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Anecdotes pas toujours drôles de jadis

Par: André Garant, collaboration spéciale

L'esprit religieux d'une époque frileuse. Encore en 1950, ces ordres du clergé sont affichés ici et là dans nos églises.

L’esprit religieux d’une époque frileuse. Encore en 1950, ces ordres du clergé sont affichés ici et là dans nos églises.

Par André Garant

Anciens jeunes de la décennie 1940 et avant, grattons le fond de nos souvenirs d’antan. D’une génération à l’autre, des coutumes, des airs d’aller, comme on disait, nous collent à la peau. Laissons défiler notre mémoire collective. Rires ou sourires en coins, de tous les âges, jetons un coup d’œil sur des cocasseries, des anecdotes pas toujours drôles de notre petite histoire…Les personnes âgées ne sont-elles pas des lampes allumées sur notre passé?

Au lendemain du jour du Canada, de la Confédération, les épaules peuvent nous sauter, c’est permis. À l’école primaire, le vendredi après-midi, c’est le salut au drapeau : Ô Canada, terre de nos aïeux, crotte de beu.Ton front est ceint, crotte de chien…de fleurons glorieux, crotte de beu. Mr Harper, on dirait que les jeunes québécois d’autrefois avaient de la graine patriotique de 1837?

Dans l’imaginaire poétique d’antan, les étoiles filantes représentent des âmes du purgatoire qui manifestent leurs besoins de prières. Rêver à la mort de quelqu’un présage son futur mariage…à l’époque où l’on se mariait!

Le premier curé de Saint-Georges, Moïse Fortier (1813-1845) se noie le 12 mai 1845, devant le presbytère de Saint-François-de-Beauce (Beauceville). La cordelle d’un bac fait chavirer son canot. Le 7 juin 1845, il est inhumé sous la chapelle de 1831.Le 8 juillet 1863, on exhume le cadavre du curé, on le chaule et on le place sous la nef, sise sous la nef de l’église actuelle. Les ponts de glace et la rivière Chaudière elle-même furent le cercueil de combien de draveurs, de baigneurs, d’enfants, de bétail, de téméraires?

Autrefois, le coffre d’espérance apporté en dote au mariage, comprenait souvent : deux casseroles, une bombe, une poêle à frire, une batterie de cuisine, des taies d’oreillers, quatre draps et deux couvertes, un rouet à filer, six bols à lait, six à thé, six soucoupes et six assiettes.

Les riverains de l’Est et de l’Ouest de Saint-Georges

Il y a plus de 100 ans, les rives Est et Ouest de Saint-Georges se chauffaient parfois les oreilles. Le choix du site de l’église actuelle amenait certains à s’affronter sur le pont, fourche à foin à la main. Chacun avait son petit roi. Plus tard, Ludger Dionne (1888-1962) et Édouard Lacroix (1889-1963) seront les coqs des rives Est et Ouest. Pourtant, tous les deux avaient le même chauffeur privé, soit Éphraïm Fin Pépin, qui tenait aussi un petit garage face au Poulet Frit à la Kentucky actuel!

On ne peut alors passer en auto entre l’église de l’ouest georgien et le couvent. Naturellement, Ludger tient à décongestionner ce coin en ouvrant une rue menant à l’usine Dionne. Lacroix et des pétitionnaires semblent en désaccord. Dionne, victorieux alimente la rumeur que cette rue portera le nom de… rue St-Édouard. Rappelons que le cousin d’Édouard Lacroix, le futur Mgr Édouard Beaudoin, est alors curé de Saint-Georges.

La 18e Rue, dite St-Édouard. Ce n’est pas que le site du cimetière empiète presque sur la rue ou que le bâtiment est en trop grande proximité avec la dite rue, c’est qu’il n’y avait pas de route prévue à cet endroit. Le long de cette rue, dans le bord du cimetière, jadis, se trouvaient des fosses communes pour des enfants.

