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On fraternise aux déjeuners de la Légion canadienne

Plusieurs militaires, des membres de leurs familles et quelques invités participent régulièrement à ces déjeuners rencontres mensuels, au cours desquels tous peuvent fraterniser. Le tout se fait d’une manière conviviale et sans prétention.

Par Yvon Thibodeau

Le premier mardi de chaque mois revêt un caractère assez spécial pour plusieurs ex-membres des Forces armées canadiennes, notamment quelques Anciens combattants, qui en profitent pour se réunir au restaurant Le Resto-Pub de Saint-Georges, afin de discuter des divers sujets qui font partie de l’actualité.

Ces déjeuners-rencontres, qui sont sous l’égide de la Légion royale canadienne-filiale 249 la Beauce, permettent à ces ex-militaires et à leurs proches, de se réunir afin de discuter des activités à venir, ou encore celles ayant eu lieu récemment, notamment les cérémonies destinées à commémorer le Jour du Souvenir.

Monsieur Bertrand Grenier, qui approche les 90 ans, ne manque jamais une occasion de participer aux Cérémonies commémorant le Jour du Souvenir, ou encore ces déjeuners rencontre où il peut s’entretenir avec ses «Frères d’armes»

Parmi ceux et celles qui assistent à ces rencontres mensuelles, on peut retrouver un soldat qui a combattu lors de la Guerre de 39-45, en l’occurrence M. Bertrand Grenier. Lui et sa conjointe ne ratent jamais une occasion pour venir déjeuner en compagnie d’autres Vétérans, notamment avec Martin Lévesque, qui a servi durant 18 mois en Corée, au début des années 50. Quelques autres ont effectué leur service en Bosnie, notamment Bernard Pépin, Marco Vigneault et Jacques Bélanger, ce dernier ayant également combattu en Afghanistan.

Un des membres présents en ce 1er février, l’ex-douanier Alfred Michaud, qui célébrera son anniversaire de naissance le 17 février prochain. M. Michaud atteindra alors l’âge vénérable de 90 ans! Son voisin de table, l’ex-Ambassadeur du Canada à Haïti, M. Gilles Bernier, en a avisé les personnes présentes, ce qui a bien amusé le futur nonagénaire.

Parmi la quarantaine de personnes qui participent à ces rencontres, on retrouve d’ex-parachutistes, des militaires qui ont participé à des missions de paix dans divers endroits du globe, ou encore des citoyens qui ont fait partie de la Réserve. Mardi dernier, Mme Louisette Beaudoin, qui agissait en tant qu’opératrice de radar au Mont-Apica, lors de la guerre froide avec l’URSS, faisait partie des personnes présentes.

Les vraies valeurs de la vie

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, il est très rare que ceux qui ont vécu les horreurs de la guerre se livrent à des confidences lors de ces déjeuners. Les discussions portent plutôt sur les nouvelles qui ont fait la Une des médias, la politique ou d’autres sujets. Même si certains participants furent témoins d’atrocités lorsqu’ils étaient en service, ils préfèrent ne pas en parler, probablement afin de tenter de tourner la page. Tous ont cependant un point en commun: la fierté d’avoir servi leur pays et d’avoir aidé des peuples qui ont connu la souffrance. L’auteur de ce reportage a cependant déjà reçu certaines révélations de la part de quelques jeunes militaires, notamment celles de Marco Vigneault, peu de temps après son retour de Bosnie: « Pas facile de revenir à la vie de tous les jours, après avoir vu de jeunes enfants contraints de se placer en ligne, placer leur index et leur majeur sur une table, afin qu’on leur coupe les doigts, dans le seul but qu’ils ne puissent pas se servir plus tard de leurs mains afin d’utiliser une carabine contre leurs opposants », m’a-t-il confié avec tristesse.

Que d’expérience et de souvenirs accumulés par ces braves combattants. Cette photo fut prise il y a déjà plus d’un an, soit le 5 janvier 2010.

Quand deux ex-parachutistes se rencontrent, on en profite alors pour se remémorer de joyeux souvenirs. C’est du moins ce qu’on peut penser en voyant les mines réjouies de Colomb Talbot et Albert Dupéré.

L’invité de ce matin-là n’était nul autre que Gilles Bernier, ex-député de Beauce et ex-ambassadeur du Canada à Haïti, père du député actuel Maxime Bernier. A sa gauche, le nouveau président du Club de golf de Saint-Georges, Bernard Pépin, qui a oeuvré durant 42 ans au sein des Forces armées canadiennes, et qui a effectué notamment une mission en Bosnie.

Le fait de trouver des familles entières crucifiées sur les murs de leurs maisons, ou de voir des enfants se faire violer par des individus sans aucun scrupule laissera gravé dans la mémoire de ceux qui en ont été les témoins, des images qui hanteront leurs sommeils pour toujours. Plusieurs d’entre eux devront recevoir de l’aide afin de combattre ce qu’on désigne de nos jours sous le vocable de « stress post-traumatique ».

