Les 100 ans du Cercle de Fermières.
Par: Joffre Grondin

Lyne Morin, présidente des Fermières de l’Assomption, Renée Caron, présidente des Fermières de Saint-Georges, Manon Bougie pro-maire de Ville de Saint-Georges, Thérèse Poulin représentante du Cercle de Fermières – Fédération 5 et France Lacroix présidente des Fermières de Saint-Jean-de-la-Lande.
Rares sont les associations québécoises qui peuvent se targuer d’être centenaires. Le Cercle des fermières du Québec fête son 100e anniversaire cette année, et les autorités municipales georgiennes ont dévoilé une plaque commémorative informative sur le mouvement, tout en saluant l’apport des Cercles de fermières près de nous, soit des Cercles de Saint-Georges, de l’Assomption et de Saint-Jean-de-la-Lande.
Depuis un siècle, le rôle des Fermières dans la transmission des savoirs du patrimoine culturel et artisanal a été, et est toujours vital, indispensable, admirable, bref féminin dans toute la beauté du terme. Le parcours historique a pu être cahoteux à certains moments, comme nous verrons plus loin, mais la phrase précédente tient toujours. La trame du tissu social est redevable au Cercle des fermières.
Saint-Georges s’inscrit dans la « route du tricot graffiti », circuit provincial de plus de 400 municipalités, en exposant les tricots des Fermières entre le 20 et le 30 avril prochains. L’œuvre artisanale pourra être vue au parc Veilleux.
Près d’une trentaine de tricots graffitis seront en montre dans les municipalités des environs.
La plaque sera installée dans le parc Veilleux au cours de la semaine du 11 mai.
On apprend tous les jours.
Le texte du « 100 ans à célébrer » nous apprend que les fondateurs de ce mouvement féminin furent 2 agronomes, Alphonse Désilets et Georges Bouchard, sous-ministre de l’agriculture.
Les deux principaux objectifs en 1915 étaient de « revitaliser le travail agricole en favorisant l’apport des femmes en milieu rural tout en rompant l’isolement et reconnaître l’intervention féminine en ce qui concerne l’intérêt matériel, moral et culturel de la famille, de l’école et de la paroisse ».
Une condition est essentielle avant d’ouvrir un cercle : avoir l’autorisation de l’agronome et du curé de la paroisse. Autres temps, autres mœurs.
Le but poursuivi était de contrer la désertion des campagnes, problématique à cette époque. Les rencontres régulières permettaient aux femmes d’échanger, d’apprendre et de développer une appartenance avec leur milieu. Un beau succès.
Objectifs 2015
En 2015 on peut lire sur leur site que la mission du Cercle est l’amélioration des conditions de vie de la femme et de la famille ainsi que la transmission du patrimoine culturel et artisanal.
Intéressant !
— Saviez-vous que l’âge minimum pour joindre le Cercle est de 14 ans. Et il y en a. Line Morin, présidente de l’Assomption est entrée à 14 ans.
— L’abonnement à la revue coûte 25 $ par an. En 1919, c’était 0,25 $.
— En 1966, Mme Adélard Jolin fut la dernière présidente sans nom; elle portait celui de son mari. En 1968, Frédéline Caron fut la première désignée par son nom.
— Les Cercles de Fermières sont la plus grande association féminine en Amérique du Nord.
— le CDF de Saint-Georges a été fondé en 1917. Centenaire bientôt de 200 femmes actives et dynamiques.
Développement houleux et vote des femmes.
De Chicoutimi, où était le premier Cercle, le mouvement prend de l’ampleur. Dès 1919, le premier congrès des Cercles de Fermières permet d’élire un conseil provincial, et de créer la revue « La Bonne fermière ».
Ce 100e des Fermières de cette année coïncide avec le 75e du droit de vote des femmes au Québec. Au Fédéral, c’est le 97e, car dans le reste du Canada, les femmes votaient en 1918. Au Québec, il fallut attendre 1940. Comment ça ?
Comme le rapporte Lise Payette dans Le Devoir du 25 avril 2015, « Il ne faut pas oublier l’attitude méprisante du clergé catholique, complètement déchainé, qui n’a pas hésité à prendre parti contre la demande des femmes d’accéder au droit de vote… » Denyse Baillargeon, qui enseigne l’histoire des femmes à l’Université de Montréal, affirme dans le même journal que « les curés recueillaient les appuis des femmes sur les perrons d’église », par l’entremise de femmes qui faisaient signer des pétitions.
Rolande Savard, l’épouse du fondateur Alphonse Désilets plaidait « Nous affirmons que l’immense majorité des mères de familles et épouses canadiennes-françaises désapprouveront ce mouvement féministe… Bien plus, elles demanderont aux autorités compétentes de mettre fin à cette agitation qui trouble la paix habituelle de certains foyers ».
Le clergé n’était pas seul en cause. Le premier ministre Taschereau (de 1920 à 1936) était férocement contre le vote des femmes, et de 1913 à 1940, la ligne éditoriale de Henri Bourassa, fondateur du journal Le Devoir, était constante. Il s’opposait farouchement à l’obtention du droit de vote par les femmes.
Après avoir obtenu le droit de vote en 1940, 22 ans après le Fédéral, il fallut attendre encore 21 ans pour une première députée, Claire Kirkland-Casgrain, élue en décembre 1961.
En 2015, la députation compte environ 26 % de femmes. Les ministres féminins contrôlent un gros 9 % du budget.
On ne peut pas dire qu’on est vite, vite, vite tout le temps au Québec.
Jetez un coup d’œil
N’oubliez pas la « route du tricot graffiti », un circuit provincial de plus de 400 municipalités, qui expose les tricots des Fermières entre le 20 et le 30 avril prochains. Par exemple, à la Société historique de Château-Richer la semaine dernière, on remarquait, le long de la rampe, de magnifiques banderoles brodées.
Et c’est du recyclage de laine.
Avec les Fermières, rien ne se perd, et beaucoup se crée !