La 18e Rue, dite St-Édouard. Ce n’est pas que le site du cimetière empiète presque sur la rue ou que le bâtiment est en trop grande proximité avec la dite rue, c’est qu’il n’y avait pas de route prévue à cet endroit. Le long de cette rue, dans le bord du cimetière, jadis, se trouvaient des fosses communes pour des enfants.

En 1948, le curé Beaudoin de Saint-Georges publie dans les petites annonces à ses paroissiens :  « À chaque dimanche, nous comptons de 32$ à 33 $ en sous. Ce qui veut dire que 3000 assistants ne versent qu’une si faible offrande que refuserait un quêteux de profession. » Intolérance. Il me semble qu’à cheval donné, on ne regarde pas la bride…

Cousin d’Édouard Lacroix, Édouard Beaudoin (1890-1964), curé de Saint-Georges, prend le pseudonyme de Jean-Sans-Terre. Le journal L’Action Catholique et des revues agricoles profitent de son talent d’écrivain : La cueillette des fraises des champs, Les vieux balais de cèdre, La veillée au corps, Les ramasseurs de roches, etc.

Édouard Lacroix possédait un filtre le long de la rivière Famine. Il purifiait quelque peu l’eau de ce cours d’eau. Par contre, le ruisseau de l’Ardoise prenait différentes couleurs, car son usine, la St.George Woolen Mills traitait des tissus variés. De plus, des puisards des riverains s’y déversaient.

Il y a plus de 50 ans, les tatoueurs ne dessinaient que grossièrement sur le dos des doigts amour, par exemple, un ancre de bateau sur l’avant-bras ou une femme nue sur le bicep ou la poitrine…seuls les téméraires osaient, rarement des femmes.

Crevaisons, Coke et tours pendables

Né en Beauce, à Saint-Martin, l’amateur invétéré de patrimoine beauceron, Victor Rodrigue (1917-2007), riait juste à penser que nos premières autos roulaient sur des pneus de piètre qualité. Une visite en auto, de Saint-Georges à Saint-Martin, coûtait de cinq à six crevaisons!

En 1922, l’entreprise Arthur Grenier embouteillait différentes eaux gazeuses. En 1927, le fameux Coca Cola y sera mis en bouteille. La première usine et les entrepôts se situent alors voisins du Café Royal, sur la 120e rue. Le frère d’Arthur (1891-1945), Edmond Grenier (1985-1984) demeure sur la 119e rue et sa soeur Élise (1894-1982), épouse de Joseph Couture, lui fait face sur la 120e rue. À la mort d’Arthur, ses deux fils prennent la relève : Jean-Philippe dit Jean (1924-1967)  et Jacques Grenier (1930-1980). Fils de Jean, Michel Grenier (1946-) présidera quelques années l’industrie familiale. Les gamins des années 1950 se souviennent d’avoir joué au hockey avec des rondelles de caoutchouc mou provenant de chez Grenier. L’époque des petits Coke à sept cennes.

Nos aînés ont traversé la crise économique de la décennie 1930, suivie des restrictions de la guerre. Quand venait le temps de se vêtir, on usait de débrouillardise. Ainsi, un certain joueur de baseball de Saint-Georges se confectionna un habit de baseball dans… des poches de jute! Nos jeunes d’aujourd’hui apprécient-ils à sa juste mesure l’abondance de notre vie actuelle?

Souvent des policiers patrouillaient à pieds. Quand ils montaient à cheval, lors de certaines circonstances, ils avaient fière allure. L'auto-patrouille viendra un jour!

Souvent des policiers patrouillaient à pieds. Quand ils montaient à cheval, lors de certaines circonstances, ils avaient fière allure. L’auto-patrouille viendra un jour!

Vers 1931, âgé d’à peine cinq ans, le jeune Clermont Pépin (1926-2006) est conquis par les sons de la rivière Chaudière. Son père, le barbier Pierre Pépin (1883-1955) demeurait au 1301 de la 1re avenue ouest à Saint-Georges. Il compose même une musique sur piano. Le jeune prodige se réveillait souvent la nuit pour donner suite à des flashs musicaux qui l’assaillaient si souvent. Devoir de mémoire, voilà une anecdote importante au sujet de ce jeune virtuose. Ses compositions sont jouées partout en Amérique, en Europe et au Japon.

