ORDRE DU MINISTÈRE
Les édiles de Saint-Georges sont effondrés
Par: Joffre Grondin

Qui aurait cru que le feu ne serait qu'un début. Notre quai sera bientôt du passé.
Les édiles de ville Saint-Georges ont subi le choc de leur vie politique, tard hier soir, alors qu’ils s’y attendaient le moins. Les conseillers étaient assemblés à l’hôtel de ville pour une petite réunion informelle à l’occasion de l’anniversaire du maire François Fecteau.
Le directeur général, Marcel Grondin, qui était allé quelques instants dans son bureau est revenu livide avec un courriel qui venait du Ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs : une bombe.
Le ministère, pour des raisons dont nous n’avons pas encore pu prendre connaissance, aurait décidé, après études approfondies, que la Promenade Chaudière, avait été classée de niveau délabrement 5, ce qui signifie irrécupérable dans le jargon du ministère. La promenade au complet doit être démolie, et le ciment remplacé par des matériaux plus respectueux de l’environnement.
On y construirait des murs de pierres, en pente, un peu à la façon dont les berges ont été solidifiées près des passerelles, ce qui parait-il donnerait une continuité esthétique plus adéquate, tout en respectant les nouvelles normes.
Poussière en vue
Des fissures profondes à de nombreux endroits, et surtout le manque d’entretien depuis de nombreuses années aurait fait pencher la balance. La décision semble irrévocable et la démolition commencerait dans les prochaines semaines. Le mur de ciment du côté Est sera donc fracturé et réduit en morceaux assez petits pour être transportés. On peut s’attendre à beaucoup de va-et-vient de camions, accompagnés de poussière pour l’été.
Le maire, après lecture attentive du document aux conseillers, est resté sans voix. Le conseiller Marcel Drouin, inconsolable, sanglotait sur l’épaule d’Irma Quirion elle-même les yeux mouillés. Serge Thomassin bouleversé rédigeait distraitement une contravention à Manon Bougie dont la chaise était mal stationnée; Jean Perron distribuait des coupons-rabais à tout le monde d’un air absent; Lionel Bisson opinait du bonnet sans arrêt en écoutant Marie-Eve Dutil qui répétait sans arrêter « Je l’avais dit, je l’avais dit, je l’avais dit… » Manon Tousignant essayait de convaincre le directeur général adjoint Claude Poulin, qui restait très froid, d’écrire sur le site web que la deuxième glace était un mauvais placement. Roger Carette, absent, ne faisait aucun commentaire au grand désespoir de Marcel Grondin, que tout le monde ignorait complètement.
La conclusion fut heureuse. Le maire, se levant soudain de sa chaise, lança un « non » d’une voix forte et passionnée qui sidéra l’assistance. Pressé d’explications, il compléta en disant : « Non, il ne faut pas se laisser abattre. N’oublions pas que c’est mon anniversaire. Et le jour de mon anniversaire, il faut s’attendre à tout, même le soir, car c’est le 1er avril après tout ».
Bon anniversaire monsieur le maire.