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L’influent curé Dionne (1861-1918), et un diocèse de Beauce ?

Le curé Henri Alfred Dionne, devant le presbytère de l’église Saint-Georges, entre 1905 et 1918.

Le curé Henri Alfred Dionne, devant le presbytère de l’église Saint-Georges, entre 1905 et 1918. Crédit photo: Société historique Sartigan

Par André Garant

Ordonné prêtre, le célèbre Charles Chiniquy (1809-1899) combat  les ravages de l’alcool. En 1860, il devient pasteur presbytérien en Illinois, aux États-Unis, et épouse Euphémie Allard (1834-1911). Entre autres, leur fille, Rébecca Chiniquy (1868-1939), sera l’épouse du Révérend Joseph Luther Morin (1854-1947). 

Chiniquy est adopté par son oncle Amable Dionne, grand-père d’Henri-Alfred Dionne, curé de Saint-Georges-de-Beauce. Amable Dionne est négociant, seigneur et député de Kamouraska. Ses filles épousent des hommes influents : Georges-Pascal Desbarats, imprimeur de la Reine, Olivier-Eugène Casgrain, seigneur de L’Islet-sur-Mer, Pierre-Elzéar Tasachereau, politicien et seigneur de Sainte-Marie-de-Beauce, Jean-Thomas Taschereau, juge de la Cour Suprême, Cyrice Têtu, commerçant, Jean-Charles Chapais, marchand, ministre et sénateur. 

Le curé Dionne n’est pas un proche parent de Wenceslas Dionne (1851-1930) de Saint-Louis de Kamouraska, père de Ludger Dionne (1888-1962). Le 26 août 1861, Henri-Alfred Dionne naît à Sainte-Anne-de-la-Pocatière, dans Kamouraska. Il est le fils de Clara Têtu (1835-1920) et de l’avocat Élisée Dionne (1828-1892), seigneur et Commissaire de l’Agriculture et des Travaux publics. 

Le curé Henri Alfred Dionne.

Le curé Henri Alfred Dionne. Crédit photo: Société historique Sartigan

Amable Dionne (1781-1852), le grand-père du curé Dionne, est alors considéré comme le plus riche habitant de la Côte-du-Sud. Le 30 janvier 1920, Clara Têtu décède au presbytère de l’Islet où son fils Émile Dionne (1855-1921) est curé.

Henri-Alfred est ainsi le frère d’Adine Dionne (1871-1952) qui épouse, en 1891, Louis-Alexandre Taschereau (1867-1952), futur premier ministre libéral du Québec (1920-1935)… et frère du premier cardinal canadien, Elzéar-Alexandre Taschereau (1820-1898).

Le 7 juin 1884, Mgr Dominique Racine ordonne Henri-Alfred. De 1884 à 1892, il sera d’abord vicaire au Cap-Saint-Ignace. De 1892 à 1896, M. Dionne occupe la première cure de Saint-Maxime de Scott. Ensuite, de 1896 à 1899, l’abbé Dionne est desservant de la Congrégation de Saint-Roch de Québec.

Des brocs à foin sur le pont

Pendant ce temps, à Saint-Georges-de-Beauce, le curé Théophile Montminy (1890-1899) et les syndics projettent pour bientôt le remplacement de l’ancienne église bâtie en 1862. Une autre chicane des riverains est-ouest de Saint-Georges retarde la construction… de plus, le pont à péage (1881-1911) de David Roy (1841-1920) excite les caractères! En 1988, Jean Duval (1898-1989), le curé-fondateur de la paroisse georgienne voisine de L’Assomption, rappelait des querelles à la fourche à foin sur le pont, face à la future église du secteur ouest de Saint-Georges.

De fiers ouvriers de l’église posent pour la photo au début des années 1900.

De fiers ouvriers de l’église posent pour la photo au début des années 1900.

