UNE AUDIENCE DANS UNE BULLE
La société lyrique de Beauce reçoit
Par: Joffre Grondin

Le Choeur de la Colline et la Société lyrique de Beauce ont chanté Noël ensemble
Dimanche après-midi dernier, le 9 décembre, l’église de Saint-Georges était emplie à pleine capacité… pour un spectacle, car c’en était un. Toutes les personnes ayant un corps physique étaient au centre, quelques uns sur les côtés ou à la première rangée du balcon et les anges, les trônes, les dominations, des dizaines de chérubins et plusieurs anciens concitoyens — j’ai cru apercevoir monseigneur Beaudoin et le bon curé Duval — de passage se tenaient sur les côtés, parce qu’ils peuvent maintenant voir à travers des colonnes, ce qui est pratique.
Tout ce beau monde ne s’était pas déplacé pour rien. Le Choeur de la Colline était reçu par la Société lyrique de Beauce. Les deux formations ont beaucoup de points en commun, en plus de leurs hauts standards de qualité. Ils présentent chaque année « des concerts de Noël comprenant des airs connus, des Noëls anciens et des chants provenant d’autres pays ». C’est la présidente du Choeur qui le dit, mais c’est un point que partagent les deux.
La directrice, Marie Coulombe, rajoute : « Il semblait donc naturel que nous nous associions pour présenter ce concert élaboré autour de musiques faites pour souligner avec superbe ce temps sacré qu’est Noël ». Le fait que deux soeurs fassent partie de chacun des groupes a contribué à créer le pont.
C’était-y bon ?
Pour ceux qui n’y étaient pas, c’était superbe. Si vous y étiez, vous le savez déjà. La qualité vocale, mais aussi la variété, le mouvement. Mouvement dans le sens que les deux choeurs avaient 6 pièces chacun en première partie. Le temps de se mettre en appétit et pouf, partis. C’est toujours mieux de rester sur notre faim.
Le Choeur de la Colline a débuté. Les invités en premier. Bidi Bom, Christmas on Broadway, un Noël autrichien, un mix de Tchaikovski tiré de Casse-noisette, la Danse à St-Dilon dans laquelle on pouvait comprendre toutes les paroles, si vous ne les saviez pas déjà.
Toutes les pièces étaient belles, mais un coup de coeur, The Christmas Song, en français Joyeux Noël de Mel Tormé et Robert Wells (écrit en 40 minutes, en plein été).

Le directeur, Vincent Quirion est très expressif
Du même calibre provoquant le même plaisir, la Société lyrique a pris le plancher, ou les planches. Encore là, toutes les pièces étaient bien arrangées et bien rendues, mais celles de John Rutter touchent une corde sensible. On parle de quelqu’un né en 1945, et non de Bach. Tapez John Rutter sur Google, ça vaut la peine.
Cependant, la pièce qui clôt l’exercice, We Wish you a Merry Christmas est vraiment bien. Le changement de rythme, l’accélération, la synchronisation des paroles, claires même à une rapidité qui aurait pu leur causer un ticket pour vitesse s’il y avait eu un policier en devoir dans la salle, était enlevante. Lors de la pratique la semaine précédente, on pouvait d’ailleurs entendre les rires spontanés des membres à la fin de la pièce.
Le tout demeure une question de goût. Chaque spectateur avait une appréciation différente totalement justifiée par sa perception particulière, mais toutes les personnes dans l’audience appréciaient à leur façon. C’est pourquoi, concert après concert, année après année, les gens reviennent. Ils ont été nourris. Chacun a pu choisir dans le grand buffet de la Société ce qui lui convenait.

La directrice du Choeur de la colline est très énergique, en plus de posséder une voix d’opéra.
Les deux ensembles
Les deux choeurs n’avaient pas le même nombre de choristes. La balance des voix est un peu différente, le Choeur de la Colline ayant le même nombre de voix d’hommes et moins de sopranos que la Société lyrique et moins de sopranos, le son global de chaque choeur est un peu différent, mais tout aussi agréable.
Par contre, si les deux choeurs sont ensemble, le mélange est plus qu’intéressant. Il s’agit de 115 voix. Pour le Choeur des anges, de Rutter, que voulez-vous, 83 voix de femmes nous l’ont offert.
Pour saisir l’appréciation de l’audience, il n’est absolument pas nécessaire d’attendre les applaudissements, il s’agit de regarder attentivement les spectateurs durant la prestation. Ce que ces visages révélaient était une élévation de l’âme. Désolé pour l’incursion dans le spirituel, mais c’est ça qu’est ça. C’est ce que l’audience ressent.
Minuit chrétiens était inévitable. Marie Coulombe a une voix d’opéra admirablement cultivée ; sa prestation était impressionnante.
(Ne le dites à personne, mais pour cette chanson, mon héros, c’est Pierre Verreault).
Il n’y avait que trois musiciens, je vous le jure (avec un H majuscule) : Josée Tardif au piano, Philippe Amyot au violon et Daniel Marcoux à la contrebasse. On aurait dit qu’ils étaient beaucoup plus, tant les musiciens et les orchestrations étaient efficaces.

Repas et chansons de tous les styles rassemblant les deux choeurs, dans une ambiance détendue.
Le party
Un repas avait été prévu à la salle paroissiale après le concert pour les deux groupes. Ces rencontres sont assez particulières. Il est prévisible qu’après, ou vers la fin du repas, quelques-uns ne pourront se retenir de chanter et entraîneront tous les autres. Le simple quidam qui se trouve dans la salle baigne soudain dans une mer d’harmonie venant de tous les côtés, plus qu’en quadriphonie, mettons en touteslesphonies à la fois.
On pourrait appeler ça la cerise sur le sundae.