milieux humides.
Il s’agissait de protéger trois hectares de marais. Le projet était beau, original, et cadrait parfaitement avec les objectifs de préservation que s’était donnés l’organisme. Ce fut un des premiers à être accepté.
Le projet initial
Un milieu humide demande un certain niveau d’eau. C’est évident. Il s’agissait donc d’un ouvrage de contrôle de niveau d’eau. L’ouvrage fut réalisé grâce à un budget de 15 000 $ provenant du Québec, mais aussi de Ducks Unlimited aux États-Unis. Principalement constitué d’un gros tuyau de métal, la construction dura trente ans.
Pourquoi ?
On peut se demander pourquoi il faut protéger un marais. La raison est simple et complexe. Tout dans la nature est lié, mais l’eau est la base de la vie. Tout commence dans les milieux humides.
De plus, principe vital, il faut un certain espace pour le développement total. Autrement dit, si l’espace n’est pas suffisant, la nature refuse d’opérer. Il n’y a pas de discussions ou d’argumentations à avoir sur ce point, c’est un fait connu.
Seuls de joyeux imbéciles grassement payés et fiers de leur ignorance se permettent de remettre des millions d’années d’évolution en question, visant des profits à court terme qui se révéleront des gouffres financiers et environnementaux à court, moyen et long terme.
Tuyau magané, magané
Canards illimités a maintenant environ 200 projets au Québec. Beaucoup, parti il y a trente ans, arrivent à terme. Depuis 2009, le remplacement de l’ouvrage de contrôle du niveau d’eau actuel devenu désuet était prévu. Évalué à 57 000 $. Les choses étant ce quelles sont, il y a eu des délais et l’ouvrage a été terminé à la mi-décembre 2012, avec un coût de 75 000 $.
Consolation, il est fait pour durer 100 ans.
Difficile à comprendre
On se questionne quelquefois sur la motivation de certaines personnes. L’achat de plusieurs hectares, principalement de marais, en 1966, et en 1972, pour en arriver plus tard à une entente de conservation est assez visionnaire. Il faut savoir que le but est de rester propriétaire du domaine, mais d’inclure le terrain dans une loi pour que tout soit préservé tel quel. Que la nature soit.
Certains individus ont une extrême difficulté à comprendre le principe de conserver la vie. On pense aux Japonais qui ont une incapacité quasi cellulaire à saisir le fait que tuer les baleines de façon industrielle peut éliminer la race. Tuer les baleines est une façon de vivre. Rien d’autre ne compte.
Donc, qu’un propriétaire abandonne son droit de développer, autrement dit de faire de l’argent, pour le consacrer à la perpétuation de la nature qui nous permet de vivre, est totalement au-delà de la compréhension de bien des gens. Canards illimités et les propriétaires, messieurs Michel et Jean Poulin, ont signé une entente de conservation de 20 ans qui permet d’en assurer la protection à long terme.
Nouvel ouvrage
L’ouvrage est plus important qu’il n’y parait. Les trois hectares que l’ouvrage va contribuer à préserver sont importants, étant donné que la MRC Beauce-Sartigan ne compte que 36 hectares de marais. Il permettra d’élever d’un pied et demi (46 cm) le niveau de l’eau. Des dizaines d’espèces de plus pourront y trouver refuge.
On rappelle que les marais sont essentiels à la vie. Voulant dire Vie avec un V majuscule. Rassurez-vous, il y a quand même des endroits secs où une route peut passer et qui permet d’apprécier la richesse de la diversité, ou simplement le calme de l’endroit.
C’est sur cette route que nous nous sommes rendus, une avant-midi bénie par une merveilleuse température : environ 0 degré, et pistes de chevreuils et de… toutes sortes d’autres animaux.
Il n’y a rien qui remplace l’expérience de marcher la nature. Vous ne pouvez offrir un meilleur legs à vos enfants et petits-enfants.