" LE DESTIN DE MAGGIE "
Une trilogie pour Daniel Lessard
Par: Joffre Grondin

Daniel Lessard, l’homme que l’on ne connaissait que de face a maintenant un profil… que les gens apprécient grandement. L’écrivain était à Saint-Georges jeudi soir pour présenter le troisième livre de la série des Maggie, Le destin de Maggie
Près de 125 personnes s’étaient donné rendez-vous dans un grand hôtel de Saint-Georges ce jeudi 19 septembre, pour rencontrer Daniel Lessard, l’auteur, le parent, l’ami, la connaissance, et se réjouir ensemble de la parution du troisième tome, en autant d’années, de la série des Maggie : Le destin de Maggie.
Signatures de livres, feu roulant de conversations, la salle était de toute évidence occupée par des gens comblés.
Directrice aux Éditions Pierre Tisseyre, elle même auteure et conceptrice de la collection des Mille et un métiers, c’est Sylvia De Angelis qui introduira, avec « sa voix radiophonique », Michelle Tisseyre, militante, journaliste, mère de 7 enfants, romancière… et grande soeur du président des Éditions, Charles Tisseyre, absent, à son grand regret.
On gagne à la connaître
Michelle Tisseyre introduit l’auteur et son oeuvre avec chaleur. « Vous allez pleurer, vous allez rire… il va vous mettre dans une sorte de tordeuse émotive… vous allez passer de très belles heures de lectures ». Ceux qui sont maintenant à lire Le destin de Maggie comprennent jusqu’à quel point elle avait raison.
La dame a des lettres et est très charmante. Elle met en parallèle l’écriture de Daniel Lessard à celle de Zola, « phrases courtes… avec des mots qui courent autour du verbe ». Tous ceux qui avaient lu Émile dans la salle ont dû beaucoup apprécier. (Tout en possédant 16 des 20 romans de Zola, ce journaliste n’a même pas terminé Germinal, alors le compliment lui est honteusement passé par dessus la tête).

Madame Michelle Tisseyre, une dame qui a des lettres et du style. Presque envie de dire, « trop comme sa mère », mais… seuls les plus vieux comprendront.
Après avoir lu les deux premiers chapitres de Maggie pour vérifier, sinon se racheter de son ignorance, Zola demeure inconnu, mais effectivement, les Maggie mots semblent frétiller sur la page et ce sont les yeux qui leur courent après. Très dur de s’arrêter de lire ce roman, avec tous ces « mots qui courent autour du verbe ».
Et maintenant, ecce homo !
Ayant passé 40 ans hors de la Beauce, Daniel Lessard s’excuse quand même de ne pas reconnaitre tout son monde, mais ajoute que « souvent, en voyant le visage je sais si c’est un Bolduc, un Veilleux ou un Poulin », aux rires de la salle.
Il tient à remercier Andrée Roy, sa recherchiste, qui trouve tous les renseignements demandés « en une heure, quand elle n’est pas en forme, sinon, c’est presque instantané ». Soulignons que Andrée Roy et André Garant, historien nourrissent le site http://www.patrimoine-beauceville.ca ,une mine de renseignements.

L’auteur Daniel Lessard a remercié Andrée Roy, sa recherchiste, grâce à laquelle les détails sont historiquement sûrs et précis.
Les futurs lecteurs en profiteront pour apprendre qu’une partie importante du livre tournera autour de la rivalité entre Édouard Lacroix et Ludger Dionne, alors que Maggie… vous en savez assez, mais cela mène à son deuxième remerciement. Il ne fallait blesser personne des familles impliquées, l’auteur a donc demandé conseil à quelqu’un de confiance, en l’occurrence Pier Dutil, qui n’a plus besoin de présentation en région, qui, après lecture, lui a « donné sa bénédiction ».
Petites capsules historiques éclair
L’auteur a, selon ses mots, « rigoureusement recréé le contexte de l’époque » de 1944-45, c’est à dire au début de l’industrialisation. Il rappelle quelques faits historiques importants qui forment la trame de fond à travers laquelle l’intrigue se tisse.
Grève spectaculaire à l’usine Dionne, 2 ans avant celle de l’amiante à Thetford qui a été la plus spectaculaire dans l’histoire du Québec. « La police de Duplessis s’est fait les ongles sur les grévistes, et ça n’a pas été joli ».

Deux amateurs passionnés d’histoire en grande conversation, Gérard Jacques (de dos) et Fabien Roy. Le sépia donne toujours un petit côté nostalgique.
La saga des 100 Polonaises : Ludger Dionne qui manquait gravement de personnel pour sa « Dionne Spinning Mills » a utilisé ses contacts comme député fédéral pour aller chercher les 100 Polonaises, « toutes catholiques, le curé s’en est occupé » a donné un grand choc à l’époque par le simple fait d’amener des « étrangères ».
Daniel Lessard avoue avoir relu L’Action catholique de l’époque pour se replonger dans les faits. « C’est le Saint-Georges de l’époque, et on comprend mieux ce qu’il est devenu aujourd’hui ». La petite foule, verre de vin d’une main, boit ses paroles de l’autre.
L’orateur salue les ex-députés de Beauce présents, Normand Lapointe et Fabien Roy avec une grande fluidité dans le discours. Beaucoup de gens dans la salle s’intéressent à l’histoire régionale et la connaissent très bien ; les évocations en rafale des dernières phrases de la trop courte allocution étaient un régal.
Les détails historiques de la trilogie sont tellement exacts, précis, vérifiés et vérifiables, que le lecteur beauceron aura un peu l’impression que l’auteur a repris les ingrédients du gâteau du patrimoine et l’a refait en ajoutant une nouvelle fioriture au crémage avec tellement de brio, qu’on se demande lequel est l’original. Quelle Maggie est la vraie ?
Celle du premier ou du deuxième gâteau ? C’est le deuxième qui l’emporte.

Voici celui qui captait l’attention. Le nouveau retraité. Seuls les retraités savent que certains goûts, certains talents qui n’avaient pas eu l’opportunité de remonter à la surface le font à la retraite. Parfois doucement, parfois discrètement, mais parfois c’est un geyser… qui nous donne des écrivains qui semblent naitre spontanément, alors qu’ils n’ont que mûri très lentement.
Conclusion
On le voit à la télévision depuis toujours, avec un texte bien défini, en deux dimensions, toujours de face. On s’y était habitué. Mais voilà qu’on découvre que le monsieur a un profil et que ce profil se profile en trois dimensions et compose son propre texte, plus rapide et plus intéressant que celui auquel on était habitué.
Un bien beau moment que ce jeudi soir !
Le destin de Maggie, de Daniel Lessard, est en vente chez votre libraire préféré. On peut trouver la maison d’édition Pierre Tisseyre ici : www.tisseyre.ca