Une église à construire

Ainsi, en octobre 1899, Henri-Alfred Dionne devient le 7e curé de Saint-Georges. Henri-Alfred Dionne était destiné à la cure d’une paroisse pas ordinaire, la future métropole de la Beauce, Saint-Georges. Diplomate et ordonné, le curé Dionne a tout un défi à relever. En effet, selon l’inventaire des lieux de culte au Québec, les réputés entrepreneurs se mettent à l’œuvre : le maçon et entrepreneur Joseph Couture de Lévis, Joseph Labrecque, charpentier.

Quant à lui, l’entrepreneur Joseph St-Hilaire (1863-1943) à Louis de Saint-Romuald est apprenti de l’artisan Ferdinand Villeneuve depuis 1874; en 1883, il ouvre son premier atelier de sculpture. St Hilaire a construit une quarantaine d‘églises. « Il conçoit, en 1901, la chaire de l’église de Saint-Zacharie, en Beauce, et une table de communion pour l’église de Sainte-Luce en 1916. Il produit des modèles de chapiteaux et d’ornements pour le Collège de Sainte-Anne-de-La-Pocatière et signe quelques pièces de mobilier religieux durant sa carrière. »

Un château en Beauce…

Alfred Dionne, dans sa jeunesse.

Alfred Dionne, dans sa jeunesse.

Le curé Dionne et des paroissiens verront à faire respecter les plans de l’architecte David Ouellet (1844-1915), ex-élève de François-Xavier Berlinguet et du sculpteur Louis Jobin (1845-1928), auteur de la statue Saint Georges au dragon. Serait-ce un avant-gout de paradis… sur terre ?

Édifié de 1900 à 1902, ce temple monumental de style éclectique pourra accueillir 2200 fidèles assis. En 1901, la population georgienne est d’à peine 3200 habitants. A-t-on été influencé par les rumeurs d’un éventuel diocèse en Beauce ?

Le 20 décembre 1882, au curé Louis-Antoine Martel de Saint-Joseph-de-Beauce, le Cardinal Taschereau pécise :« (…), tôt ou tard, avec un évêque dans la Beauce, il faudra un séminaire…» Un peu plus tard, le 25 juin 1889, ce même Cardinal ajoute à la rumeur :« Il faudra songer à l’avenir et disposer le tout de manière que si avant la fin du monde il y a un évêque à Saint-Joseph…» De 1890 à 1892, l’imposant presbytère de Saint-Joseph-de-Beauce aura-t-il été construit à l’image d’un évêché prochain?

Deuil

Le 22 février 1918, Henri-Alfred Dionne décède pendant son mandat de curé à Saint-Georges.

Le Dr Georges Cloutier (1867-1946) est alors directeur de la chorale paroissiale. Le curé Dionne repose dans une crypte sous l’église, du côté de l’épitre, soit du côté de l’autel Notre-Dame-du-Rosaire. Une plaque commémorative le rappelle à la mémoire collective. En 2002, petit clin d’œil patrimonial : fille d’Eugène Nolet (1880-1971), Gemma Nolet (1919-2007) a su conserver le chapeau haut de forme du Curé Dionne.

« L’architecture, la sculpture et la dorure font de l’église de Saint-Georges un des plus beaux monuments religieux du Québec. En 1985, l’inventaire des œuvres d’art et des pièces de mobilier religieux de la Fabrique de Saint-Georges a été fait gratuitement, à mon invitation,  par Guy-André Roy (1946-2012) du Ministère des Affaires culturelles du Québec.

En 1985, la statue équestre de Saint-Georges est transportée à Québec pour rénovation. L’architecture rappelle celle des premières basiliques chrétiennes qui datent des IVe et Ve siècles. »

Coûts et paiements

« Cette œuvre architecturale fut réalisée pour une somme totale de 125 000 $. Les paroissiens verront à l’acquittement entier de cette dette d’honneur dans une courte période de huit ans. » Nos prédécesseurs se sont saignés à blanc pour leur paroisse!

