Décès de l’ex-caporal Bertrand Grenier
Par: Yvon Thibodeau, collaboration spéciale.

Bertrand Grenier, décédé à l’âge de 94 ans, était le dernier militaire né en Beauce, à avoir combattu sur un Champs de bataille en France, en Hollande et en Allemagne au cours de la Seconde Guerre mondiale. Photo prise en 2012 par Yvon Thibodeau.
Yvon Thibodeau, collaboration spéciale
Le dernier militaire beauceron à avoir combattu l’Armée d’Adolf Hitler en Europe au cours de la Deuxième Guerre mondiale s’est éteint le neuf août dernier, à l’âge de 94 ans.
Lorsque le Canada a déclaré la guerre à l’Allemagne, le 10 septembre 1939, Bertrand Grenier venait à peine d’avoir 15 ans. Aussitôt qu’il eut atteint l’âge de 18 ans, ce dernier prit la décision de s’engager sur une base volontaire, au sein des Forces armées canadiennes. Celui que ses camarades de la « Légion royale canadienne Filiale La Beauce » surnommaient affectueusement « Le Vieux Sage » était doté d’un excellent sens de l’humour. « Lorsque j’ai voulu faire application afin de devenir pilote dans l’aviation, étant donné que je n’avais qu’une cinquième année, on m’a dit que la seule chose que j’allais piloter serait une moppe ou un balai » se plaisait-il à rappeler. Natif de Saint-Côme de Beauce, Bertrand Grenier aurait bien aimé joindre les rangs du Régiment de la Chaudière, mais étant donné que les Fusiliers Mont-Royal venaient de subir de lourdes pertes en vies humaines, c’est au sein de cette unité, basée en Belgique, que le soldat Grenier débuta sa carrière militaire. « Pour la traversée en Europe, nous sommes embarqués sur le Queen Mary I. Nous étions 12 000 militaires, et 3 000 membres de l’équipage. Ça équivalait à peu près à la population de la Beauce en 1943 », se souvient-il.
La question qui est souvent posée aux militaires qui ont effectué des missions de combat est la suivante : « Avez-vous déjà tué d’autres soldats ? » Bertrand Grenier nous avouait que la guerre qui est vécue sur le terrain est loin de ressembler à celle qu’on voit dans les films. « Lorsque nous faisions feu sur nos ennemis, nous n’avions pas souvent le temps de commencer à viser. Nous tirions dans le tas et il devenait alors impossible de savoir qui avait atteint ceux qui tombaient. Et c’était probablement mieux comme çà ! Même si nos carabines étaient munies de baïonnettes, nous n’avons heureusement jamais eu à nous en servir, car il n’y avait pas souvent de corps à corps ».
Quant à ceux qui s’imaginent qu’une fois la bataille terminée, les vainqueurs en profitent pour « faire les poches » de leurs adversaires, il ne fut jamais témoin de tels actes. « Nous n’avions pas le temps de prendre les objets sur les soldats allemands qui étaient morts. Nous devions nous déplacer rapidement, car un soldat qui n’avance pas devient une cible facile à atteindre. De plus, si nous avions été faits prisonniers par les Allemands, et qu’il s’étaient aperçus que nous avions sur nous des objets qui avaient appartenu à leurs camarades (montres, bagues, photos), nous aurions alors été fusillés. On nous avait aussi avertis de ne pas nous arrêter pour aider un camarade qui avait été blessé, car il y avait des équipes pour s’occuper d’eux ».
Bertrand Grenier m’a déjà confié que parmi les moments les plus tristes qu’il a vécu, au cours des trois années passées dans les Forces armées canadiennes, celui d’avoir entendu des soldats blessés mortellement implorer leur mère de venir à leur secours, demeurera toujours présent dans sa mémoire.
Médailles et hommage
L’ex-caporal Bertrand Grenier est détenteur de l’Étoile de 1939-1945, l’Étoile France-Allemagne, la Médaille de la Défense, la Médaille canadienne du volontaire avec agrafe, la Médaille de la Guerre 1939-1945, ainsi que la Médaille du jubilé de diamant de Sa Majesté la reine Elizabeth II.
Un hommage militaire lui sera rendu lors de ses Funérailles, qui auront lieu le 25 août prochain en l’Église l’Assomption de Saint-Georges.