La Beauce, l’Acadie et l’Abitibi-Témiscamingue
Par: André Garant

Barry Rodrigue (1949-), un des instigateurs des recherches sur les routes d’émigration du Canada à la Nouvelle-Angleterre. Vers 1835, son ancêtre François Rodrigue (1791-1878 Benton Maine) émigre de Saint-François-de-Beauce vers le Maine.
Par André Garant
Il y a des épisodes de l’histoire récente de la Beauce qui sont presqu’oubliées… et qui gagnent à être connus. Par exemple, au moins le tiers de la population du Maine est d’origine canadienne-française.
Aussi, de Bingham à Skowhegan, 85 % des habitants tirent leur origine de la Beauce. Souvenance des Pooler (Poulin), Rodrick (Rodrigue), Ashland (Asselin), Dyer (Doyon), Wells (Dupuis et Gilbert), Barney (Bernard), Bolduc (Burgess, Baldic), Lapierre (Stone), Veilleux (Vigue)… il suffit de questionner les plus âgés pour que se réveille la mémoire familiale. Que dire de Waterville, Lowell Mass., Pawtucket Rhode Island, Nashua et Manchester New Hampshire ! Rose-Anna Giroux (1878-1948) et son mari, Joseph-Arcade Vachon (1867-1938), fondent les petits gâteaux Vachon, en vue de rapatrier leurs garçons exilés aux states.
D’autre part, exilés d’Acadie vers 1755, la misère chasse à nouveau trente-cinq familles de Natashquan et des Iles de la Madeleine. L’abbé François de Borgia Boutin (1847-1919), ex-vicaire de Saint-Georges-de-Beauce de 1884 à 1885, curé de Saint-Côme de 1886 à 1888, est aussi chargé de desservir onze missions de la Côte-Nord. Il réside alors à Natashquan. En 1886, le vapeur Napoléon III du capitaine Larochelle remonte le fleuve Saint-Laurent avec des familles Vigneault, Cormier, Gaudet, Hébert, Bourgeois, Lapierre, Richard, Giasson, Boudreau, Bourque…
Ces Acadiens proviennent de Pointe-aux-Esquimaux, de l’Ile de Michon, Natashquan, Havre-Saint-Pierre, Mingan, Rivière Aguanus. Trois semaines plus tard, le 6 octobre 1886, on arrive à Québec. Peu après, on loge toutes ces familles à l’Anse Tibbits de Lévis, soit l’actuel parc Saint-Laurent. Dix jours après, par train, on se dirige vers un hôtel de Saint-François-de-Beauce (Beauceville) où logeront ces nouveaux Beaucerons. Au sud de Saint-Georges, on traverse à gué la rivière du Loup. Le dîner se prend à l’Hôtel Michaël Donovan (1849-1899). La maison des mines de Saint-Côme les accueille.
En 1886, les familles qui s’embarquent pour la Beauce :
Les Cormier : William, Émile, Henri, Nazaire, Jean, Alfred, Victor et son fils Rémi
Les Lapierre : John, Adrien, Siméon et Pierre
Les Chasson : Gilbert, Thimothée, Henri, Gilles
Les Bourque : Alcide, Joseph, Syllas
Les Chavari : Hypolite, Abel, Lucien
Les Rochette : Michel et son épouse Alphonsine Boudreau
Le Boudreau : Xavier, Dominique
Les Bourgeois : Alphonse, Boniface, Alcide
Les Vigneau : Eugène, Isidore, Alexandre, Hypolite, Nathaël, Eusèbe, Jean, Hilaire
Les familles de : Jules Gaudet, Élie Landry, Onésime Hébert, David Richard, Vilbon Petit-Pas, Jean Vellie et des Poirier
Ces pêcheurs deviendront des cultivateurs. En juillet 1888, la paroisse du Beauceville de jadis donne un petit autel de sa sacristie. En 1893, Saint-Théophile obtient son érection canonique. Fait intéressant, vers 1910, Marie Landry (1892-1993), épouse du trappeur-chasseur, William Vigneault (1891-1969), sera institutrice à Saint-Théophile. Spécialiste de la boisson Les larmes de l’enfer, Willie Vigneault est bel et bien le père du poète Gilles Vigneault, né en 1928.
