RÈGLEMENT WICKHAM À SAINT-THÉOPHILE
Même fin de non-recevoir et apparence de magouille

Luc Lapierre, membre du Comité citoyen contre les gaz de schiste de Saint-Martin.
OPINION DE L’INTERNAUTE
Luc Lapierre est membre du Comité citoyen contre les gaz de schiste de Saint-Martin. Il a suivi le dossier depuis le début et il est très documenté sur le sujet, comme le démontrent d’ailleurs également les autres membres du comité. Nous présentons ici ses réflexions, déductions et spéculations personnelles concernant l’état des choses dans le dossier du gaz de schiste. Nous pensons que — d’accord ou non — son point de vue mérite d’être considéré. Voici donc tel que reçu le manifeste d’un citoyen engagé dans sa communauté. Joffre Grondin, éditeur.
Décidément, les maires de la MRC se sont passé le mot. Tout comme Jean-Marc Paquet l’avait fait à Saint-Martin la veille, le maire de Saint-Théophile, Roland Boucher a servi à la population une soupe d’excuses pitoyables pour justifier le refus du conseil d’adopter le règlement Wickham visant à protéger l’eau potable de cette municipalité de quelques 800 âmes. Et cela, malgré une pression énorme des citoyens présents, plus d’une cinquantaine, qui ont manifesté bruyamment et fermement leur volonté de régler le dossier le soir même avec le dépôt d’un avis de motion.
Tout comme « El Dictatore » la veille, Monsieur Boucher avait apparemment « parlé à deux avocats tout juste avant la réunion » (tiens, tiens, les avocats ont beaucoup de travail cette semaine!) et a proposé, au cours des débats, « de réunir 4 ou 5 municipalités pis de payer 50,000 piasses pour nous faire faire un règlement sur mesure qui pourrait être appliqué d’ici un an ». On aurait dit un discours préparé par quelqu’un d’autre. Quelle coïncidence, sinon.
La scène était vraiment pathétique au plus fort des débats. Alors que les citoyens, qui étaient fort bien préparés, martelaient le maire Boucher et ses conseillers à coups de textes de loi, prouvant hors de tout doute que le règlement Wickham est bel et bien légal, le pauvre maire, déconfit et maintenant dans les câbles, semblait vraiment pris entre l’arbre et l’écorce tandis que les conseillers à ses côtés étaient complètement écrasés, dépassés par la situation. D’ailleurs, le conseiller René Paquet (!) qui, quelques jours auparavant, aurait promis à des citoyens « de se lever et de présenter l’avis de motion » à la séance d’hier s’est finalement ravisé, la tête sous le bras, visiblement embarrassé. Il y avait anguille sous roche, de toute évidence.
Au final, le maire Boucher, proposant à ses citoyens la phrase « je ne vous laisserai pas tomber », a demandé un sursis aux gens présents, prétendant qu’il consultera les autres maires de la MRC Beauce-Sartigan le 20 juin prochain avant de déposer un avis de motion le 27. Ce qui laisserait supposer que dans le pire des cas, Wickham devrait être adopté à la séance de juillet. Pas si sûr, quant à moi… Et voici pourquoi.
Il y a fort à parier que depuis l’adoption du règlement « Wickham » ou celui dit de « Saint-Bonaventure » par quelques municipalités de la région au cours des derniers mois, celles qui n’ont pas encore agi se sont fait remettre à leur place d’une façon ou d’une autre. Plusieurs hypothèses sont plausibles, dont les suivantes :
Premièrement, le ministre de la Sécurité publique et député de Beauce-Sud, l’élégant Robert Dutil, pourrait forcer la main des maires en laissant planer la menace de poursuites-bâillons de Junex à leur endroit si jamais un tel règlement était adopté dans leur municipalité. Le chiffre de 2 millions de dollars circule présentement, mais n’a pas encore été confirmé;
Deuxièmement, mis au courant de l’important mouvement citoyen dans la région, et que quelques municipalités avaient déjà adopté un règlement qui va à l’encontre de ses activités, il serait tout aussi plausible que Junex elle-même ait expédié une mise en demeure aux maires de la MRC, ou encore à la MRC Beauce-Sartigan, les menaçant de recours si elles adoptaient Wickham ou Saint-Bonaventure.
Bien entendu, ces hypothèses excluent celle, tout aussi possible, d’une simple collusion entre maires libéraux dans le but de se montrer fidèle au parti. Étant donné le manque de transparence de nos élus, il est légitime pour les citoyens de croire ce que bon leur semble.
Dans tous les cas, une demande d’accès à l’information devrait aider à faire la lumière sur la magouille qui se cache derrière l’entêtement des maires de la région.
En somme, une chose très importante est ressortie de la réunion du conseil de Saint-Théophile d’hier. C’est que les règlements Wickham et Saint-Bonaventure sont bel et bien légaux et pleinement justifiés. Car s’ils n’étaient qu’inopérants, les pressions pour en empêcher l’adoption ne seraient certainement pas aussi fortes.