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Joseph Bolduc. Tout un personnage !

Par: André Garant

Le sénateur Joseph Bolduc, président du sénat canadien

Le sénateur Joseph Bolduc, président du sénat canadien

Par André Garant

Beauce Magazine est heureux de publier une autre page d’histoire de la Beauce, racontée avec la plume rigoureuse de l’historien André Garant. Une autre de ces pages méconnues de ceux qui, par leurs actions, ont tricoté la Beauce et en ont fait ce qu’elle est. Et plus on découvre son histoire, plus on réalise comment elle est tricotée serrée. On voit aussi quelques mailles manquées ça et là, mais que voulez-vous, l’Histoire est ainsi. Voici donc un épisode dont il pourrait très bien arriver que les protagonistes soient dans votre parenté ou dans vos connaissances. Sénateur Joseph Bolduc ! En scène. 

L’ancêtre Louis Boulduc dit Bolduc est arrivé en Nouvelle-France en 1665. En 2006, les Bolduc occupent le 63e rang parmi les cent noms les plus populaires au Québec. De plus, les Bolduc appartiennent à une famille pionnière de la Nouvelle-Beauce, concédée en 1737. 

Le notaire Joseph Bolduc (1847-1924) de Saint-Victor-de-Tring et Georgiana Mathieu (1855-1929) sont les parents de neuf enfants. Éveline dite Evelyn Bolduc (1888-1939), fille de Joseph et de Georgiana, fut la première traductrice à la Division des débats fédéraux. Une des sœurs d’Éveline, Marie-Louise Bolduc (1880-1955), est l’épouse du Dr Georges Cloutier de Saint-Georges-de-Beauce, parents du Dr Victor Cloutier.

Joseph Bolduc réussit le tour de force de faire bifurquer le réseau ferroviaire via Vallée-Jonction vers la grande région de Saint-Victor-de-Tring… empêchant par le fait même le train de relier enfin Saint-François-de-Beauce à Saint-Georges !

Depuis quelques semaines, Beauce Magazine a publié de courtes biographies d’Éveline Bolduc, de Georges et Victor Cloutier. Voici celle de Joseph Bolduc, 48 ans au service du gouvernement canadien. Résidant de Saint-Victor, la résidence de Joseph Bolduc était située face à l’église. Sa maison, alors occupée par Cléophas Toulouse, fut rasée par la conflagration du 4 juin 1948. Quarante-quatre autres maisons s’avèrent alors des pertes totales.

Il y a 90 ans, ce personnage de la Beauce décédait. Voici une rétrospective historique.

Joseph Bolduc (1847-1924), notaire et politicien. Tout un personnage !

En 1838, Augustin Bolduc, capitaine de milice, maire (1864-1866) et juge de paix, épouse Marie-Louise Rodrigue à Jean-Marie. Ils occupent alors les lots 16 et 17 du rang 3 du canton de Tring. Pour se rendre à Québec, en empruntant des chemins de cabane, six jours étaient nécessaires pour s’y rendre. « Grâce à l’initiative (d’Augustin), la route Lambton fut ouverte de Saint-François-de-Beauce à Saint-Vital, en 1855 (…) Il est considéré comme un des pionniers de Saint-Victor. »

Augustin et Marie-Louise sont les parents de Joseph Bolduc, né à Saint-Victor-de-Tring le 22 juin 1847 et baptisé le même jour à Saint-François-de-Beauce. Le recensement de Saint-Victor montre alors 146 familles et 700 âmes. En 1865, le jeune Joseph devient lieutenant de milice de l’École militaire de Québec. Le 22 mai 1874, Joseph est diplômé en notariat de l’Université Laval. Selon les archives du Parlement canadien, il détiendrait aussi son diplôme d’avocat. Le 12 octobre 1874, à Saint-François-de-Beauce, fils d’Augustin Bolduc à Charles, Joseph Bolduc épouse Georgiana Mathieu (1855-1929), fille de Jean Mathieu et de Naflette Lessard.

Éveline Bolduc, 1re femme traductrice à la Division de débats fédéraux. Photo : gracieuseté, Georges Cloutier.

Éveline Bolduc, 1re femme traductrice à la Division de débats fédéraux. Photo : gracieuseté, Georges Cloutier.

Père de famille 

De 1875 à 1895, le couple, Joseph et Georgiana sont les parents de quatre garçons et de cinq filles. Ainsi, quelques domestiques aident le couple Bolduc-Mathieu : Théodore Boulet (1881), Alexina Bouffard (1891), Mérilda Fluet (1877-1925) recensée en 1901 et Rose-Alma Largila (1911).

