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Noël au chemin des Français 

Par: Joffre Grondin

Josaphat (Patrick Maranda) est entouré des mères et filles qui voient en lui un bon parti. Qui gagnera son cœur ?

Cette dernière fin de semaine de novembre a vu la présentation du conte de Noël théâtral et musical écrit et mis en scène par Harold Gilbert, Noël au chemin des Français, sur les bords du lac Abénakis, dans le village de Sainte-Aurélie. La grande salle de l’édifice municipal était comble, deux représentations à guichets fermés, et comme l’auteur l’avait annoncé, la production a « fait une large place à l’humour tout en réservant de beaux moments d’émotion ». L’assistance a unilatéralement déclaré un succès sur toute la ligne.

C’est un nouveau succès pour Harold Gilbert, dont La Sorcière de l’île Pozer avait été présentée « à autobus fermé » l’été dernier (2017), car les spectateurs se déplaçaient d’un lieu à l’autre en autobus. Dans la Sorcière, l’histoire était très présente. Cette fois, c’est une histoire fictive, qui met en relief la scission entre les habitants d’un village et ceux de l’un de ses rangs, une rivalité récurrente dans les paroisses beauceronnes d’autrefois, mais qui s’inspire directement de la géographie de Sainte-Aurélie, dont le fameux Chemin des Français, qui existe toujours.

Il est bon de rappeler qu’à l’origine, Sainte-Aurélie a été la dernière tentative de colonisation française. Le site de la municipalité donne un résumé de cette épopée : http://www.ste-aurelie.qc.ca/indexFr.asp?numero=15 Demi-succès ou demi-échec, il reste que la municipalité est maintenant prospère.

Grosse discussion au camp, que va décider Josaphat ? (Patrick Maranda, à gauche)

Revenons à…

C’est Magloire, le vieux bûcheron-raconteur, qui introduit la situation et qui reviendra terminer l’histoire. C’est Paul-Émile Poirier qui incarne le personnage du vieux bûcheron. Dépassé 80 bornes, comme dirait Maurice Chevalier, il a réellement été bûcheron (dixit son épouse) et il incarne son personnage à la perfection.

La production met en scène Josaphat, un bûcheron courtisé par deux femmes; Alvina du village et Desneiges du rang. Avant de partir pour les chantiers du Maine, il sera sommé de faire un choix entre les deux et sera ainsi divisé entre la passion et la raison, à mesure que le temps des Fêtes approche.

Parmi la quinzaine de très coloré personnages qui remplissent fort bien leurs rôles, les principales protagonistes sont fort crédibles; de « La sauterelle » du magasin général à la petite fille qui n’a qu’un mot récurrent à dire, mais qui est d’une grande efficacité, on peut souligner les tantes des États, Ursule et Régina, personnages très bien inventés qui donnent du piquant et contribuent au rythme de la pièce qui semble avoir une farce aux vingt secondes.

Marie-Blanche (Noëlla Vaillancourt) et sa fille Desneiges (Valérie Poulin-Gonthier) sont des couturières aux doigts de fée, mais Desneiges pourra-t-elle conquérir Josaphat ?

C’est une belle langue…

Ce Noël au Chemin des Français qu’on pourrait situer autour des années 1930 utilise la langue de l’époque, langue avec laquelle ni les acteurs ni l’audience n’avaient de difficultés. Des expressions comme celle de Josaphat quand il déclare « Je r’descends au bord » ne posent pas problème. On se demande un peu pourquoi nos ancêtres modifiaient certains sons : Cœur devient tcheur, et le son revient dans curé, piquer et d’autres; pays devient pèdji, et le même son se retrouve dans marier, payer, brailler, veillée, sérieux, entendriez ? Cela donne un cachet inimitable aux dialogues.

Participation de la salle

Les acteurs étaient également chanteurs, car, n’oublions pas c’est un conte de Noël. Les chansons — toutes très bien choisies — étaient généralement courtes, exception faite du « Minuit, chrétiens », mais c’est une autre histoire, en solo, en duo, à plusieurs, avec tout le monde, avec des voix hors champ,  mais ce qui saisissait était le chantonnement qui émanait très souvent de la salle. Très émouvant par moment. Dans la scène de la messe de minuit, avec texte en latin et « Minuit, chrétiens » chanté par Martin Paquet d’une voix sûre, mais assez douce et introspective, une émotion prenante est descendue sur la salle, et il y a eu quelques larmes.

Musique et…

La direction musicale était confiée à Marlène Maheux, au piano, et Lucille Thompson à la direction des chœurs. L’orchestre consistait en une clarinette et deux violons, dont un alto. Un mot sur Lucille Thompson qui en plus, jouait « La sauterelle » avec brio, s’est occupée de la production et a participé aux costumes avec les comédiens et Julie-Dominique Rathier.

Les musiciens étaient également en costumes d’époque

Décors

La conception scénique était signée Harold Gilbert. Les décors étaient sobres et très évocateurs. L’auteur, acteur, chanteur — voix très juste — et même souffleur, était un peu partout, jusqu’aux changements de décor.

Comme Harold Gilbert a souligné avec justesse à la toute fin, l’atmosphère de cette pièce rappelait l’ambiance d’autrefois, au temps des tournées de la Bolduc et de Jean Grimaldi.

Si jamais NOËL AU CHEMIN DES FRANÇAIS est représenté, on peut le souhaiter, ce sera une agréable soirée qui vous sera offerte.

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