COMME LE VENT
Journée du travail invisible
Par: Joffre Grondin

Claire Fouquet, docteure en génétique, bénévole, membre du comité pour le Musée des Lilas, experte en broderie et courtepointe, la veste en pleine mutation qu'elle porte est de sa fabrication.
Si vous parlez à des gens près de vous de la Journée nationale du travail invisible aux personnes que vous côtoyez tous les jours, les chances sont très grandes que des sourcils levés soient votre seule réponse. Un peu comme le vent dont on voit les effets sans le voir lui-même, le travail fait est constaté en prenant tellement pour acquis les bénévoles, qu’on en vient à ne plus voir la valeur de leur travail. Ils deviennent invisibles.
Cette douzième journée — toujours le 3 avril — vise à faire reconnaître le travail non rémunéré des parents et des aidantEs auprès de leurs proches âgés, en perte d’autonomie, malades ou handicapés, et l’ensemble du bénévolat accompli dans la communauté.
Entre en scène l’Afeas
Comme il est de notoriété publique que la gent féminine accomplit la majorité de ce travail, il convenait que l’Afeas (Association féminine d’éducation et d’action sociale), une organisation qui regroupe 10 000 Québécoises de tous les milieux, tienne à souligner ce travail invisible en organisant des activités à travers le Québec pour dire merci à tous ceux qui accomplissent jour après jour cet indispensable apport à la société.
Déjeuner-conférence
Des quelque cent-dix membres de la section locale de l’Afeas, une trentaine étaient attablés dans un restaurant de Saint-Georges, ce mardi pour un déjeuner-conférence de madame Claire Fouquet, sur son parcours de bénévole.

Un bien beau décor pour un déjeuner
Si la lecture de la brève biographie fournie pouvait être impressionnante, la causerie l’était également. Le vocable le plus juste pour la décrire serait probablement le mot « inspirante ». Le tourbillon d’activité qu’elle déploie dans divers domaines était inspirant par le plaisir évident qu’elle dégageait simplement en partageant son expérience.
Qui est-elle en bref
Claire Fouquet a obtenu un doctorat en génétique en Californie et fait de la recherche et de l’enseignement. Après une dizaine d’années dans cet État, elle déménage dans le Maine où elle fait de l’horticulture et commence à faire de la courtepointe et des vêtements. Elle gagne un premier et deuxième prix pour ses oeuvres.
De retour à Saint-Georges en 2005, son bénévolat débute. Elle sera bénévole, membre du CA, trésorière, puis présidente de l’Association des Bénévoles de l’hôpital ; ensuite présidente des Fermières, membre de la société d’Horticulture, des Jardiniers de l’île et du comité pour le Musée des Lilas, elle a de plus trouvé le temps de monter des sites Internet pour plusieurs associations.
Elle révèle que sa façon d’apprendre et de faire de la recherche lui vient de son père et que sa mère lui a inculqué que dans tout, « on peut toujours s’essayer ».
Elle s’enflamme en parlant du Musée des Lilas alors que Saint-Georges, en 2015, abritera 1000 cultivars différents de lilas. « Le projet est unique au monde », affirme-t-elle. Également unique au monde sera la plaque d’identification sur chaque plan, que l’on pourra lire avec un cellulaire et avoir l’information sur internet instantanément. Unique au monde aussi.

Hé! Raffiné jusqu'au bout des pieds.
Comme ce sera la plus grande collection au monde, il y aura un grand besoin de bénévoles.
Le sujet est lancé
« Où est la relève » lance-t-elle ? Autrefois, c’était normal de faire du bénévolat. Les bénévoles de moins de trente ans sont rares, et elle décrit les baby-boomers comme des « moi, moi, moi » très souvent. Comment donc trouver des recrues ? Le meilleur moyen, « c’est presque toujours le bouche à oreille ».
D’après Claire Fouquet, quand on devient bénévole, il faut choisir l’activité « dans ce que vous pouvez faire, selon vos habiletés ». Ensuite, « soyez des ambassadeurs, dites pourquoi c’est l’fun ». Il faut trouver la cause qu’on aime pour ensuite y mettre le temps qui nous convient.
Beaucoup de gens vont profiter du travail des bénévoles, mais pour choisir une cause, prévient-elle, « n’y allez pas parce qu’ils sont mal pris ». Il faut que ce soit agréable, « quand on a du fun, on ne compte pas ses heures ».
Parmi les questions de l’assistance, l’une s’informe sur la provenance de la superbe veste de la conférencière. Elle l’a fait elle-même et elle explique la technique utilisée. Tout le monde a l’air de comprendre excepté le journaliste.

De dos comme de face, un travail minutieux
Vous savez maintenant quoi faire. Le bouche à oreille vous atteindra, probablement au moment où vous y attendrez le moins. Vous faites ce que vous savez faire et que vous aimez faire. La vie est à vous.
On est loin d’Yvon Deschamps et de son nonovolat. Me semblait aussi que c’était juste pour rire.
Anecdote
Le sujet du jour étant le travail invisible, une femme dans la salle lance « On a Marie-Claude qui est en train de faire un travail invisible qui va devenir visible… ». Tous les regards se tournent vers ladite Marie-Claude, et la dame termine « … un petit bébé ». Sourires.