Qu’en coûterait-il aux paroissiens si cette magnifique église était la proie des flammes ? Sans doute est-elle bien protégée par des assurances adéquates. Les grandes orgues Casavant et frères de 1910 (no 408), les biens culturels reconnus, une voûte en arc polygonale, etc.

Enfin, à la sacristie, la 7e photo des curés de Saint-Georges est celle d’Henri-Alfred Dionne… et la première, soit celle du curé fondateur Moïse Fortier (1813-1845) n’est pas la sienne, mais celle d’Ambroise Martial Fafard (1840-1899).

 La clôture, selon un commentateur de l’époque, « n’est pas une protection contre les intrus, mais protège le jardin, le potager, contre les animaux, une protection contre les animaux échappés qui pourraient abîmer un jardin ou un parterre. »

La clôture, selon un commentateur de l’époque, « n’est pas une protection contre les intrus, mais protège le jardin, le potager, contre les animaux, une protection contre les animaux échappés qui pourraient abîmer un jardin ou un parterre. »

Voir ici :

https://beaucemagazine.com/2015/03/09/une-photo-contesteele-cure-moise-fortier-1813-1845/

André Garant

Entre autres, auteur de la monographie À l’ombre du clocher, publiée il y a 30 ans, en 1985, année du 150e anniversaire de l’érection canonique de la paroisse de Saint-Georges.

Également…

Marc-André Rodrigue vous invite à une visite de l’église :

http://www.destinationbeauce.com/fr/fiche/art-culture-et-patrimoine/eglise-de-saint-georges-comite-visit-art/

Visite qui date de 1999, mais toujours actuelle avec Normand Lessard et Guy-Paul Côté : http://www.beauce.tv/regarder.php?vId=5435

Généalogie des Dionne

Antoine (Guyonne dit Sanssoucy) Dionne (vers 1641/24-12-1721)/vers 1660, France/Catherine Ivory. Immigration en Nouvelle-France en 1663. Ils auront 12 enfants. Antoine est inhumé à Saint-Jean, Ile d’Orléans.

Jean Dionne (1670-1752)/2 août 1694, Château-Richer/Charlotte Migneault (1674-1747) (Jean Migneault et Marie-Louise Cloutier).

Enfants : Louis  (1695-1695), Jean-Baptiste (1696-1696), Marie (1697-1766), Jean-Baptiste (1700-1773), Augustin (1702-1790), Joseph (vers 1704-1779), Antoine (1707-1779), Anne (1709-1781).

Jean-Baptiste Dionne (1700-1773)/vers 1726, Kamouraska/Madeleine Michaud (1706-1771) (Pierre Michaud et Madeleine Cadieux)

Alexandre Dionne dit Sansoucy (1736-1807)/19 janv. 1761, Kamouraska/Madeleine Michaud (1742-1795) (Louis Michaud et Geneviève Albert)

Amable Dionne (1781-1852), seigneur de la Pocatière et des Aulnaies, député (1830-1835)/10 juin 1811, Notre-Dame-de-Liesse, Rivière-Ouelle/Catherine Perreault (1787-1875) (Michel Perreault et Angélique D’Amours)

Thomas-Élisée Dionne (1828-1892)/10 nov. 1852/Notre-Dame-du-Rosaire, Saint-Hyacinthe/Clara Têtu (1835-1920) (Jean-François Têtu et Cécile Chabot)

Henri-Alfred Dionne 26 août 1861, Sainte-Anne-de-la-Pocatière/22 février 1918, Saint-Georges, Beauce.

André Garant

Sources :

À l’ombre du clocher, paroisse Saint-Georges-de-Beauce, André Garant, 1985

Ancestry.ca

BMS2000

Dictionnaire biographique du clergé canadien-français, Abbé J.-B.-B. Allaire, Imprimerie de la Tribune, Saint-Hyacinthe, 1908

La Voix des Dionne, L’Ancêtre Antoine Dionne

Les Dionne d’Amérique inc.

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Raymond Vachon

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