L’Abitibi-Témiscamingue et Saint-Zacharie

Moffet, municipalité du Témiscamingue, a été fondé par le frère Moffet en 1931, , avec des « squatters » beaucerons.
« Pendant les décennies 1860 et 1870, la région du Témiscamingue se peuple lentement. Aux Algonquins déjà sur place s’ajoutent de nouveaux arrivants, des ex-employés de la Compagnie de la Baie d’Hudson ou des travailleurs forestiers qui décident de s’y installer en permanence. En plus de la population flottante des chantiers forestiers, quelques hameaux se forment autour du lac, tant du côté ontarien que du côté québécois. Le recensement de 1871 dénombre près de 1 700 personnes dans les districts de Nipissing et de Pontiac-Nord : 952 Algonquins, 303 Français, 220 Irlandais, 104 Anglais et 95 Écossais. »
La grande crise économique de 1929 amène du chômage et de la misère. Le gouvernement du Québec offre alors des primes d’aide aux défrichements de terres sauvages. Le Témiscamingue et l’Abitibi sont visés. Des missionnaires sont nommés, et des subventions sont attribuées pour l’ouverture de chemins. L’abbé Louis-Zéphirin Moreau sera responsable du Témiscamingue. Les Algonquins le surnomment Malakisis, ou l’homme levé avant le soleil. Naturellement, on privilégie des habitants familiers à l’agriculture. Sur les 70 familles qui s’établissent autour du lac Rond, dans le canton Brodeur et de Latulippe, vingt familles proviennent de Saint-Zacharie-de-Beauce, fondé en 1881. Ces jarrets noirs se rendent à pied et en charrettes au nord-ouest du Québec.
À l’automne 1931, ces Beaucerons deviennent des squatters. On tente de les déloger, mais le curé Moreau intervient. Ils bâtissent des cabanes et travaillent aux chantiers avoisinants. Certains d’entre eux retournent en Beauce chercher leurs familles. Ainsi naît la colonie de Moffet, fondée par le Frère Joseph Moffet, O.M.I. (1852-1932). La paroisse de Saint-Romuald-de-Moffet est municipalisée en 1953. Aujourd’hui, ce territoire s’étend sur une superficie de 431,46 km². Moffet se situe au nord-est de Ville-Marie, entre Angliers et Laforce, près du lac Simard. En 2005, cette municipalité dévitalisée compte à peine 217 habitants.

La maison patrimoniale du Frère Joseph Moffet, O.M.I. (1852-1932), à Moffet, au Témiscamingue. Bâtie en 1881 et déclarée monument historique, c’est la plus ancienne demeure existante au Témiscamingue. (Source : Tourisme Abitibi-Témiscamingue)
Des Beaucerons, pionniers au Témiscamingue
Le 17 juillet 1932, les registres paroissiaux de Moffet ouvrent avec le baptême d’un fils de Louis Jubinville (1903-1990) et de Marie-Rose Leblanc. Quant au cimetière de Moffet, nous pouvons y voir des pierres tombales et autres renseignements, entre autres :
1- Décès
Omer Fortin (1887-1947), né à Saint-Georges-de-Beauce, fils de Joseph Fortin et de Anysie Groleau, époux d’Anna Bolduc (1894-1971), fille d’Hubert. Omer et Anna se marièrent à Saint-Zacharie, le 10 juillet 1911. Clin d’œil :
Thomas Gagné (1891-1968) épouse à Sainte-Marie-de-Beauce Angéline Bisson (1891-1984)
Alphonsine Guay (1901-1960) à Philias, épouse de Jean Cloutier, mariés en 1929 à Saint-Zacharie
Edmond Jacques (1908-1998) et Marguerite Gilbert (1910-2003), mariés en 1929 à Sainte-Aurélie, Beauce
