25 PRINTEMPS POUR LA SOCIÉTÉ LYRIQUE DE BEAUCE
Requiem pour les vivants
Par: Joffre Grondin
C’est le samedi 13 mai que le 25e concert de la Société lyrique de Beauce s’est presque littéralement envolé, avec la première pièce du Requiem for the Living, de Dan Forrest, traduction littérale : Requiem pour les vivants, de Daniel Laforêt. Bon ! Gardons Dan Forrest intact. Quarante minutes de presque méditation d’une audience gagnée dès les premières notes du hautbois établissant l’atmosphère.
En fait, il s’agissait presque de deux concerts pour les 436 personnes présentes. Une première partie de 40 minutes sans applaudissements établissait une ambiance dans laquelle l’auditoire pouvait entrer pour goûter l’œuvre du brillant compositeur de seulement 39 ans qui s’est mérité des dizaines de prix.
C’est par contre ce Requiem qui est devenu, depuis 2013, son œuvre la plus connue. La Société lyrique l’a interprété avec brio. Parfaitement ? Non, il y a eu quelques petites choses. L’œuvre est difficile. Cependant, en aucun temps cela n’a-t-il nui à l’atmosphère qui prédominait ? On peut dire mission accomplie.
La famille hautbois
Berlioz, dans son traité d’instrumentation, décrivait le hautbois comme « avant tout un instrument mélodique ; il a un caractère agreste, plein de tendresse ». Agreste, ça veut dire la campagne. Le mot requiem vient du latin et signifie « repos ». Le repos et la campagne sont des mots qui vont très bien ensemble. Dan Forrest n’a pas choisi le hautbois par hasard.
Évidemment, quand une bonne partie de l’audience est debout à la fin, il est facile de comprendre que c’était apprécié. Qui n’aime pas le repos à la campagne traduit en musique ?
Très vieil instrument qui a évolué à travers les siècles, saviez-vous qu’on retrouve le hautbois entre autres dans l’œuvre de J.S. Bach, mais aussi de Star Wars à Harry Potter ?
Partie 2 ou concert 2
Petite note personnelle en passant. Le journaliste qui assiste à un concert a une sorte d’avantage, il peut rester assis, et aussi se promener. Ce sont ses pérégrinations qui lui permettent non seulement d’entendre le son à différents endroits, mais de voir ou d’entendre des réactions « à chaud » de personnes de l’assistance.
Alors donc, quand jouait Land of Hope and Glory d’Elgar, nous escaladions quasi militairement les escaliers pour nous retrouver en haut, au début de la deuxième pièce. Quand la voix de Jean Poulin interprétant « Le veau d’or est toujours debout » s’est fait entendre, on pourrait dire plus précisément a fait vibrer l’église au complet, les personnes au balcon se sont avancées comme un seul homme, regards incrédules, mâchoires presque ballantes : comment peut-il produire tout ce son ? Réponse : c’est un passionné qui travaille sa voix depuis 50 ans… et plus.
La deuxième partie a été perçue comme ayant plus de mouvement, à juste titre. Après 40 minutes de silence, on avait besoin d’exubérance, de mouvement, d’applaudissements. Le contraste a donné un nouveau souffle au concert.
Petite douceur pour l’oreille, le son vibrant et velouté du violon italien (1640) de très grande qualité de Marjorie Bourque.
Certains ont apprécié la première partie plus que la deuxième, et vice-versa. Peu importe, tous ont apprécié leur soirée.
La quadrille de Carmen a clos le spectacle, appuyé du French Cancan en rappel.
Ne passons pas sous silence le graphisme fort bien rendu de Cynthia Bolduc en utilisant comme lien les papillons, 25 évidemment, de l’illustration de la page titre de l’œuvre de Claude Gagné.

À l’occasion de son 25e anniversaire d’existence, la Société lyrique a tenu à souligner quatre personnes qui sont là depuis le tout début. Il s’agit de Marc Pomerleau, basse, Lina Duchesne, soprano, Louise Roy, soprano et de Marie-Hélène Maheux, alto.
Un 25e on ne peut plus réussi.