Le soldat Jacques Bélanger, un autre jeune Vétéran qui a participé à des missions militaires en Bosnie et en Afghanistan, m’a déclaré dernièrement qu’après avoir vécu de telles expériences, il ne voyait plus les choses de la même manière: « C’est là qu’on apprend à connaître les vraies valeurs de la vie », m’a-t-il dit. Il faut aussi comprendre que les Vétérans qui ont combattu au cours de la Guerre 14-18, 39-45 ou de 50-53 , pouvaient également être victimes de ce mal lorsqu’ils revenaient au pays. Malheureusement, très peu d’aide était dispensée à cette époque, ce qui avait comme conséquence que bien des militaires tentaient d’oublier en se réfugiant dans la drogue et l’alcool.

Au service de son pays

La fille du caporal Victor Deblois, qui faisait partie de la 3e division d’infanterie du Régiment de la Chaudière, qui a participé au Débarquement de Normandie en 1944 et qui fut blessé par un éclat d’obus, m’a déjà raconté qu’il arrivait parfois que son père leur parlait de ce qu’il avait vécu « Là, il se mettait à pleurer en nous disant qu’il avait vu mourir sous ses yeux plusieurs de ses compagnons ». On peut d’ailleurs voir sur le web la célèbre photo de M. Deblois, tenant en joue deux soldats allemands qu’il avait faits prisonniers. Ce cousin de mon père était à peine au début de la vingtaine lorsqu’il s’enrôla, et qu’il fut envoyé en mission en Europe en compagnie de ses « Frères D’Armes », dans le but de libérer la France occupée par l’Armée allemande.

Marcel Morissette et Martin Lévesque, deux octogénaires qui cumulent plus de 168 années d’expérience, semblent bien contents de se retrouver une fois par mois.

Lors d’un récent déjeuner, deux ex-parachutistes qui ont fait partie des «Airborne», Serge Anctil et Albert Dupéré, en ont profité pour se remémorer la fois où ils avaient dû sauter, en compagnie d’environ 200 des leurs, par un vent de près de 40 kilomètres, chose presque impensable normalement, afin de donner un spectacle dans le but d’impressionner les dignitaires présents. Résultat: quelques dizaines d’entre eux ont dû se faire traiter pour de multiples fractures aux jambes et aux bras.

Parmi les militaires de Saint-Georges qui ont aussi participé à la Deuxième Guerre mondiale, nous nous devons de mentionner M. Rosaire Jibouleau, ex-plombier qui réside au Centre d’hébergement l’Accueil, et qui aujourd’hui doit bien approcher les 95 ans.

Une mission contestée, mais nécessaire

Quant à ceux qui critiquent la participation du Canada dans le conflit qui sévit présentement en Afghanistan, il est important de se rappeler que même si cette guerre pourrait s’éterniser durant plusieurs décennies, et l’éventualité que nous ne puissions jamais la gagner, le travail effectué par les membres des Forces armées canadiennes, qui acceptent volontairement de s’y rendre, n’est certainement pas effectué en vain. Le caporal Étienne Gonthier, jeune homme de 21 ans et résidant à Saint-Georges de Beauce, décédé le 23 janvier 2008 alors que le véhicule blindé dans lequel il prenait place avait explosé sur une mine artisanale, non loin de Kandahar, il avait l’habitude de répondre à ceux qui l’interrogeaient quant aux raisons qui avaient motivé sa décision de se rendre combattre en Afghanistan: «Si nous étions comme dans ce pays-là, nous serions contents que quelqu’un vienne nous sortir de ce marasme»!

Qui peut faire partie de la Légion

Présentement, environ 80 membres font partie de la Légion royale canadienne filiale 249 La Beauce.  Contrairement à ce qu’on pourrait penser, tous ceux qui le désirent peuvent joindre cette organisation, même si les requérants n’ont jamais fait de service militaire. Il existe plusieurs catégories de membres, notamment les « membres ordinaires » et les « membres associés », catégorie au personnel militaire ou policier. Quant au statut de « membre affilié », il fut conçu afin de permettre à ceux et celles qui appuient les buts et objets de la Légion royale canadienne, de pouvoir soumettre leur candidature.

Récemment le président de la Légion royale canadienne filiale 249 la Beauce, M. Réal Donati, a remis à l’ex-militaire Jacques Bélanger, qui demeurera dorénavant dans la région de Québec, une médaille-souvenir en remerciement pour les services rendus à la Légion royale.

Plusieurs militaires, des membres de leurs familles et quelques invités participent régulièrement à ces déjeuners rencontres mensuels, au cours desquels tous peuvent fraterniser. Le tout se fait d’une manière conviviale et sans prétention.

Toutes les photographies sont l’oeuvre d’Yvon Thibodeau

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