En 1936, le journal L’Éclaireur titre : Naissances des trois jumeaux Gilbert à Saint-Prosper. Un autre exploit beauceron!

Souvenirs d’Eddy Hall (1915-2000) : « Il y a 75 ans, une corde placée en travers d’une rue, lissée en glissade par de l’arcenson, provoque les réactions les plus drôles. Un autre coup pendable : emprunter de nombreuses pintes de lait de verre et les déposer sur le perron d’un restaurateur, estomaqué, le matin venu. Increvables, ces mêmes jeunes emplissent de chaux une bouteille de Coca Cola, bien bouchée, pendue en bas de l’ancien pont (démoli vers 1971). La bouteille explosera, en faisant prendre le mors aux dents des chevaux. Aussi, pendant la messe, ces petits v’limeux auront eu soin d’intervertir les brides des chevaux…qui répondront à l’envers, au retour affolé à la maison. C’était aussi l’époque des sacs de papier brun enflammés sur lesquels, on posait le pied…qui se graissait de merde. Ah les p’tits maudits!»

La guerre, la lutte et Little Beaver

Les filles les guenilles, les gars les soldats. Rimette enfantine et stupide d’un temps révolu. En sortant de la grande crise économique de 1929-1939, un jeune Beauceron (dont mon oncle Jean-Louis Garant 1924-1943) peut retirer certains avantages en entrant dans l’armée. Servir sa patrie. En 1943, un simple private (soldat) gagne 1.50$ par jour et se voit octroyer 1.25$  en plus pour ses frais de subsistance, soit 19.25$ par semaine, logé, nourri, blanchi, voyage outre-mer inclus. On lui fournit : une ceinture, une battle-dress, deux paires de bottes, une cap, une paire de gants, un greatcoat, un gilet de jersey, deux chemises, trois paires de bas, deux vestes en laine, un kit bag, trois brosses, un peigne, une chaine d’identité, un set d’ustensiles, un canif, un rasoir, deux shorts de gymnastique, une gourde, deux débarbouillettes, un masque anti-gaz, une baïonnette, un helmet, une couverte, etc. S’il décède dans les vieux pays, la dépouille du soldat ne sera pas rapatriée comme aujourd’hui. Il sera inhumé en France, en Belgique…mon oncle le sera en Afrique du nord, à Tripoli en Libye.

Souvenir d’André Bolduc à Rémi (1923-2014)…Que penser de cette vie municipale bon enfant qui fermait les yeux sur un petit feu de camp occasionnel sur le bord de la 12e rue (des Vétérans), une rue peu fréquentée de Saint-Georges-Ouest. Vers 1950, des voisins faisaient alors griller leurs poissons pris dans un cours d’eau voisin.

À Sainte-Marie, les débâcles furent nombreuses. Jadis, un habile pêcheur sortit de l’eau un gros poisson nageant dans …sa cave!

Paraît-il que l’équipe de la paroisse de L’Assomption pouvait compter sur un rapporteur officiel, leur relatant des stratégies prises par la paroisse voisine de l’ouest. Ces pourparlers visaient la séparation des deux paroisses en 1950. Il y a toujours eu des Père Ovide.

Le lutteur nain (et non le petit nain) Little Beaver (1935-1995), alias Lionel Giroux: 4 pieds 4 pouces, 60 livres de spectacle hilarant, acrobatique!

Le lutteur nain (et non le petit nain) Little Beaver (1935-1995), alias Lionel Giroux: 4 pieds 4 pouces, 60 livres de spectacle hilarant, acrobatique!

