Un bout de soirée avec Paul Ohl et Louis Cyr
Par: Joffre Grondin

Paul Ohl a pris le temps de dédicacer ses livres, en réussissant à répondre à des questions en même temps. Il est fort… et très polyvalent. Saviez-vous que c’est lui qui a écrit le scénario de Highlander : The Sorcerer. Christophe Lambert est d’ailleurs un ami.
Des amateurs d’hommes forts, grands connaisseurs, s’étaient joints à quelques réguliers, le mercredi 4 décembre au soir, au centre Marie-Fitzback, pour une conférence qui allait être très prisée du public. Il faut dire que Paul Ohl n’est pas n’importe qui. Écrivain et scénariste ayant de nombreuses oeuvres à son actif, il était à Saint-Georges pour une conférence sur Louis Cyr, l’homme le plus fort du monde, dont il est le biographe.
Paul Ohl, un homme costaud à qui on ne donnerait jamais ses 73 printemps, a récemment publié une deuxième édition remaniée de sa biographie sur Louis Cyr sur laquelle est basé le scénario du film du réalisateur Daniel Roby, 150 ans après la naissance de l’homme fort.
Louis Cyr : homme fort
L’écrivain a passé 10 années à étudier son sujet ; c’est dire qu’il le connait à fond. Si les exploits du colosse sont étonnants, son physique l’est tout autant, Paul Ohl n’hésite pas à dire que Cyr « est unique au point de vue génétique ». Avec un poids qui variait, mais oscillant autour de 330 livres, des poignets de 9 pouces, des avant-bras de 18 pouces, des biceps de 21 pouces, une poitrine au repos de 56 pouces, cuisses de 31 pouces, il a réalisé des exploits dont certains n’ont jamais été égalés.
Ses attaches est ses tendons étaient trois fois ceux d’un homme robuste moyen.
À une époque où les poids étaient souvent « gonflés », Louis Cyr insistait pour que ses poids soient rigoureusement exacts et pour que chacun puisse vérifier.
Son lever de 18 hommes sur une lourde plate-forme, un poids totalisant 4337 livres n’a jamais été égalé.
La pierre qu’il a soulevée à l’épaule à Lowell, Massachusetts en mai 1883, a été pesée à 517 livres. « Jamais un être humain n’a réussi à le refaire », soutient Paul Ohl. Il n’avait pas encore tout à fait 20 ans.
Exactitude
Notons en passant que monsieur Ohl a vérifié soigneusement ce qu’il rapporte dans son livre. Il identifie ainsi quelques propos, rapportés dans le livre que Ben Weider a écrit sur Louis Cyr, qui tiennent plus de l’exagération, de l’imagination, de la légende que de faits réels et vérifiés.
Non seulement les faits sont rétablis, mais les exagérations ou quelquefois les fabrications montrent que Louis Cyr était entré dans la légende de son vivant.
On apprend des choses qui sortent de la force pure sur Louis Cyr.

Le visage buriné d’expérience de Paul Ohl en grande explication des différents aspects de la vie de Louis Cyr, qu’il connait à fond.
Louis Cyr : homme fier
Ceux qu’on appelait les canadiens-français à l’époque étaient en compétition avec les Irlandais. Aussi pauvres les uns que les autres, ayant la même religion, c’était une lutte religieuse, pour lequel aurait la plus belle paroisse et l’évêque, mais qui les faisait s’affronter dans d’autres domaines sur le terrain, notamment par la boxe et des épreuves de force. Louis Cyr ne faisait pas exception.
Durant son adolescence à Lowell, on pouvait déceler qu’il « avait une notion de fierté de la race. Il ne laissait rien passer » pointe l’auteur. C’est ainsi qu’il a été poussé à lever la pierre que personne n’avait levé devant 4 000 personnes en un dimanche de mai.
Ce sera quand il se rend en Angleterre plus tard, où il établira tous les records, « que Louis Cyr devient conscient que “nous ne sommes pas des porteurs d’eau” » précise Paul Ohl en conférence.
Contrairement à beaucoup de canadiens-français qui changeaient leur nom aux États-Unis, Louis Cyr était un patriote qui a toujours refusé. Défenseur de la langue, illettré jusqu’à 28 ans, il possède quand même « un grand vocabulaire parlé » et réalise l’importance de s’instruire, révèle le conférencier.
Louis Cyr : des premières
En revenant des États-Unis où pendant quelques années il avait fait des tournées, et beaucoup d’argent, Louis Cyr réalise qu’il pouvait se lancer en affaires. Il fonde son propre cirque avec son associé Horace Barré, un ami et homme fort. « Ce sera la première PME au Québec », constate Paul Ohl.
Louis Cyr est également la première personne non politique à avoir été nommé personnage historique, à l’unanimité, par l’Assemblée nationale.
Quand il revient de Londres, il est une super vedette ; la première superstar québécoise.
Ne se classant pas comme un phénomène de foire, le colosse déclare que sa profession est d’être un athlète. Ce sera le premier Québécois à se déclarer athlète de profession.
Louis Cyr : le film
Le scénario du film est basé sur le livre de Paul Ohl bien sûr, mais selon Paul Ohl « il y a à peu près 70 % de faits et 30 % de romance ». Bon à savoir si vous avez vu ou voyez le film.

Il a répondu à tous, et même le dernier avait l’impression d’être le premier. Les amateurs ont été comblés.
Voyons en vrac quelques points que nous dévoile le sympathique écrivain.
— La chronologie du film est peu précise.
— Ce n’est pas Horace Barré qui s’est rendu en Angleterre, mais son frère Pierre.
— Présenté dans le film comme petit, Pierre Cyr est devenu l’homme le plus fort du monde dans les poids moyens.
— Sa fille Émiliana n’a jamais été en chicane avec son père. À six ans, elle soulevait 330 livres de terre.
Louis Cyr : l’homme
Laissons la parole à Paul Ohl. « Louis Cyr n’avait pas de barrières psychologiques ». Il soulevait le poids… quelle que soit la pesanteur.
On peut le caractériser ainsi : « loyauté, franchise, respect de ses adversaires, souci des spectateurs… et un orgueil incommensurable »
Il ne faudrait pas passer sous silence la présence de la conjointe de monsieur Ohl, Hélène Leclerc, elle-même auteur, qui est actuellement en discussion pour un projet sur la vie de la fille de Louis, Émiliana Cyr, qui a eu un destin tragique.
Le Louis Cyr de Paul Ohl, un beau bout de soirée.