  • Auguste, avocat (15 février 1875/25 avril 1906), époux de Laure-Éva Renault (1881-1960), fille de Pierre-Ferdinand Renault (1853-1912) de Beauceville. Elle se remarie à J. Henri Boisvert, veuf d’Évangéline Belleau.
  • Napoléon (4 mars 1878/30 août 1898). Étudiant en philosophie au Collège de Lévis. Mort par noyade au Lac Fortin de Saint-Victor.
  • Marie-Louise (10 mars 1880/4 juin 1955), jumelle de Joseph-Louis, épouse du Dr Georges Cloutier (1867-1946), père du bien connu Dr Victor Cloutier (1901-1984) de Saint-Georges-de-Beauce.
  • Louis (10 mars 1880/26 juillet 1960), jumeau de Marie-Louise et époux d’Odélie Morin (1880-1968). Ils sont les parents de Jean-Louis Bolduc (dit Gros Jos), qui épouse, à Saint-Viateur d’Outremont, à Montréal, le 26 mars 1940, Antoinette Dolbec, fille d’Hector Dolbec et d’Antoinette Racicot. Diane Bolduc, fille de Jean-Louis, est la 2e épouse de Paolo Noël (alias Paul-Émile Noël).
  • Joséphine (22 août 1883/15 février 1889)
  • Marianne (12 mars 1887/8 février 1889)
  • Éveline dite Evelyn (8 juillet 1888/21 décembre 1939), célibataire. Participe à la cueillette de contes pour Marius Barbeau. En 1938, elle écrit Souvenirs beaucerons et la famille Bolduc. Elle est la 1re femme traductrice à la Division de débats fédéraux. Elle décède chez son beau-frère, le Dr Georges Cloutier (1867-1946), à Saint-Georges-de-Beauce. Elle est inhumée à Saint-Victor-de-Tring, en Beauce.
  • Archélas (17 septembre 1892/19 février 1896)
  • Yvonne (15 avril 1895-), épouse de Raymond Gavalda. En 1939, ils habitent Ville-Lovet, France.

Joseph A. Bolduc, notaire, agriculteur et homme d’affaires

Comme on ne compte plus les Joseph Bolduc en Beauce, Joseph ajoutait à l’occasion un A pour désigner son père, Augustin. Joseph Bolduc occupe aussi un poste de directeur de la Société agricole de Beauce. Sa fille Éveline se souvient de son érablière, « une véritable ferme modèle et son exemple servit à un grand nombre de cultivateurs de la région pour l’amélioration de leurs méthodes de culture. » Il sut, paraît-il, faire progresser la terre de son père. En 1884, le notaire Bolduc collabore à la mise sur pied d’une fromagerie à Saint-Victor.

Joseph Bolduc, photo à la mode de l'époque.

Joseph Bolduc, photo à la mode de l’époque.

Joseph Bolduc fut un personnage très dynamique : membre du Canadian Club, président de la Compagnie de Téléphone de Beauce et propriétaire de plusieurs lots dans le canton de Tring et commerçant de bois à l’échelle du Québec. Vers 1888, Bolduc ouvre une carrière commerciale de granit gris à Sainte-Cécile de Whitton. D’ailleurs, il est syndic lors de la reconstruction de l’église de Saint-Victor, brûlée en 1897. Ainsi, le granit gris de sa carrière fera partie de la nouvelle église complétée à la fin de 1899.

En juin 1900, sa fille Marie-Louise y épouse le Dr Georges Cloutier de Saint-Georges-de-Beauce. En 2007 l’église de Saint-Victor est reconnue immeuble patrimonial par le Ministère de la Culture et des Communications du Québec.

Un engagement politique constant  

 De 1874 à 1877, Joseph Bolduc est maire de Saint-Victor-de-Tring. Il semble avoir aussi consacré de son temps au niveau scolaire. Du 10 mars 1875 au 14 mars 1877, il occupe le poste de préfet du comté de Beauce.

De 1867 à 1876, le libéral Christian-Henry Pozer (1835-1884) est alors le député fédéral. Le 18 octobre 1876, candidat conservateur, fils de cultivateur, Joseph Bolduc bat le seigneur William-Henri Brouage Chaussegros de Léry (1851-1914) de Saint-François-de-Beauce. En 1878, il remporte ses élections avec 79.16% des votes. En 1882, toujours conservateur, il défait François-Xavier Lemieux (1851-1933), avocat du chef métis Louis Riel en 1885 et futur juge en chef de la Cour Supérieure du Québec. « La popularité de Bolduc était si grande qu’aux élections de 1882 son adversaire n’a recueilli que deux des voix exprimées dans sa paroisse et les deux paroisses voisines. »

À la même époque, de 1881 à 1891, le Beaucevillois conservateur Jean Blanchet (1843-1908) siège comme député provincial. En 1883, le frère du notaire Joseph Bolduc, Archélas Bolduc, épouse Léopoldine Duplessis à Ottawa et il y occupe un poste d’employé civil.