Vers 1950, la lutte télévisée échauffe bien des esprits. Les champions mondiaux de la lutte possèdent tous leurs ceintures dorées. Quand ces gladiateurs se donnent en spectacle à la Plage Vallée de Saint-Benoît-Labre, on n’hésite pas à encourager notre favori en criant à pleins poumons : «Fais lé souffert!!!» Par contre, le rêve se brise, à la fin du show, quand deux adversaires se baignent ensemble dans le Lac Poulin. En plus, apercevoir à la messe Larry Moquin, un héros de l’arène, en défrise plus d’un!

Sourire en coins au rappel de noms de lutteurs de la Plage Vallée de Saint-Benoît-Lâbre, en Beauce : les frères Dalton, Tarzan Zora, Tarzan la bottine Tyler, Georges l’ange gardien Gagné, Jim Killer Christie, Ali The Turk, Goliath The Giant Talun, les fameux Japonais Togo et Kito, les nains Sky Low Low, Little Beaver (alias Lionel Giroux), Fuzzy Cupid, Mighty  Brutus, Georgeous George et sa Cadillac mauve, Shake Abel Cyrien. Les curés de Saint-Benoît se plaigneront longtemps de la concurrence des spectacles de lutte.

En septembre 1951, Ted Evans réussit un bel exploit en démasquant le Lutteur Masqué. Figure dans les mains, honteux, ce dernier se dirigea rapidement dans sa chambre.

Vous rirez aux larmes avec Annabelle qui vient d’Afrique, annonçait la publicité du marchand de bonheur Florian Vallée  (1916-2003) de Beauce Carnaval. Les curés appréhendaient une danseuse! Quand il dévoilait aux pasteurs que c’était une guenon, ils décompressaient.

Vers 1947, l’entrée de la Plage Vallée de Saint-Benoît accueille sa clientèle avec trois jeux : la masse de monsieur muscle, les anneaux et une statue d’Hitler, grandeur nature, où l’ennemi peut, moyennant trois balles de baseball à dix cennes, atteindre le cœur d’Adolf! Opportunisme d’affaires à la Beauceronne!

La police à pied et les olives Gattuso…

Vers 1955, l’épicerie-boucherie Drouin et Paquet de Saint-Georges opérait un abattoir sur la 3e avenue, site de l’actuel et chic Georgesville.

L’annonceur de radio, Gilles Bernier, avait la fibre entrepreneuriale. Vers 1957, voisin de CKRB, il opère une petite fabrique de croustilles, les Chips Excel. Malheureusement, un incendie ravage le tout. Futur député de Beauce (1984-1997) et ambassadeur du Canada en Haïti (1997-2001).

Un peu partout en Beauce, des policiers municipaux faisaient leurs rondes de surveillance de parcomètres. Des observateurs  bien informés ont alors affublé ce service de police à pied, car les patrouilleurs travaillaient sans automobiles. Parfois, ils montaient à cheval. À cette époque, la Sureté du Québec se nomme Police Provinciale ou PP; Les motards de la PP sont connus sous le surnom de spotteurs. Une rimette des jeunes débutaient ainsi : la police, pas de cuisses…

En 1988, Gordon Pozer (1938-), du haut de ses 6 pieds 6 pouces, se rappelle de son enfance. « Notre ferme a déjà compté de 35 à 105 vaches. Deux silos, des hangars et cinq puits généreux. Mon père Kenneth (1901-1979) est un cultivateur prospère. La traite des vaches cause alors bien de la misère aux moins expérimentés. Deux petits malfaisants eurent l’idée géniale de couper la queue d’une cinquantaine de vaches, espérant ainsi régler tous les problèmes! » Qui sont les coupables?

L’intarissable raconteur de Saint-Georges-de-Beauce, Victor Rodrigue (1917-2007), se souvient : Le sacristain Jean Gilbert des débuts de la paroisse L’Assomption était un personnage coloré. Comme il aimait bien les fleurs, les plantes, il les exposait dans des pots où l’on pouvait voir facilement l’étiquette… des Olives Gattuso, par exemple. Un jour, il répond à un évêque en visite pastorale qu’il porte le même prénom que son curé, soit Jin (Jean). Beauceron un jour, Beauceron toujours.

Raymond Vachon
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