La discrète rivière Beaurivage
Par: Rolland Bouffard, collaboration spéciale
Le bassin versant de la rivière Chaudière sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent draine une grande région d’environ 6 682 km2. La rivière prend sa source dans le lac Mégantic et coule sur 185 km vers le nord pour se jeter dans le fleuve Saint-Laurent à Lévis. Les principaux tributaires de la rivière sont les rivières du Loup, la Famine, Bras Saint-Victor et la Beaurivage.
À eux seuls, ces quatre tributaires drainent près de la moitié de la superficie totale du bassin versant, soit 46 %. C’est la Beaurivage que Rolland Bouffard a presque « marché », et qu’il nous présente en texte et en photos. Il est intéressant d’identifier une sorte de trame présente dans les photos. En effet, on ne peut que constater que des sites semblables se retrouvent dans les quatre tributaires, confirmant une sorte d’unité régionale.
D’autres superbes photos pourraient être prises sur les trois autres. Les méandres du Bras, les chutes de la Famine ainsi que celles de la rivière du Loup valent le voyage, surtout en automne.
Mentionnons en passant que le bassin de la Chaudière compte 236 lacs qui couvrent une superficie de 62,2 km2 et que la majorité des principaux lacs sont situés en amont de Saint-Georges, dans la partie supérieure du bassin.
Petit trésor liquide révélé
La rivière Beaurivage discrète et modeste, serpente les érablières, les terres à bois et les fermes, ente les comtés de Beauce et de Lotbinière.
Elle prend sa source au Lac Beaurivage à Saint-Séverin, à une altitude de 534 mètres (1752 pieds) sous la forme d’un ruisseau, cachée dans les hautes herbes et les quenouilles.
Alimentée par plusieurs affluents provenant du mont Sainte-Marguerite, la Rivière Beaurivage s’impose rapidement en largeur et en débit, contournant le pied des montagnes avant d’arriver aux plaines agricoles de Saint-Elzéar.
La rivière naissante croise la première route sous le pont du rang Sainte-Marguerite qui relie Saint-Séverin au mont Radar de Saint-Sylvestre.

Le passage de l’ouragan Irène à la fin d’août 2011 a modifié le lit de la rivière, le rongeant jusqu’au roc dans les rapides et le déplaçant même à certains endroits.
À la limite de la ferme Berthiaume, Marcoux du rang Sainte-Anne, la rivière a dû trancher une crête de roc gris des Appalaches, sur une hauteur de plus de 80 pieds, créant un étroit chenal, ce qui provoque un effet de venturi qui accélère le passage de l’eau, polissant les rochers cachés sous une abondante végétation forestière, rendant le canyon presque invisible.
Tantôt calme, tantôt agitée, la rivière alimente des moulins et des villages, notamment Saint-Patrice, Saint-Gilles, Saint-Étienne et finalement Saint-Rédempteur où elle rejoint la Rivière Chaudière, dans le dernier S avant les chutes de Charny, à une altitude de 60 mètres (197 pieds) au-dessus du niveau de la mer.
Histoire
La rivière est explorée à la foi par les Britanniques et les Français. Par exemple le long de son parcours, le nom des routes rappelle les origines. Alors que, sur sa rive à bâbord, elle longe le chemin Craig, à tribord, elle frôle le chemin de l’Embarras !
Le chemin Craig est cette route commandée par le gouverneur James Henry Craig au début des années 1800, qui devait relier la ville de Québec et Boston pour favoriser le développement des Cantons de l’Est.
La rivière Beaurivage a aussi connu ses moments de fréquentation lors de chauds après-midi d’été. C’était de pratique courante pour les gens de Sainte-Marie de se rendre dans le rang Fermanagh à Saint-Elzéar, pour la baignade dans un lac artificiel créé par un barrage d’une quarantaine de pieds de haut, aujourd’hui démantelé, érigé pour alimenter un moulin aux pieds des rapides du mont Sainte-Marguerite. On raconte que certains baigneurs y découvraient des moments de plaisir intense, oubliant même sur place, quelques pièces de vêtement.
À l’embouchure, au printemps, alors que bien souvent la rivière Chaudière est encore couverte de glace, il se crée un bouchon. Les glaces de la rivière Beaurivage, plus précoces, poussées par l’eau des rapides s’accumulent sur une hauteur d’une quarantaine de pieds, supportées par le niveau de l’eau de la rivière.

À l’embouchure de la rivière, près du viaduc de l’autoroute 73, avant de la sortie de Saint-Jean-Chrysostôme.
Quand la rivière Chaudière se libère de ses glaces, le niveau de l’eau de la Rivière Beaurivage baisse à son tour et les glaces accumulées, coincées entre les falaises de roc, peuvent tenir en suspend plusieurs heures jusqu’au moment de céder dans un bruit infernal et se retrouver au fond de la rivière provoquant parfois des inondations sur les terrains voisins.
On peut trouver un document: État de l’écosystème aquatique — Bassin versant de la rivière Chaudière à l’adresse suivante. Une mine d’informations sur la qualité de l’eau, etc., en plus de citer, à la fin, des sources nombreuses et éclairantes.
http://www.mddep.gouv.qc.ca/eau/bassinversant/bassins/chaudiere/FS-Chaudiere.pdf