Le 3 octobre 1884, Joseph Bolduc est nommé sénateur conservateur-nationaliste (et non conservateur-impérialiste) de la division de Lauzon, qui s’étend sur une partie du comté de Lévis et de Beauce-Dorchester.

Le 3 juin 1916, en pleine guerre mondiale, il accède à la présidence du sénat canadien. Joseph Bolduc se retirera de son poste, le 6 février 1922. Mais, auparavant…

Joseph Bolduc, un anti-nationaliste ?

Dans la monographie La Beauce et les Beaucerons, Sylvia Berberi rapporte : « D’après Robert Rumilly, Bolduc n’aime pas les nationalistes et ne s’en cache pas. Farouchement conservateur, Joseph Bolduc soutient parfois son parti contre les Canadiens français. Ainsi, à l’époque de l’affaire Louis Riel, il combat le premier ministre québécois Honoré Mercier.

Plus tard, en 1910, sous le gouvernement Borden, il défend le projet de contribution navale. Bolduc est aussi en faveur de la conscription (de 1917), au sujet de laquelle on peut lire ceci (selon Robert Rumilly) : « Le vote définitif de la conscription déchaîne les éléments violents de la province de Québec. Le sénateur Bolduc fut si malmené à Saint-Victor qu’il quitta la Beauce, son pays natal, pour résider à Ottawa toute l’année.»

D’ailleurs, l’épouse du Dr Henri Lacourcière dit Badouche (1853-1942), mère du réputé ethnologue Luc Lacourcière (1910-1989) de Saint-Victor de Beauce, se souvient : «  Le 31 juillet 1917, avec vingt-neuf voix de majorité, notre sénateur Bolduc a voté à deux mains pour. » Le Bill Borden de la conscription est passé au sénat.

La gare de Beauceville

La gare de Beauceville

Le Quebec Central Railway : vers Mégantic ou Saint-Georges ?

Joseph Bolduc occupa un poste de directeur au sein de l’entreprise ferroviaire Lévis et Kennebec. Plus tard, à titre de membre du conseil d’administration de la Quebec Central Railway, il est l’instigateur de la construction du tronçon de chemin de fer Tring-Jonction-Mégantic, un parcours de 59,2 milles qui relie sa région au reste de la province de Québec et aux États-Unis. Le 29 avril 1967, le dernier train de passagers passera à Vallée-Jonction, en Beauce.

Entre temps, en 1881, via Valley-Junction, le Quebec Central Railway se déroule vers Saint-Frédéric, Tring-Jonction, Saint-Pierre-de-Broughton et vers East-Broughton. Un lien de cent milles Lévis-Thetford-Mines-Sherbrooke est ainsi assuré et mis en service en 1894. Le 6 octobre 1894, à 15 heures, Saint-Victor inaugure sa gare. Naturellement, le train devient un moyen de transport rapide pour son industrie de pierres de granit et pour ses chantiers de bois. Le train fera grand bien au commerce des animaux, du fromage, de la potasse et des produits agricoles. La voie ferrée est sans conteste un atout de développement régional pour tout le monde.

Quant à la rive sud de la rivière Chaudière, le développement de ce tronçon semble moins intéressant. En 1881, le train arrive enfin à Saint-Joseph-de-Beauce. Essoufflé, en 1886, le réseau ferroviaire arrive à Beauceville, métropole beauceronne, de 1875 à 1930. Vingt-et un ans plus tard, soit à l’hiver 1907, le train stoppe à Saint-Georges Station.

***

Né en 1868 à Saint-Éphrem-de Tring, Joseph Garant, journalier pour le chemin de fer Quebec Central, décède accidentellement sous un éboulis de terre, à Saint-François-de-Beauce, le 15 septembre 1884. Il est le fils de Jacques Garant (1832-1906) et d’Apolline Gosselin (1835-1911) de Saint-Éphrem-de-Tring. Ce jeune de16 ans est le frère de mon arrière grand-père, Polycarpe Garant (1859-1925).

“En 1901, le jeune orphelin de dix ans, Gustave Binet (1891-1988) à Pierre de Saint-François-de-Beauce travaille à la construction de la voie ferrée en bas des Rapides du Diable. Il reçoit une piastre pour onze heures par jour. Aussi, vers 1915, le train ralentissait à la hauteur de la Punaise et ramassait avec un crochet la poste attachée dans un sac juché sur un poteau”

***

La saga du train

Devrait-on favoriser la ligne ferroviaire vers Mégantic ou via Saint-Georges vers Moose River, au Maine ? Honorius Provost (1909-1997) ajoute : “Elle aurait rejoint le Pacifique Canadien, en route vers Saint-Jean, Nouveau-Brunswick.” En 1891, le curé de la paroisse Saint-Côme, Joseph-Élie Breton (1850-1919) se rend même en Angleterre à une réunion des actionnaires du Quebec Central. Le gérant du QCR, Frank Grundy, et le sénateur Joseph Bolduc jouent de leur influence.

