Suzanne Castonguay, le «savoir-fer» d’une gagnante
Début mars 2011, Suzanne Castonguay remporte le Grand Prix pour la MRC des Etchemins dans le cadre de la 8e édition du concours d’oeuvres d’art des régions de la Beauce, des Etchemins et des Apalaches. Exploitant « Ailleurs », le thème choisi pour cette année, l’oeuvre tridimensionnelle « Ici et là » prend la télévision comme point de départ pour arriver à un résultat si impressionnant qu’une simple photo arrive très difficilement à en saisir l’impact.
Vous pouvez voir l’oeuvre « en personne » au Musée Marius Barbeau jusqu’au 5 avril ; les oeuvres des116 participants y sont également en exposition. Ça vaut le voyage.
Ce qui s’est passé
En examinant les 116 pièces en exposition dans le musée, on passe soudain devant un montage table, télévision, « oreilles de lapin » en acier de 2 mm d’épaisseur, soudé et peint, illuminé, avec vitrail, placé devant un coin, comme pourrait être placé une télévision. À la fois solide, massif, élégant et délicat, il faut regarder quelques instants pour saisir que même la table fait partie de la « sculpture ».
Qui a bien pu concevoir et construire ça ? Ce n’est que lors de la présentation des gagnants, en voyant une jeune femme blonde s’avancer, qu’on se dit « Wow ! Comment fait-elle ça ? »
C’est pourquoi nous avons voulu en savoir plus sur cette artiste, artisane, conceptrice et femme d’affaires ; en effet, elle et son conjoint possèdent leur propre entreprise, J.S. Métal Design. Leur site http://www.jsmetaldesign.com en dit long sur leur talent.
La palette créative de Suzanne Castonguay est assez large pour allègrement intégrer le fonctionnel et le décoratif et même les combiner: du monumental escalier en colimaçon en fer forgé décoré d’animaux jusqu’à l’intrigant montage qui lui a valu le premier prix de la MRC des Etchemins.
Travaillant à partir de matériau neuf et non de pièces recyclées, ses créations vont du porte-cartes d’affaires aux meubles et son « savoir-fer », comme l’indique sa propre carte d’affaires, n’est limité que par son imagination.
Le parcours
Toute créativité, tout talent se développe et s’exprime à travers une technique que l’on se doit de maitriser et il est toujours intéressant de retracer ce parcours, qui est ici un peu particulier.
Née à Schefferville, une ville minière dans les vastes étendues du Nouveau-Québec, « une ville inventée par une grosse compagnie », comme le chante Michel Rivard, elle a un père qui connaît la soudure. Il a aussi le sens des affaires.
Après quelques pérégrinations, la famille se retrouve à Saint-Georges où son père monte une entreprise où l’on travaille des pièces d’aluminium. Pendant de nombreuses années, Suzanne travaille dans l’atelier de soudure de son père, faisant un peu de tout, apprenant les techniques et les intégrant.
Note pour la petite histoire, l’atelier était situé dans le local qui abritait auparavant les Matelas Diamant, propriété d’une des premières femmes d’affaires de Saint-Georges, Mme Luc Poulin. C’est là que travailler le métal se transformera en passion et la conduira, avec son conjoint, à partir leur propre entreprise.
Quelque part sur sa carte d’affaires on peut lire: DESIGN AU PLASMA. On devine que ce n’est pas du plasma sanguin, mais qu’est-ce que c’est au juste. Attention la température va monter.
La science au service de l’art
Le terme plasma est un état de la matière, comme l’état solide, liquide, etc., et que cet état n’est visible sur Terre à l’état naturel qu’à très haute température, quand l’énergie est telle qu’elle réussit à arracher des électrons aux atomes. Stupéfaction, les plasmas représentent plus de 99% de la matière connue dans l’univers. Cependant, une très haute température est nécessaire pour déceler cet état, température un peu comme celle qu’utilisent les soudeurs. Merci Wikipédia.
Avec cette technique, découper une feuille d’acier commercial de «14 gauge», (2,03 mm d’épaisseur) est aussi facile que de passer un couteau brulant dans du beurre. Attention à vos doigts on arrache des électrons aux atomes. Une redoutable précision, sans bavures, à condition de maitriser la technique évidemment. On peut même graver dans le métal, une sorte d’écriture avec une plume de feu.
On peut ainsi comprendre la finesse de détail des oeuvres de Suzanne Castonguay. Mais la technique ne donne pas le talent. Ça, c’est une autre histoire que les photos vous racontent mieux que les mots.
En collaboration avec un artisan dont le bois est la passion, on assiste à une fusion bois/métal. Inspiré par le style Eastlake, cet ensemble de salle à diner combinant le chêne et l’acier est absolument unique et son élégance n’a d’égal que sa solidité.
On peut rejoindre l’artiste pour produits ou commandes en visitant son site ou au 418.594.1510