Char allégorique de 1959 à Saint-Georges
Par: Joffre Grondin
Ce n’est que le 11 mai 1977 que le gouvernement péquiste de René Lévesque, par un décret ministériel, en a fait la « Fête nationale du Québec » officiellement, mais ce n’est pas d’hier que la Saint-Jean-Baptiste est soulignée au Québec. Les colons de la Nouvelle-France le faisaient dès 1606.
Absents au début, les chars allégoriques sont apparus et se sont multipliés avec une stupéfiante diversité.
Bien avant les passerelles
La photo ci-dessus a été prise lors de la parade de la Saint-Jean-Baptiste à Saint-Georges, le 24 juin 1959. Elle nous a été transmise par Gilles Lacroix à Philippe à Eusèbe. Le char allégorique exploitait le thème « soirée d’autrefois ». Il y avait suffisamment de nostalgie pour la vie et les coutumes d’antan en 1959 pour leur consacrer un char allégorique.
En 2018, 1959 est exactement 59 ans plus tard. Amusant les mathématiques !
L’idée était de montrer de façon amusante et concentrée, ce qui se passait dans une « soirée d’autrefois », dans l’imaginaire de 1959, avant la Révolution tranquille, le tout sur une plate-forme roulante motorisée évidemment.
On y retrouve des joueurs de cartes et de dames, un couple sur chaises berçantes où la femme tricote et l’homme fume la pipe. Même le crachoir n’a pas été oublié. Le couple sur la droite est assis sur une causeuse d’époque, comme le reste du mobilier d’ailleurs. Il s’agit de Bruno Rancourt et de Carmen Lacroix.
Qui sont ces gens ?
Quatre personnes ont pu être identifiées jusqu’à maintenant. La photo provient de Gilles Lacroix, qui avait 19 ans à l’époque. C’est le joueur de dames, à chemise carreautée, sur la droite. Gilles est un des fils de Philippe Lacroix quincaillier, ferblantier et plombier qui avait pignon sur rue à Saint-Georges-Ouest à cette époque.
Le second personnage identifié avec certitude est le joueur de cartes blond sans chapeau. Il s’agit de Gaétan Lacroix, frère cadet de Gilles, qui avait une quinzaine d’années à ce moment. Le joueur de cartes qui regarde la caméra en souriant serait peut-être un Beaudoin, mais ce n’est pas sûr. Qui sont les autres ? Presque soixante ans plus tard, ce n’est pas facile à savoir !
Le damier
Le jeu de dames utilisé par les joueurs sur la photo en a vu glisser des dames sur ses carreaux, et il est encore en circulation.
Fabriqué autour des années 1940 par Eusèbe Lacroix, né à Saint-Hilaire-de-Dorset, père de Philippe Lacroix et grand-père de Gilles, le jeu a été monté avec deux planches embouvetées de 3/4 de pouce d’épaisseur et de 27 pouces et 3/4 de long. Largeur de l’une, 8 pouces 3/8, et 9 pouces 1/4 pour l’autre. L’un des compartiments à chaque extrémité est de 5 pouces et 1/2 et l’autre de 4 pouces 1/4. Le jeu est entouré par des languettes de 1 pouce 1/8 par 5/16, et il a allègrement traversé le temps, malgré une certaine usure de peinture. L’expérience, ça laisse des traces, ça magane toujours un peu.
La carrière de ce damier n’est pas terminée. Il se lance dans le théâtre. C’est maintenant dans les pièces de Harold Gilbert, son nouveau gérant, que vous le verrez en compagnie de jolies dames, comme il convient à un damier.
Où a été prise la photo ?
« Je pense qu’on passait où était la kermesse », estime Gilles Lacroix, en fouillant dans ses souvenirs de plus d’un demi-siècle du trajet. Précision requise et reçue. Aujourd’hui, en 2018, le lieu où aurait été prise la photo serait le stationnement en face des piscines, près du Centre Lacroix-Dutil. Là où étaient l’OTJ et les jeux de tennis.
Des amateurs de véhicules anciens pourraient sûrement déterminer la marque et l’année du pick-up !
Le jeune homme sur la bicyclette aurait, ou a, maintenant plus de soixante-dix ans !
Tempus fugit, qu’y disait.
Plus sur les origines de la Saint-Jean ici : https://bit.ly/2MpvFLs