Le 3 avril 1891, un règlement municipal de Saint-Victor-de-Tring se lit comme suit : « Une somme n’excédant pas treize cents piastres est par le présent, imposée sur tous les biens imposables de ladite municipalité (…) afin d’indemniser les personnes dont les terres sont traversées (…) par la ligne projetée de l’extension du chemin de fer Quebec Central, depuis ou près de la station de Tring jusqu’au lac Mégantic. »

En sourdine, le projet semble bien décidé d’avance. À Saint-Georges-de-Beauce et en région beauceronne, les familles Pozer, Breakey et celle de Michaël Cahill (1827-1892), entre autres, sont encore bien influentes. Malgré la réunion du 22 mai 1891 du Comité des citoyens de Saint-Georges chez le notaire et maire de Saint-Georges d’Aubert-Gallion (1881-1884) Achille-Gaspard Bussières (1832-1892), malgré le voyage à Londres du curé Breton de Saint-Côme, le train passera par la région de Saint-Victor-de-Tring, petite patrie du politicien Joseph Bolduc à Augustin à Charles !

Dès lors, le 26 mai 1891, Mr Westmore, ingénieur civil de la Cie du Quebec Central vient ‘organiser un groupe d’hommes pour commencer les travaux du prolongement du Quebec Central de Tring à Mégantic (…). Les travaux sont commencés et nous aurons notre chemin de fer…’, selon l’historien de la Beauce, l’abbé Honorius Provost, natif de Sainte-Marie.

Le Maine, jamais atteint !

Ainsi, terminée en 1895, avec un subside de 117,000 $ du provincial, la ligne bifurque à Tring-Jonction et passe par Saint-Jules, Saint-Victor-de-Tring, Saint-Éphrem-Station, Saint-Honoré-de-Shenley jusqu’à Mégantic. Saint-Georges attendra !

Une fois rendue à Saint-Georges-de-Beauce en hiver 1907, la voie ferrée n’atteindra pas le Maine. Elle poursuit sa route vers le nord-est, vers Sainte-Justine en 1909, Sainte-Sabine en 1911 et le Lac Frontière en 1915. Plus tard, habitant Saint-Georges-de-Beauce, Joseph Le Boss Gagnon (1862-1942) possède des coupes de bois à Saint-Camille de Bellechasse. Aussi, plus tard, l’influent Édouard le King Lacroix (1889-1963) opèrera des chantiers forestiers dans cette région. La saga des gros chars !

Quant à lui, vers 1915, Joseph Bolduc est le deuxième à Saint-Victor à posséder un engin du diable, un petit char, une automobile.

Un devoir de mémoire

Ouvert en 1882, le bureau de poste de Saint-Martin, en Beauce, est alors nommé Bureau Bolduc. En 1998, un Victorois, Réginald Poulin à Victor, a exprimé le désir d’élever une statue en l’honneur de ce personnage beauceron; qu’en est-il de ce projet ?

Le 17 juin 2009, on honore enfin la mémoire de Joseph Bolduc, en nommant Édifice du Sénateur-Bolduc, le siège social de la MRC Robert-Cliche, sise à Beauceville, au 111A de la 107e rue.

On se rappelle de la fille du sénateur Bolduc, Éveline Bolduc, première femme traductrice de la Division des débats fédéraux canadiens.

André Garant

Sources :

Ancestry.ca

Archives nationales du Québec, photo Joseph Bolduc (03Q_P560S2D1P0743.jpg)

Archives personnelles

BMS2000

Centenaire de Saint-Victor de Beauce, 1952

Chaudière-Kennebec, grand chemin séculaire, Honorius Provost, 1974, 415 pages

Désir de se raconter, Louise Sénécal et Lorraine Poulin-Fluet, Édition de la Société du patrimoine de Saint-Victor-de-Beauce, 1999, 679 pages.

Histoire de Beauce-Etchemin-Amiante, Serge Courville, Pierre C. Poulin, Barry Rodrigue et al., 2003, 1051 pages.

La vallée de la Chaudière, géographie et histoire, Honorius Provost , 1970, 134 pages

Parlement du Canada, Historique des élections

Souvenirs beaucerons de la famille Bolduc, Évelyn Bolduc, 1938

http://www.enbeauce.com/actualites/politique/13576/la-mrc-robert-cliche-rend-hommage-au-senateur-joseph-a-bolduc

http://www.patrimoine-beauceville.ca/le-terminus-ferroviaire-a-beauceville-1886-1907 

http://www.beauce.tv/regarder.php?vId=1522 

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