RURALITÉ EN NOIR ET BLANC
Emmanuelle Breton au Moulin La Lorraine
Par: Joffre Grondin

Marie Labonté, historienne de l’art, Emmanuelle Breton, et Hélène Bouffard, «poétesse des mots », une collaboration pour RURALITÉ EN NOIR ET BLANC
Il existe une sorte de mythe voulant que les artistes carburent seulement à l’émotion, un peu comme détachés du monde réel. On peut sûrement, en cherchant, en trouver qui répondent à cette description. Cependant, rien n’est moins vrai. Les artistes sont un mélange d’émotion, d’inspiration, d’intellect, de vision et de planification. Pas tous réunissent toutes ces qualités, mais Emmanuelle Breton, oui.
L’exposition est une collection d’estampes, qu’elle présente dans la salle Pierre-Beaudoin du Moulin La Lorraine, et qui s’appelle RURALITÉ EN NOIR ET BLANC. Selon ses mots, l’exposition « explore la notion d’identité avec le thème de la ruralité québécoise. La morphologie du lieu d’où nous sommes originaires ou du lieu où nous choisissons de vivre a une influence sur notre identité ».
Le secret
Dans une interview sur le balcon à l’arrière du Moulin, Emmanuelle a expliqué, sur fond de ce pays qui l’a inspiré, où commencer pour visiter Ruralité, vers où se diriger, voir le développement, les phases, les couleurs, leur signification et le point d’aboutissement. Pourquoi tel tableau est placé à tel endroit ? Ça, c’est la partie intellect. Voyez Le secret à la fin pour savoir quoi faire en haut de l’escalier.
L’inspiration
« Monter une exposition, c’est un an et demi à cogiter, à colliger, à dessiner, à écrire ». Il faut de l’inspiration.
Native de Lac-Etchemin, Emmanuelle Breton est inspirée de ses racines, de sa région d’origine: les grands espaces, les boisés, les sentiers, le silence, la solitude, le mouvement du vent ou des cours d’eau, les arbres, des fermettes au loin, de petites maisons et la blancheur de la neige, bref de son amour, disons symbiose avec son environnement. Ce sont les icônes de cette exposition qui ouvrent une fenêtre rafraîchissante sur la région à travers le regard critique d’une artiste profondément dédiée à son art et à son coin de pays.
De plus, les événements de Lac Mégantic ont contribué à la réalisation que « les gens que j’ai perdus au cours des ans me manquent encore ». Certaines oeuvres leur rendent hommage, dit-elle, « soit par le titre, soit par l’imagerie ».
Planifier et collaborer
Hélène Bouffard, l’artiste qui a mis des mots sur les tableaux. La collaboration s’est transformée en une pièce appelée « Cousu de fil blanc », qui rappelle les courtepointes de grands-mère qui étaient cousues avec leurs filles.
Marie Labonté est historienne de l’art et a également collaboré à l’écriture des textes.
L’exposition RURALITÉ EN NOIR ET BLANC d’Emmanuelle Breton est présentée dans la très, mais vraiment très belle salle Pierre-Beaudoin du Moulin La Lorraine du 21 septembre au 15 décembre 2013
La pratique artistique d’Emmanuelle Breton est multidisciplinaire et touche surtout l’estampe, la photographie et l’installation. Son moteur de création est alimenté par un questionnement sur l’identité et privilégie une thématique de racines et de traces : les racines d’où je viens et les traces que nous laissons par nos actions. Au fil des années, l’artiste a développé une iconographie personnelle de symboles récurrents tels la maison, l’arbre, les racines, la couleur rouge, le noir, le carré et le cercle pour s’exprimer. Les images qu’elle crée, parfois de très petites dimensions, traduisent avec beaucoup de liberté les émotions qui découlent de perceptions.
Conversation au balcon
La conversation sur le balcon a duré 6 min 43 s. En voici des extraits sans « » à répétitions avec des « affirme, déclare, lance, explique », qui ne font qu’alourdir le texte. Les extraits sont incomplets, mais ne trahissent pas finesse de la pensée de l’artiste.

En conversation Emmanuelle Breton sur le balcon, avec en fond de scène le paysage dont l’artiste s’inspire
Le secret
Au moulin La Lorraine, vous devez emprunter l’escalier pour monter à la salle Pierre-Beaudoin. En haut de l’escalier, vous tournez à gauche en pénétrant dans la salle. Le petit tableau est le point de départ. Quand vous aurez fait le tour de la salle, le point final sera le tableau près de la porte.
L’explication
« C’est un carré qui est la base de tout qui se multiplie et qui s’additionne, symboliquement les 4 saisons, les 4 éléments, eau, terre, etc., la solidité, et c’est ce que nous utilisons pour montrer aux gens que l’on peut utiliser des éléments qui vont ajouter un “punch” à un mur.
Un début noir et blanc avec des carrés qui se développe en ajoutant de la couleur, bleue, qui représente les gens qui l’entourent. L’oeuvre se termine avec du rouge, qui me représente moi, une personne passionnée… On termine avec une oeuvre rouge qui est mon autoportrait.
On vient à un vernissage, souvent pour rencontrer des gens, le vernissage est familial, entre amis, on est content de se voir… mais on revient souvent pour la regarder seul à seul, pour vraiment prendre le temps de l’absorber, d’une autre manière… Le vernissage n’est qu’une impression, quand on revient, on perçoit l’exposition différemment parce qu’on est plus disposé et concentré à regarder réellement les oeuvres ».
Évidemment, vous avez compris que ce qu’Emmanuelle Breton nous dit de son exposition s’applique à toutes les expositions. Ça, c’est la vision.
Il y a plus de science et de logique dans les arts que ce que les mythes urbains colportent.
Notons que l’artiste donne une causerie intitulée Démystifier l’estampe, le 10 novembre, à 13 : 30 h, au Moulin.