Élie Poulin (1902-1948) et Julia Giasson : pierre tombale, mariées en 1929 à Saint-Côme, Beauce
Simone Poulin : pierre tombale, mariée le 22 juillet 1947 à Saint-Georges-de-Beauce à Jean-Paul Quirion
Roch Roy (1928-1980), époux de Jeannine Cloutier. Roch est le fils d’Ernest Roy et de Rose-Aimée Poulin, mariés à Saint-Zacharie
2- Mariages
-21-08-1940 : mariage de Lucien Bolduc (Vénérand Bolduc et Marie-Emma Veilleux de Saint-Zacharie) et Marie-Anne Dutil (Cléophas Dutil et Zénaïde Poulain), mariés en 1917 à St-Joseph-de-Beauce)
-01-07-1937 : Roméo Larivière, colon, (François Larivière et Célina Caron de Saint-Zacharie) et Dolorès Roy (Ernest Roy et Rose-Aimée Poulin, mariées en 1916 à Saint-Zacharie)
Autre exemple : fils de Léonidas Paquet et d’Alice Bergeron, Laval Paquet naît le 6 mai 1923 à Jersey Mills, à Saint-Georges-de-Beauce. En 1938, on le retrouve à Rouyn-Noranda. À Cléricy, Abitibi, le 27 décembre 1950, il épouse Jeanne-Mance Garant (1926-), fille de Majorique Garant à Isaïe (1897-1969) de Saint-Éphrem-de-Beauce, déjà établie en 1929 aux rangs 5-6 de Cléricy, Abitibi. Laval décède le 21-12-2012 au Centre Hospitalier de Rouyn-Noranda. Ils sont les parents de Serge, Yves, Micheline et Martine Paquet.
Louis Garant (1858-1928), né à Saint-Isidore de Dorchester, fils de Jacques Garant et Apolline Gosselin, est recensé en 1901 à Saint-Ludger, Frontenac. En 1888, à Saint-Éphrem-de-Beauce, il aura épousé Aurélie Blais à François. Le 7 mai 1928, Louis Garant décède à La Reine, Abitibi, Il sont les parents de dix filles et quatre garçons.
Né le 12 mars 1919 au rang Sainte-Marguerite dit Des Carreaux à Saint-Georges-de-Beauce, Lucien Bourque est le fils d’Alfred Bourque (1890-1970) et de Fleur-Ange Bolduc (1897-1965). Le 21 octobre 1942, Lucien épouse Ange-Aimée Poulin (1919-2014), fille d’Édouard Poulin et de Florida Gilbert. En 1949, le jeune couple déménage à Bourlamaque, Abitibi… ensuite à Malartic et à Val-D’Or. Travailleur minier, Lucien Bourque prend résidence le 20 août 1956 à Elliot-Lake en Ontario. Dans cette mine d’uranium, il sera soudeur à la Denison Mines. Retraité en 1983, Lucien Bourque, décédé le 15 mai 2011, est considéré comme Lucien was one of the last pioneer of our community, Elliot-Lake.
André Garant
http://www.patrimoine-beauceville.ca/barry-roderick-dit-rodrigue
http://www.francomaine.org/Francais/Histo/Canada/Canada_intro.html
http://www.nosracines.ca/f/toc.aspx?id=3356
http://www.sainttheophile.qc.ca/indexFr.asp?numero=6
http://www.moffet.ca/index.php/historique
http://www.destinationest.com/moffet.ws
http://www.tourisme-abitibi-temiscamingue.org/activite-attrait/maison-du-frere-moffet/254/
Sources :
Ancestry.ca
BMS2000
Commission de toponymie du Québec
Histoire et généalogie de la famille Busque, Maurice Busque, p. 352, 2009
Madeleine Ferron l’insoumise, Trois perspectives, 2009, (Courtepointe beauceronne, André Garant)
Maison du Frère-Moffet (Source: Ministère de la Culture et des Communications) : photo : Municipalité de Moffet
Planète généalogie, petite histoire de mes origines, Danièle Lacasse, 2008
Saint-Théophile, Beauce, site internet.