APMHCumberland
La fleur qui plantait des arbres
Par: Joffre Grondin

Un certain vendredi après-midi de mai, un rendez-vous un peu spécial, en plein bois
Par un vendredi après-midi de mai extraordinaire, lire beau et chaud, ils étaient 72 à « foxer » légalement l’école pour une bonne cause, dont deux professeurs du PEI. Deux autobus pleins. Personne ne portait de carré rouge, mais des « bottes à tuyaux ». En plein bois. Que faisaient-ils là ? Après trois ans d’efforts, la phase reboisement de l’Association pour la protection des milieux humides de la Cumberland (APMHC) allait commencer avec eux.
En plus du président de l’APMHC) Jean Poulin, qui était partout à la fois, une dizaine de moniteurs les attendaient, dont Bérénice Doyon, biologiste, là « pour allumer l’étincelle des jeunes » en leur donnant diverses explications supplémentaires. Restaurer le milieu est très complexe, mais la première étape est de stabiliser l’eau. La plantation d’arbres est évidemment indispensable.
Avec la collaboration des élèves et professeurs du Programme d’éducation internationale (PEI), deux classes de 1ere et 2e secondaire, accompagnés des professeurs d’Univers social étaient sur place pour reboiser une route de 800 mètres de longueur construite pour un développement résidentiel. Trois ans de rebondissements divers plus tard, le milieu humide est sauvé, du moins en bonne voie de l’être et la route redeviendra bois et tourbière.
Le PEI en action
Pourquoi eux ? Bernard Turcotte, enseignant, informe qu’une partie du cours d’Univers social concerne la protection des territoires et que d’autre part, les élèves de PEI ont des heures de travail communautaire dans leur programme. Quoi de mieux donc que de combiner les deux. C’est pourquoi il se trouvait là, avec son confrère Steve Breton et les 70 élèves.
Des centaines voyages des terres — nécessitant une impressionnante coordination — ont été étendus pour recouvrir la route. Cinq à six espèces d’arbres dont des épinettes noires et des mélèzes laricin seront plantés, mais pas n’importe où et surtout pas en rangée. Il s’agit ici de recréer un milieu naturel, de sauver le dernier milieu humide de la région : 200 espèces y vivent.

Denis Dessaint et le président de l’APMHC, Jean Poulin s’assurent que tout est fin prêt.
On y va !
La plantation sera faite par les groupes de 10 personnes que l’on vient de constituer et qui se dispersent sur les 800 mètres qui se déroulent en pente douce qui se termine par un petit lac et une clairière. Les carottes de différentes espèces ont déjà été placées dans des bacs le long du parcours par les organisateurs et les moniteurs. La planification est impeccable.
Armées de baguettes pour évaluer la distance — il faut respecter une distance de 1,40 à 2 mètres entre chaque arbre — et de différents modèles de plantoirs, les équipes de dix se dispersent sur le terrain avec leur matériel, leur curiosité d’apprendre et leur joie de vivre.
Les uns ou les unes mesurent, font les trous, les autres y placent la carotte qui doit être au ras du sol et le sol lui-même bien compacté, sans poche d’air, si on veut que le bébé survive. Quand le sol est trop dur, il s’agit parfois d’argile compactée, on creuse un peu plus loin.
C’est assez extraordinaire de constater l’efficacité de tous ces jeunes qui travaillent efficacement dans la plus grande détente.
On descend vers le lac
On sait que les filles sont réputées pour faire plusieurs choses à la fois avec facilité, comme conter une histoire, mesurer, aller chercher un plant, répondre à une amie, voir le photographe qui arrive, avertir le moniteur et se placer toutes ensembles spontanément en un éclair pour une photo et réussir une disposition très photogénique avec accessoires et sourires.

Le photographe n’avait fait aucun bruit, je vous assure, mais rien ne leur échappe!
Moment têtard
En essayant d’attraper des têtards, trois travailleuses en pause ont brouillé l’eau sans malice. Arrive Jean Poulin qui explique que quand il y a de la vase en suspension dans l’eau trop longtemps, les «queues de poëlon» ne peuvent survivre. Comme de l’air très pollué pour l’Homme finalement. Stupéfaction de la part des « brouilleuses » qui n’avaient pas vu les choses sous cet angle.
Le contact avec la nature nous apprend de petites et grandes leçons qui nous suivent toute notre vie.
En descendant la pente, c’est en regardant la forêt de chaque côté qu’on peut prendre conscience du nombre d’arbres nécessaires pour refaire une forêt.
Résultats
En un peu plus de deux heures, des centaines et des centaines d’arbres ont été mis en terre par 70 jeunes parmi lesquels sont plusieurs des futurs décideurs de la société. En ayant appris, vécu, travaillé et contribué à protéger le territoire, ils auront compris plus qu’aucune autre génération l’importance de la nature pour la survie de l’humanité.
Pour revenir au titre, c’est la fleur de notre jeunesse qui a refait la forêt… pour les pratiquer à refaire la société qui en a bien besoin.
Finalement, il faut savoir ce qu’est une tourbière. Voici donc…
Tourbière 101 en 4 phrases.
Fait avec des sphaignes qui se décomposent. Les sphaignes, c’est la mousse verte toujours pleine d’eau dans le bois. Ça diminue le CO2dans l’air de façon très importante. Ça prend entre 1,000 et 7,000 ans pour en faire une. Ne pas déranger svp.

Un qui creuse, un qui mesure et un qui plante. Ça c’est du travail d’équipe.
Version plus longue de la tourbière
Une tourbière est une zone humide caractérisée par l’accumulation progressive de la tourbe, produit de la fossilisation de débris végétaux comme diverses espèces de sphaignes, sol caractérisé par sa très forte teneur en matière organique d’origine végétale. C’est un écosystème particulier et fragile dont les caractéristiques en font un puits de carbone.
Puits de carbone
Un puits de carbone ou puits CO2 est un réservoir de carbone qui absorbe le carbone de l’atmosphère et donc contribue à diminuer la quantité de CO2 atmosphérique.
Sphaignes
Les sphaignes sont des mousses qui forment des coussins verts, parfois rougeâtres, gorgés d’eau. Les sphaignes, organismes végétaux sans racines ni vrais tissus conducteurs, ont une croissance continue par leur extrémité apicale alors qu’elles meurent par leur base accumulant ainsi la matière organique peu décomposée dans un milieu humide acide et qui manque d’oxygène (anoxique).