Ciel couvert pour le souvenir
Par: Joffre Grondin

Les soldats se souviennent de leurs frères d’armes. Soldats, sous-officiers et officiers, plusieurs décorés, se découvrent en signe de respect.
Tous les 11 novembre, plusieurs pays dans le monde rendent un hommage aux membres des forces armées qui sont décédés en service. Cette année encore, une cérémonie spéciale s’est tenue à Saint-Georges sur la Place des Vétérans située du côté ouest, près du pont, en présence de divers dignitaires et de militaires, sans oublier nos deux députés-ministres. Les photos témoignent de la très grande variété de la représentation à cet événement très particulier.
Hymne national et sonnerie de l’appel aux morts, des discours, le rappel des soldats morts en devoir et le dépôt de couronnes de fleurs au pied du cénotaphe se sont succédé. Quelques anciens combattants et des membres de la Légion canadienne accompagnés par des élus déposaient les couronnes à tour de rôle avec solennité.
Les royaux avions
Très bien synchronisé dans le temps, un escadron de cinq avions a survolé le site; on aurait pu croire qu’ils étaient envoyés par ce qui était anciennement connu sous le nom de Commandement aérien des Forces canadiennes et qu’on appelle depuis cette année l’Aviation royale du Canada, mais en fait, c’était un hommage du Club aéronautique de Beauce.

La Gendarmerie royale était présente.
Le plafond des nuages était bas, le temps quand même assez froid. Un léger crachin menaçait constamment de tourner en pluie avant la fin de la cérémonie, mais s’est heureusement retenu. Temps idéal pour un événement finalement assez sombre.
Les décédés
La liste des soldats de chez nous qui ont trouvé la mort au combat est gravée sur le cénotaphe. Ils sont assez peu nombreux, heureusement, et il est d’usage de se recueillir un moment quand un militaire, d’une voix forte, en fait la lecture, et qu’un autre répond « tombé au combat ».
C’est seulement en scrutant le visage d’une veuve ou d’un vétéran qui a connu la guerre de près qu’on peut saisir l’impact émotionnel que l’atrocité de la guerre a gravé en eux, un peu comme les noms sont gravés sur le cénotaphe. Eux n’oublient pas.

Le corps policier de Saint-Georges était là. On reconnaît Mario Thiboutot à gauche
1939-1945 Jean-Louis Garant
Une histoire de famille, mais celle-ci rigoureusement documenté par l’historien André Garant qui nous rappelle le curriculum du soldat Garant.
Né en 1924, il était le fils de William Garant et de Marie Grondin de Saint-Georges. Engagé comme volontaire au sein du 22e Régiment de Châteauguay, il a fait la campagne de Sicile. Il est décédé le 30 septembre 1943 à l’âge de 19 ans. Il fut inhumé au cimetière militaire de Tripoli en Afrique du Nord, tombe 20, rangée E, lot 7.

Un militaire décoré impressionnant, sur fond d’élus
La guerre en Afghanistan
Il n’y a qu’un nom de gravé pour cette guerre et c’est un nom de trop. Il s’agit du tout jeune Soldat Étienne Gonthier décédé en Afghanistan. Espérons au moins que ce soit le dernier à être gravé sur le cénotaphe.
Le coquelicot, symbole du jour du Souvenir
Le coquelicot, symbole du jour du Souvenir, était déjà un symbole de la mort et du renouveau avant la Première Guerre mondiale. Ses graines peuvent rester dormantes dans le sol pendant des années, mais elles poussent en abondance quand la terre est retournée.
Quand les tirs d’artillerie commencent à secouer la terre à la fin de 1914, les champs des Flandres et du Nord de la France se couvrent de coquelicots rouges.
En mai 1915, le major du Corps médical canadien, médecin et biologiste John McCrae souffle un peu à la fin d’une journée de bombardements terribles durant la bataille des Flandres.
Inspiré par la vue du champ de bataille parsemé de coquelicots, il écrit le poème In Flanders Fields en 20 minutes. Cela deviendra le plus célèbre poème de guerre, le symbole d’une génération fauchée dans la fleur de l’âge.

La Sûreté du Québec était là aussi.
Devenu lieutenant-colonel, John McCrae est emporté par une pneumonie en cinq jours. Il meurt le 28 janvier 1918.
Curiosités
On retrouve deux vers de ce poème dans le vestiaire du Canadien de Montréal, sous les photos des joueurs qui ont été admis au Temple de la renommée du hockey. Les voici : « Nos bras meurtris vous tendent le flambeau, à vous toujours de le porter bien haut. »
Ce n’est pas imprimé très gros, mais on retrouve la première strophe sur les billets de dix dollars, près de la colombe, dans les deux langues officielles.