MAÏS, IROQUOIS ET FADOQ
Il est venu le temps des… épluchettes
Par: Joffre Grondin

Le meilleur blé d'Inde avec ces petites choses qui permettent de ne pas se brûler les doigts et les garder propres.
Tradition à perpétuer, la saison des épluchettes est arrivée. Héritage direct de nos ancêtres amérindiens, le maïs ou blé d’Inde est la plante la plus cultivée au monde et nous permet de faire de « bins beaux partys ». Fin d’été début d’automne, toutes les excuses sont bonnes pour en faire et c’est bien. Il s’agit de doser la combinaison blé d’Inde et liquide avec précaution.
L’épluchette permet de promouvoir des interactions sociales stimulantes, autrement dit, quand tu vas à une épluchette, tu peux parler à plein de monde pour sentir que tu n’es pas seulement un individu seul dans ta tête, mais que tu fais aussi partie d’une collectivité avec laquelle tu partages des intérêts et des points de vue communs.

Pour avoir une épluchette, il faut commencer par éplucher. Les sourires ne sont pas pour la caméra.
Comme le dit Yves Caron, le président la Fadoq de Saint-Georges, ces rencontres font que « tu brises l’isolement ». Et il ajoute avec grande justesse que « c’est pas une épluchette, c’est une rencontre de jasette ». Saisir l’essence c’est ça.
On ne peut assister à toutes les épluchettes, mais pour commencer l’année, j’ai participé à l’épluchette de la Fadoq. De plus, le lieu choisi était tout près de la presque cathédrale de Saint-Georges, ce qui donne un indice sur la mélodie du titre de l’article.

Ça vient ces épis !
Il existe de nombreuses variations d’épluchettes. Celle-ci consistait en un repas complet trois services : Soupe, blé d’Inde, dessert au lieu de steak, blé d’Inde, patates. Le plat principal semblait toutefois être la conversation.
Presque toutes les places étaient occupées et après le repas les tables ont cédé la place à différents jeux… non violents. Tout le monde est reparti très heureux de sa journée.

Pendant ce temps, à l'intérieur de la salle paroissiale, on en profitait pour renouveler les inscriptions.
Qui a commencé la tradition des épluchettes, on ne sait pas. Cependant, il est connu que le maïs formait la base de l’alimentation des autochtones. Une courte recherche de ce côté et on apprend ceci.
Origine : parlons des Iroquois
Les trois principales cultures traditionnelles des Iroquois étaient les « trois soeurs », un bel exemple de plantes compagnes — elles s’aident l’une l’autre — puisqu’on y trouve un exemple de fertilisation, support et paillage simultané : la courge, le maïs et le haricot. Dans leur tradition, c’était une trinité divine qui avait jailli de la tombe de la Terre mère, morte d’avoir enfanté les jumeaux Bien et Mal.
Ajoutons tout de suite que selon Wikipédia, d’un point de vue diététique, « les trois sœurs constituent un régime équilibré, les haricots apportant les deux seuls acides aminés qui ne soient pas présents dans le maïs : la lysine et le tryptophane ».

Une partie de la salle. On attend la soupe.
L’époque ne permettait pas de connaître les acides aminés, mais ils avaient quand même mis au point un régime équilibré. Loin d’être primitif. De plus, la façon dont la culture était faite est également surprenante. Voici comment ils procédaient.
Pour les agriculteurs dans l’âme
Les trois espèces sont plantées ensemble. On plante les graines de maïs espacés de 50 cm en tous sens. Quand le maïs atteint 15 cm de haut, on sème les courges et les haricots tout autour en alternant les deux espèces.

" C'est pas une épluchette, c'est une rencontre jasette ". Yves Caron, président
Comment cela profite aux trois espèces ? Citons Wikipédia.
« Les tiges de maïs servent de support aux haricots grimpants, ce qui évite de mettre en place des tuteurs, les haricots, grâce à leurs nodosités racinaires enrichissent le sol en azote ce qui favorise la croissance des deux autres cultures et les courges étalent leur large feuillage sur le sol, captant le rayonnement solaire, ce qui a un triple effet : d’une part d’inhiber la croissance des mauvaises herbes; d’autre part, en formant une sorte de paillis vivant, de créer un microclimat qui retient l’humidité dans le sol ; enfin, leurs épines protègent l’ensemble des herbivores ».

La fadoq possède une impressionnante banque de photos. Quand il ne s'occupe pas des inscriptions, Gilles Roy s'occupe de la banque... de photos.
C’est pas beautiful ça ! Est-ce que quelqu’un fait encore ça quelque part ? Espérons qu’il se trouvera au moins une personne qui ne pourra résister à faire l’expérience. Beauce Magazine aura-t-il un potager iroquois l’an prochain ? Comme dirait Amadeus, le cochon savant de Rock Daigle que l’on peut voir ici https://beaucemagazine.com/?p=3776 : « Qui vivra verrat ».