Patrimoine bâti. À Toronto, on a compris !

Par : Rolland Bouffard, collaboration spéciale
Au cours des dernières années, j’ai eu l’occasion de visiter Toronto assez souvent et de voir l’évolution de cette ville. Depuis que Montréal a perdu le titre de Métropole du Canada, Toronto a connu un développement fulgurant. Il y a toujours une quarantaine de grues dans le décor. La ville ressemble à une forêt d’édifices de 40 à 50 étages. En effet, elle possède plus de 1 700 bâtiments de plus de 90 mètres de hauteur. On respecte aussi le patrimoine bâti.
Il y a une cinquantaine d’années, Toronto était une bourgade comptant quelques centaines de mille habitants, située en bordure du lac Ontario.
Les bars fermaient à minuit. On la surnommait la prude Ville Reine.
Au courant des années, j’ai observé l’évolution de la construction dans les quartiers de Toronto. J’ai une collection de photos que je reproduis en fichier PowerPoint à la fin de cet article. Toronto possède des bâtiments intéressants, dont plusieurs constructions anciennes datent des années 1800.
L’hôtel Clarion, rue Sherbourne.

L’histoire de l’hôtel Clarion est intéressante. La partie arrière de l’hôtel, situé sur la rue Sherbourne où j’ai eu l’occasion de séjourner quelques fois, a été démolie. Par contre, on a conservé la partie avant, qui a été intégrée à un édifice d’une cinquantaine d’étages construit en arrière.
J’ai encore en souvenir la décoration intérieure à l’entrée, et aussi de cet escalier en bois sculpté, situé dans la partie avant, qui menait de la réception aux étages.
Ernest Hemingway, écrivain américain, né en banlieue de Chicago, journaliste et correspondant de guerre qui a vécu quelques années en Europe et à Cuba, logeait à l’hôtel Clarion lors de ses visites à Toronto. Une chambre portait son nom.
Au coin de College Street.

Cet autre édifice sauvé, au coin de College Street et Yonge, à quelques centaines de mètres du Maple Leaf Garden, a aussi eu une destinée remarquable. La partie avant a été intégrée à la devanture d’un gratte-ciel de plusieurs étages.
La climatisation à l’eau froide.

Assez originale; au lieu d’utiliser des systèmes de climatisation à gaz compressés, plusieurs édifices du centre-ville, près du lac, sont climatisés à partir de l’eau froide du lac Ontario. On a installé un réseau de tuyaux d’aqueduc qui vont puiser l’eau froide au fond du lac pour la faire circuler dans les édifices et la retourner au lac.
À Québec, on l’a échappé.
À Québec, proclamée la plus belle ville en Amérique du Nord, l’Accent d’Amérique, on a réussi un remarquable gâchis. Par exemple, le dossier de l’église Saint-Cœur-de-Marie.
Le promoteur Louis Lessard a proposé neuf projets différents pour la construction d’un édifice en y intégrant la façade de l’église. Mais à cause d’un différend avec l’administration municipale et les années de procédures, l’eau s’est infiltrée à travers les pierres et le gel a rendu le bâtiment dangereux, justifiant la démolition.
Les plans du promoteur étaient semblables à ceux que l’on peut voir à Toronto et ils auraient sauvé le bâtiment historique.

En comparaison, voici des photos éloquentes publiées dans le journal Québec Urbain du 16 mars 2017.
Journal Québec Urbain : https://www.quebecurbain.qc.ca/2017/03/16/eglise-saint-coeur-de-marie-les-9-travaux/
La Beauce aurait des leçons à retenir.

Depuis les dernières années, des bâtiments historiques ont été parfois démolis sans réfléchir à la valeur patrimoniale. Pensons à la maison Chabot de Vallée-Jonction. D’autres bâtiments faisant partie de l’histoire de la Beauce sont aussi en danger.
Par exemple, le Château Beauce a certainement une ressemblance avec l’hôtel Clarion de Toronto ou, encore, avec les autres bâtiments qui ont été préservés de la démolition dans cette ville. Il y aurait possibilité de conserver la partie avant du Château Beauce et de construire en hauteur en arrière.
À remarquer que l’on pourrait croire que le Château Beauce serait plus en sécurité s’il était situé au centre-ville de Toronto !
En fichier PowerPoint, plus de photos des constructions et des projets. Cliquer sur ce lien : Fichier Toronto patrimoine bâti Web.pps
Autre lecture : Loi sur le patrimoine, Gouvernement Taschereau 1922.
Loi Monument historique, L. A. Taschereau
21 mars 1922
Entrée en vigueur de la Loi relative à la conservation des monuments historiques

Le gouvernement libéral de Louis-Alexandre Taschereau fait adopter par l’Assemblée législative une loi qui assure la protection et la conservation des monuments historiques et artistiques du Québec.
Le gouvernement met de l’avant les notions de patrimoine et d’intérêt national. Avec cette loi, le Québec devient la première province à mettre de l’avant une politique de conservation des monuments historiques et à reconnaître le caractère historique ou artistique d’une oeuvre ou d’un monument. L’année suivante, le gouvernement mettra sur pied la Commission de conservation des monuments historiques.
Source, Les éphémérides : http://www.lessignets.com/signetsdiane/calendrier/mars/21.htm